Le jour de l’interview, j’arrive chez Claudia avec 5 minutes d’avance. Que faire? Sonner ou attendre qu’il soit l’heure juste? Je me doute que les changements de programme ne doivent pas vraiment être son truc. Du coup, j’attends qu’il soit midi moins une pour me manifester. Une fois chez elle, deuxième problème. Je ne sais pas où je dois déposer mes affaires. Claudia est hyper-pointilleuse et je ne voudrais pas la perturber. C’est elle qui me rassure en m’indiquant un fauteuil sur lequel je peux jeter mon manteau. Storm, son petit garçon, vient d’entrer dans la pièce. Il grignote un biscuit en laissant tomber plein de miettes sur le sol. Avant, le besoin de perfection de Claudia ne lui aurait certainement pas permis de relativiser face à ce type de situations.
Claudia “Tout le monde a au moins une petite manie: écrire toutes ses lettres de candidature avec le même stylo ou ranger ses vêtements par couleur dans l’armoire. Tant que ces habitudes ne sont pas poussées à l’extrême, aucun souci. Dans mon cas, elles prenaient toute la place. Si le moindre imprévu venait bouleverser l’ordre de ma journée, c’était le drame absolu. Je vivais en permanence dans l’angoisse. Les règles que j’avais établies n’avaient qu’un seul but: compenser mon manque de confiance en moi. Je devais rester maître de la situation en toutes circonstances...
Tout a commencé pendant mes études secondaires. Je me sentais obligée de vérifier sans cesse si j’avais bien tous mes cours avec moi. Je mettais tellement de temps à prendre des notes pour que ce soit tip-top qu’il ne m’en restait plus pour les mémoriser. Quand mes copines et moi nous donnions rendez-vous pour aller à l’école ensemble, je ne supportais pas qu’elles soient une minute en retard. Le moindre changement de planning provoquait chez moi une peur panique. Pendant les examens, mon besoin de perfection me causait aussi beaucoup de problèmes: sur quatre questions, j’arrivais souvent à peine au bout de la première. Je me mettais moi-même la pression et m’interdisais de passer à la question suivante tant que je n’avais pas résolu parfaitement la première. Pour les profs, je ne maîtrisais pas la matière. Tout le monde pensait que je n’avais pas le niveau nécessaire.
Découvrez le témoignage de Claudia dans votre Flair du 16 mars 2011.