Romani Design, la maison de couture Rom qui détricote les a priori négatifs
Le mot “Rom”, ça vous évoque quoi, du positif, ou des clichés négatifs? Rejetés, discriminés, chassés, les Roms ont mauvaise presse, mais Erika Varga compte bien y remédier avec sa maison de couture, Romani Design.
Née en Hongrie, la créatrice de mode Erika Varga est d’origine Rom. Comme elle, ils seraient une douzaine de millions en Europe à être Roms, Tziganes, Bohèmes ou Gitans selon les différentes appellations qui leur sont données.
Leur point commun? Qu’on les appelle Manouches ou Romanichels, ces populations originaires du sous-continent indien sont la cible de préjugés et discriminations en tous genres, ainsi que le dénonce Jonathan Lee, le porte-parole du Centre européen des droits des Roms.
Le discours anti-Rom s’est toujours traduit par des succès électoraux. Si on regarde des pays comme l’Italie, Matteo Salvini parle de nettoyer les rues de tous les Roms (...) Récemment, j’ai appris qu’en Bulgarie, un projet de loi propose de rendre l’avortement gratuit pour les femmes roms, dans une tentative de réduction de [cette] population”.
Nous sommes en 2019, plus de 70 ans après le massacre des Roms aux côtés des Juifs par les Nazis, et pourtant, ce genre de mesures nauséabondes sont encore envisagées. Il y a quelques semaines, un camp de Roms installés en région parisienne a été visé par une expédition punitive, après des rumeurs d’enlèvements d’enfants, sur les réseaux sociaux. Des rumeurs totalement infondées, qui jouent sur la méconnaissance des Roms, et la méfiance qu’ils suscitent. La solution trouvée par Erika Varga? Détricoter les préjugés et effilocher les clichés un vêtement à la fois.
Fleuries et rehaussées de couleurs vives, les créations de cette ancienne bijoutière se vendent parfois jusqu’à 1000 euros pièce et célèbrent son héritage Rom, tant dans le choix des coupes que des motifs. Une jolie manière pour elle de détricoter les préjugés puisque ses vêtements se vendent aux quatre coins de la planète, et sont portés par des modeuses de toutes origines, qu’elles soient Roms, Asiatiques ou Caucasiennes.
La plupart du temps, les Roms sont présentés de manière péjorative dans les médias. Au point que beaucoup se détournent de leur propre culture. C’est pourquoi il faut des exemples positifs, pas seulement pour la majorité de la population, mais aussi pour les Roms eux-mêmes.
Et pour tordre encore un peu plus le cou à la discrimination sous toutes ses formes, Erika Varga n’a pas hésité à choisir pour égérie Adel Odoni, première femme transgenre à faire la Une d’un magazine de mode en Hongrie. “J’aime travailler avec des femmes non-conformistes, qui ont traversé des épreuves au cours de leur vie” a confié Erika. Et nous, on aime sa façon de penser, résolument moderne et donc forcément tendance.
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