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Une maison d’édition a décidé de remettre à la page les écrivaines oubliées

Kathleen Wuyard

Avez-vous déjà entendu parler de Judith Gautier ou Renée Vivien? Nous non plus, à vrai dire, et c’est logique puisque ces écrivaines, pourtant célébrées à l’époque, n’ont plus été rééditées depuis de longues années. Un “oubli” que Laurence Faron compte bien réparer.


Fondatrice des éditions jeunesse Talents hauts, elle a décidé de lancer une collection à destination des adolescents, « Les Plumées », qui remet à l’honneur des autrices oubliées. L’occasion pour elle de découvrir des centaines de textes, datant du Moyen Age au XXsiècle, dont certains n’ont pas été réédités depuis plusieurs décennies.

Au vu des textes patrimoniaux et des programmes scolaires, dans lesquels figurent peu de femmes, on pourrait penser que celles-ci ont moins tenu la plume que les hommes. Mais on se rend vite compte que, comme dans d’autres domaines, les femmes ont été invisibilisées, copiées, spoliées par le patriarcat.


Une page qui s’avère difficile à tourner: quand, à l’automne 2018, le critique littéraire Eric Dussert publie “Une forêt cachée”, qui met en lumière 150 auteurs oubliés, seuls 17 d’entre eux sont des femmes. Un oubli entretemps réparé avec la publication de “Cachées par la forêt”, consacré cette fois uniquement aux écrivaines et rassemblant les portraits de 130 d’entre elles. Reste que celles qui manient la plume ont souvent été “plumées”, alors même qu’elles avaient parfois bénéficié d’un joli succès de leur vivant.

Rétablir le matrimoine


C’est notamment le cas de Judith Gautier, auteure en 1882 du roman “Isoline” et première femme membre de l’académie Goncourt. Mais aussi de Marguerite Audoux, première femme à avoir reçu le prix Femina en 1910 pour son roman “Marie Claire”, ou encore Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, dont l’oeuvre a servi d’inspiration à Disney pour “La Belle et la Bête”. Non contente de tourner la page du sexisme dans la littérature, Laurence Faron veut aussi offrir d’autres héroïnes aux jeunes lectrices, ainsi qu’elle l’a confié à nos confrères du Monde.

Le féminisme commence à être à la mode, y compris dans la littérature jeunesse, mais l’on revoit souvent les mêmes parcours des mêmes femmes que l’on dit “inspirantes”, à l’image de Marie Curie ou de Frida Kahlo.


Et de souligner que “la littérature est pleine de garçons ordinaires héros de romans d’aventures, chez les filles (...) il y a peu de modèles de filles ordinaires”. Des filles ordinaires qui se sont rédigées un destin extraordinaire: c’est aussi un peu le parcours de Laurence Faron, et ce sont des histoires inspirantes à découvrir avec “Les Plumées”, tout en rétablissant le matrimoine au passage. D’autant qu’il n’y a nul besoin d’être adolescente pour apprécier les histoires d’amour contrariées de “L’aimée” ou se passionner pour la difficile relation père-fille au coeur d'”Isoline”.

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