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Témoignages: ““J’ai avorté et je ne regrette pas””

Amandine de Harlez
Se faire avorter est toujours difficile. Pour Laure, 29 ans, et Julie, 32 ans, c'était le choix qui s'imposait. Aujourd’hui, elles n'éprouvent ni culpabilité, ni remords.

Laure, 29 ans, a pris la pilule abortive la semaine où elle a emménagé avec son amoureux

"Je prenais la pillule depuis longtemps, puis un jour je me suis dit ‘Pourquoi toutes ces hormones quand on n’est fertile que quelques jours par mois?. Donc naïvement, j’ai arrêté mais je n’ai pas mis mon amoureux au courant de cette décision.

Quand, deux semaines plus tard, je n'ai pas eu mes règles, je ne me suis pas inquiétée: j'avais lu que certaines femmes avaient des cycles très irréguliers lorsqu’elles arrêtaient la pilule.

 

Lorsque j'ai fait un test de grossesse et que j'ai découvert le résultat, mon cœur s’est mis à battre plus vite. Lorsque j'en ai parlé à Julien, nous étions sur la même longueur d’ondes. Nous n'étions pas prêts à être parents. J’ai pu choisir la pilule abortive que l’on peut prendre jusqu’à maximum neuf semaines de grossesse. Après un entretien dans un centre de planning, j’ai dû respecter la période d’attente légale de six jours. Julien et moi n’avons jamais changé d’avis.

 

Deux jours après avoir pris cette pillule abortive, j’ai dû prendre d’autres médicaments, par voie vaginale cette fois. Leur but est de provoquer des contractions de l’utérus.

Après quelques heures, j'ai eu beaucoup de crampes. Et tout à coup, j’ai eu l’impression que mon corps voulait expulser quelque chose.

Je suis allée aux toilettes et j’ai fait une fausse couche. Psychologiquement, ça n'a pas été facile. Mais je ne regrette rien. Avoir un enfant actuellement n’est pas dans mes projets ni dans ceux de Julien. Si j’ai un enfant un jour, je veux être une maman disponible et pouvoir m’en occuper.”

 

 

 

 

Julie, 32 ans, est au chômage et a interrompu sa grossesse par curetage

"Depuis queltes temps, je voyais Sam, un homme de 38 ans que j'avais rencontré sur internet. Même si ça collait entre nous, il m’a dit qu’il avait trop peur de s’engager. Mais moi, j'avais des sentiments pour lui. Comme nous désirions tous les deux des choses différentes, j’ai décidé de rompre avec lui.

 

Peu de temps après, je suis partie quinze jours en vacances avec un groupe, sous les tropiques. J’ai commencé à avoir des nausées, j’ai tout de suite pensé que j’étais peut-être enceinte... Sam et moi n’avions en effet jamais utilisé de moyen contraceptif:

je m’étais fiée aveuglément à une application qui me permettait de surveiller mon cycle. Une erreur vraiment stupide

J'ai acheté deux tests de grossesse, tous les deux tests étaient positifs. J’ai immédiatement envoyé un message à Sam pour l'informer de la situation et de mon désir d'avorter. À ma grande surprise, il s’est montré très compréhensif. 'Ne t’inquiète pas, a-t-il répondu. Appelle-moi dès que tu rentres.' Lorsque j'ai essayé de le contacter à mon retour, il a mis plusieurs jours à ma rappeler. Le ton de sa voix a confirmé mes craintes:

'Quoi que tu fasses, débrouille-toi. Je ne veux rien avoir à faire avec ça', m’a-t-il dit méchamment.

 

Selon le nombre de semaines, une grossesse peut être interrompue de deux façons: soit par l’absorption d’une pilule abortive, soit par curetage. J'ai choisi la deuxième option. Au moment de l'intervention, j’étais enceinte de six semaines. Des doutes, je n’en ai jamais eu et aujourd'hui encore je ne regrette pas d’avoir fait ce choix.

 

Sam m'a finalement envoyé un message pour me demander comment l'avortement s’était passé. 'C’est fait', lui ai-je répondu. Et je l’ai banni à jamais de ma vie. Je n’éprouve pas de sentiment de culpabilité parce que je sais que l'alternative aurait été pire. Mais croyez-le ou non, mon plus grand rêve est de fonder une famille avec deux enfants, mais uniquement dans de bonnes conditions..."

 

 

Une différence entre 'regrets' et 'sentiment de vide ou de deuil' explique Jo Vandamme, psychologue clinicienne.

"La plupart des femmes connaissent une sorte de soulagement après un avortement, mais cela ne veut pas dire qu'elles ne peuvent pas éprouver de la douleur en même temps. Ces sentiments négatifs peuvent parfois prendre le dessus, mais ils n’ont rien à voir avec des regrets ou des doutes.

 

Beaucoup de femmes sont sûres de leur décision, à la fois avant et après leur avortement. Celles qui le vivent le plus mal sont souvent des femmes vulnérables qui ont reçu peu de soutien de leur environnement ou qui sont enfermées dans une relation violente. Ou encore des femmes dont la grossesse avait été initialement prévue et qui doivent y mettre fin contre leur gré. Beaucoup le vivent comme une étape difficile, mais qu'elles arrivent à surmonter."

 

 

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