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Philophobie - Getty
Philophobie - Getty

La philophobie, ou lorsque tomber amoureux devient une véritable peur

Manon de Meersman

Si certaines personnes ont peur des océans ou encore des araignées, d’autres redoutent purement et simplement l’amour. C’est ce qu’on appelle la philophobie, soit la peur de tomber amoureux·se. Mais au-delà de ça, il s’agit surtout et avant tout d’un trouble anxieux lié à la peur de l’engagement et aux sentiments amoureux.

La philophobie désigne ni plus ni moins la peur panique d’éprouver de l’amour à l’égard d’une personne, et plus généralement, la crainte profondément marquée de s’engager dans une relation sentimentale. “À mes 15 ans, je me suis mis en couple avec mon premier amour, nous raconte Julien. J’en étais bleu. Je ne me voyais pas vivre sans cette personne. Mais 5 ans plus tard, nous avons rompu. Aujourd’hui, j’ai 28 ans. Cela fait 8 ans que je suis célibataire et je ne parviens toujours pas à me lancer dans une nouvelle relation.”

Une peur qui naît de traumatismes

Comme de nombreuses peurs, la philophobie trouve ses racines dans des évènements traumatiques qui nous ont marqués. “J’ai été tellement triste lorsque cette relation s’est finie, explique Julien. Pendant des mois, j’avais des idées noires. Je ne faisais que penser à elle, j’étais malheureux comme les pierres. Plus le temps passait, plus je redoutais d’aimer à nouveau. J’ai bien essayé, au bout d’un an de célibat, de rencontrer à nouveau du monde, mais dès que je sentais que la personne s’attachait, je fuyais. Pour moi, c’était inconcevable que l’on m’aime à nouveau. Il y a un an, j’ai rencontré une nana géniale. Vraiment. Elle avait tout pour elle: intelligente, belle, réfléchie, cultivée, indépendante... On a commencé à vivre un bout d’histoire ensemble, mais plus on avançait, plus je sentais qu’elle s’attachait et qu’elle développait des sentiments. Lorsque j’en ai parlé à ma psy, elle m’a dit: ‘Vous a-t-elle dit clairement qu’elle vous aimait?’, ce à quoi j’ai répondu par la négative. ‘Alors, cessez d’essayer de vous mettre dans sa tête. Ancrez-vous dans le présent et vivez ce que vous avez à vivre avec. Profitez des bienfaits de cette relation, et concentrez-vous sur le positif’ a-t-elle alors conclu. En sortant de son cabinet, je me sentais remonté à bloc, prêt à vivre ce que j’avais à vivre avec cette fille. Mais à peine l’ai-je revu que j’ai ressenti cette boule dans mon ventre. La simple idée de repasser du temps avec elle me filait la nausée, j’avais envie de m’enfouir en courant, même si j’appréciais terriblement sa compagnie. J’ai fini par couper la relation avec elle, du jour au lendemain, en lui expliquant que je n’étais pas prêt, tout simplement. Je lui ai brisé le coeur, mais j’étais de nouveau en phase avec moi-même.”

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La philophobie peut, en effet, comme dans le cas de Julien, se traduire sous forme de crises de panique et d’anxiété. Les mains moites, la boule au ventre, la gorge qui se serre, le rythme cardiaque qui s’accélère, l’impression d’être coincé·e... Autant de signes qui montrent un inconfort vis-à-vis des sentiments qui pourraient être éprouvés à l’égard de quelqu’un. Mais la philophobie peut également présenter d’autres symptômes tels qu’une incapacité à s’ouvrir à la personne en question, ou même à ses proches, ou encore l’instauration d’une distance avec son entourage pour éviter de parler d’amour, de sentiments et tutti quanti.

À partir du moment où l’on souffre de philophobie, on va alors mettre en place une série de mécanismes pour s’empêcher de tomber amoureux·se. “Les personnes souffrant de cette peur vont s’obstiner à chercher le moindre petit défaut chez leur partenaire, précise le site spécialisé en psychologie Psychologue.net. C’est un mécanisme de défense très commun chez ces personnes, qui vont utiliser ces soi-disant défauts par la suite pour se justifier de ne pas aller plus loin dans la relation et de s’en arrêter là.”

D’autres vont avoir tendance à aller vers des personnes avec qui elles n’ont aucune chance pour ne pas avoir à faire face à leur peur de l’intimité. Elles vont ainsi se persuader du fait qu’elles peuvent aimer véritablement, mais que si ça n’a pas marché avec cette personne, c’est simplement que cet amour était impossible.

rajoute le site web. “Une autre parade consiste à provoquer des disputes pour mener l’autre personne à mettre fin à la relation. Les conflits sont alors très souvent liés à de la jalousie... Pourquoi ? Car ces personnes vont utiliser pour excuse que leur partenaire les quitte pour quelqu’un d’autre. À noter que la fuite est très courante chez les personnes souffrant de philophobie” conclut à ce propos Psychologue.net.

Des solutions pour se défaire de la philophobie

La philophobie mène la vie dure à celles et ceux qui en souffrent. “Pendant des années, je me suis dit: ‘Julien, c’est juste que t’es pas prêt à aimer à nouveau’, mais cette histoire avec cette fille dernièrement m’a fait prendre conscience que c’était bien plus que ça. J’ai foncièrement peur d’être aimé en réalité. Et l’admettre m’a pris des années au final. Aujourd’hui, je ne sais pas vraiment comment m’en sortir vis-à-vis de cette peur. Je n’ai pas clés pour dépasser ça. J’y travaille avec ma psy, maintenant qu’on a compris tout ça, mais il y a tellement de blessures à traiter, tellement de peurs à surmonter...”

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La philophobie demande de l’attention et ne peut être passée sous silence lorsqu’on en souffre. Véritable trouble anxieux, il est cependant possible de le traiter et de ne pas le laisser prendre possession de notre quotidien. Selon Psychologue.net, plusieurs solutions existent pour s’en défaire.

Suivre une thérapie cognitive

C’est l’option choisie par Julien. La thérapie cognitive permet de poser des mots sur ce dont on souffre réellement et dans ce cas-ci, de mettre en exergue le processus mental instaurant la peur en question. Le·la thérapeute accompagne la personne souffrant de philophobie pour comprendre ce qui la pousse à se couper de manière si vive avec les sentiments de manière générale. Le·la psychologue propose alors des pistes pour adopter un nouveau schéma mental et s’éloigner au fur et à mesure de la philophobie.

S’engager dans une thérapie de désensibilisation affective

On met la personne face à ses craintes pour soigner directement la peur. En l’occurence, dans ce cas-ci, la personne se retrouve nez à nez avec la philophobie. Certaines situations précises sont recréées pour amener à la désensibilisation. “La technologie est parfois utilisée pour simuler des interactions, cela permet de préparer le patient à des situations qui peuvent arriver dans la vie réelle” précise Psychologue.net.

Passer par l’hypnose

L’hypnose se présente de plus en plus comme une option intéressante pour traiter de nombreux maux, y compris la philophobie.


Vous vous reconnaissez dans le témoignage de Julien ou dans ces quelques lignes? N’hésitez pas à en parler autour de vous et à vous entourer de professionnel·les. Votre bonheur prime avant tout et votre bien-être mental est tout aussi important que votre santé physique.

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