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Témoignage: ““Je suis maman célibataire sous le seuil de pauvreté””

Barbara Wesoly
Ce 17 octobre se déroule la Journée mondiale de lutte contre la pauvreté. Une réalité douloureuse qui touche de très nombreuses mères de famille monoparentales et transforme leur quotidien en épreuve. C'est le cas de Justine, 25 ans, maman de deux enfants de 2 et 5 ans.

“Je vivais heureuse avec le père de mon petit garçon. Mais je l’ai  quitté sur un coup de tête, charmée par un beau parleur dont je suis vite tombée enceinte. Il a commencé à être violent avec moi et je me suis réfugiée dans une maison maternelle à Namur, de décembre 2014 à mai 2015. Puis j’ai emménagé dans cet appartement avec ma petite fille, Elaura. Vu que je n’ai pas d’argent, j’ai dû me résoudre à laisser mon fils à son père. Je lui ai expliqué, je l’ai rassuré et je lui répète tout le temps que je l’aime. Il vient ici trois week-ends par mois. Quand il est là, je lui laisse mon lit, dans la chambre que je partage avec ma fille, et je dors dans le canapé-lit du salon. Je suis au chômage depuis quatre ans et en médiation de dettes, pour des dettes que mon ex a souscrites en usurpant mon identité... Je dois me débrouiller avec le minimum.
 

Bien entourée

Je suis devenue la reine du système D. J’achète en seconde main ou en brocantes, parfois j’achète des vêtements neufs à mes enfants, mais je fais très attention. Pour la nourriture, je passe par le service d’accompagnement de la Maison maternelle qui me donne des colis alimentaires, tous les mercredis. Il s’agit d’invendus de grandes surfaces. Ça nous permet parfois de découvrir des produits qu’on ne connaissait pas, car ils sont trop chers dans le commerce. Je ne peux jamais faire de sortie, aller au cinéma, boire un verre, mais j’ai la chance d’avoir la marraine de ma fille et une amie très proche – ma ‘bonne fée’ – qui ne m’ont jamais laissé tomber. Parfois, elles débarquent chez moi avec tout ce qu’il faut pour dîner et passer une bonne soirée, elles sont géniales! Je participe aussi aux activités organisées par la maison maternelle, où des bénévoles organisent des ateliers, des sorties.
 

Optimiste, malgré tout

Je suis dans une situation difficile, mais je reste optimiste et j’espère trouver un travail l’an prochain. Même si mes chances sont minces, car je n’ai pas mon diplôme de secondaires, ni de voiture, ni personne pour m’aider à garder Elaura. Je cherche tous azimuts. En attendant, j’essaie d’aider ceux qui sont dans le besoin. Quand les vêtements des enfants sont trop petits, je les donne à des personnes que ça peut dépanner. Idem pour les jouets, le matériel de puériculture... J’ai aussi recueilli une jeune femme qui s’est retrouvée à la rue et enceinte. Elle a vécu chez nous quelques semaines, avant d’aller dansune maison maternelle.
 

Rester solidaire

Ma mentalité, c’est ‘Aide les autres comme tu aimerais qu’ils t’aident’. Je suis à l’affût de tous les bons plans. Je me suis inscrite à des groupes d’entraide sur Facebook, comme ‘Une aide gratuite...’. C’est ainsi que j’ai trouvé une dame qui va m’apporter de boules de Noël car je n’en ai pas. On trouve de tout sur ce groupe! Des meubles, des vêtements, des jouets...

Le matin, même si je suis dans la galère, j’ai la joie car ma petite fille se réveille avec le sourire.

Un jour, le doudou d’Elaura s’est décomposé, eh bien une dame est venue chez moi pour le recoudre. On est devenues copines Facebook. On critique souvent les réseaux sociaux, mais ils peuvent parfois être bien utiles. Elaura, c’est un amour, elle est souriante, pétillante, gentille... Le matin, même si je suis dans la galère, j’ai la joie car ma petite fille se réveille avec le sourire. Ce sont mes enfants qui me font tenir. Mon rêve, c’est de pouvoir offrir à mes enfants une vie meilleure, les emmener en vacances et surtout, leur faire connaître les Noëls que moi, j’ai connus, avec un sapin qui déborde de cadeaux et un repas gargantuesque!”

 

Des statistiques qui interpellent

En 2015, en Belgique, 1.650.000 personnes vivaient sous le seuil de pauvreté, soit 15,1 % de la population. Un chiffre qui montait à 30% pour les enfants de 0 à 6 ans, soit 80.000 dans notre pays et est en constante augmentation. Une réalité choquante mais pas immuable. Pour nous permettre à tous d'être solidaires, le Guide des Dons et Legs propose une liste de 16 associations de Lutte contre la pauvreté.

 

 

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