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© Maadhuri.G via Pexels

Mohair, daim, soie... Comment sont fabriqués les tissus précieux de nos vêtements?

Barbara Wesoly

On les porte avec émerveillement et un brin de déférence, un peu en raison de leur prix mais surtout parce que leur beauté rime souvent avec fragilité et rareté. Les tissus précieux de nos vêtements font grimper leur coût en même temps que leur qualité. Mais, si l’on sait que le mohair ou le cachemire sont plus rares et plus chers que le coton ou le polyester, on ne connaît pas forcément leur origine pour autant.


La qualité d’un vêtement tient en deux mots: coupe et matière. Deux qualificatifs qui amènent certaines pièces à voir leur prix s’envoler. À cela bien-sûr s’ajoutent d’autres critères, tels que la durabilité, le savoir-faire, l’origine des tissus et leur fabrication. Dans le domaine de ces derniers, on distingue deux catégories: les fibres naturelles et les fibres chimiques, les premières étant considérées comme nobles. Histoire de mieux connaître ces matières précieuses, de percevoir le travail qu’elles représentent et hélas encore trop souvent les conditions animales désastreuses dans lesquels elles sont produites, on passe leur confection à la loupe, tout comme leurs origines.

Mohair


Cette fibre laineuse est reconnue pour sa douceur, sa légèreté et sa chaleur. Elle provient de la toison des chèvres angora. Celles-ci sont tondues pour l’obtenir, au contraire des lapins angora que l’on tue pour avoir la laine angora. Si les chèvres angora étaient au départ originaire de la région d’Ankara, en Turquie (leur ayant donné leur nom), c’est désormais l’Afrique du Sud qui est le principal producteur de mohair. Et sa conception est un exemple de cruauté animale, dénoncée notamment par PETA. En effet, la tonte se déroule deux fois par an et commence généralement vers les six mois des chèvres. Mais dès leurs premières semaines, celles-ci sont brutalement décornées ce qui provoque d’intenses douleurs. Ensuite, lors de la tonte même, les animaux sont attachés et l’utilisation de cisailles laisse fréquemment des plaies ouvertes pouvant être mortelles. Ils sont ensuite abattus dès qu’ils cessent d’être nécessaires à l’industrie textile. Sachant qu’il n’existe pas d’alternative végétale, il faut d’autant plus se méfier du greenwashing et des marques qui affirment être respectueuses de l’environnement, voyant si elles veillent à s’adresser à des élevages prenant soin des animaux ou seulement à assurer une conception durable dans leurs ateliers.

Lin


Le lin est considéré comme une matière noble et raffinée et est particulièrement plébiscité pour sa résistance. Cette plante fut l’une des premières espèces végétales à être cultivée en Asie du Sud-Ouest, aussi bien pour ses graines que pour ses fibres textiles. Il s’obtient par macération des tiges, qui sont ensuite broyées, raclées puis peignées avant d’être tissées en une toile. 80% de sa production provient aujourd’hui de Normandie, en France, reconnue mondialement pour la qualité de ses étoffes. Après être tombé en désuétude, le lin s’offre ces dernières années un retour en grâce. D’abord car il n’entraîne aucune souffrance animale et ensuite pour sa beauté brut et sa simplicité aérienne. Il a également l’avantage de présenter des propriétés anti-allergiques et anti-bactériennes.

Soie


Cette matière délicate est principalement issue du cocon fabriqué par la chenille bombyx, aussi appelée ver à soie. Aussi rare que magnifique, la soie est synonyme de luxe et son histoire s’apparente à une légende pour enfants. Celle-ci aurait en effet été découverte plus de 2000 avant avant J-C, par une princesse chinoise, ayant vu un cocon de ver à soie atterrir dans sa tasse de thé. En essayant de retirer celui-ci, elle se serait alors retrouvée avec un fil de soie entre les mains. La production de soie se réalise dans une cinquantaine de pays, même si la Chine et l’Inde en demeurent les principaux fabricants. Elle est obtenue par sériciculture, autrement dit élevage de vers à soie.  8 à 10 jours après la fabrication du cocon, on pratique le décoconnage, c’est à dire l’enlèvement et le tri de ceux-ci en tuant la chrysalide. Les cocons vidés passent alors à l’étouffage, dans des étuves à 70 à 80 °C avant d’être trempés dans l’eau bouillante. Chaque cocon ne contient qu’un seul fil. Un kilo de soie nécessite ainsi huit à dix kilos de cocons.

Daim


Le suède ou daim est un type de cuir à finition douce. Le daim se compose de deux types de cuir: le nubuck et le cuir velours. Le premier provient de la face extérieure de la peau et le seconde de la face intérieure (on l’appelle également cuir retourné). Le daim lui-même étant un animal protégé, ce que l’on désigne par cette appellation est en fait du cuir classique provenant de grands mammifères, tels que le bœuf et le porc mais traité autrement. Mais plus que jamais, associations et défenseurs des animaux s’opposent à l’emploi du cuir et les alternatives écologiques ne manquent pas. C’est notamment le cas de l’Alcantara, constituté d’une microfibre polyester et de polyuréthanne, coupée en segments dont la disposition se rapproche fortement de la structure naturel de la peau du daim. D’où le fait qu’il en présente le toucher moelleux et velouté.

Dentelle


La vraie dentelle demande un savoir-faire particulier et se révèle précieuse et coûteuse. Elle se compose généralement de fils de soie, nylon ou lin et peut se confectionner à la main ou à la machine. La Haute-Loire et le Nord-Pas-de-Calais français sont considérés comme des virtuoses en la matière depuis des siècles et le demeurent encore aujourd’hui. Il existe différentes manières de travailler la soie : à l’aiguille, au fuseau, au crochet ou en broderie, chacune plus ou moins complexe. Désormais, les vraies dentellières se font rare, et leurs compétences sont donc d’autant plus précieuses, rendant les pièces de dentelle les plus fines, particulièrement nobles.

Alpaga


Cette fibre textile est donnée par le lama pacos, aussi appelé alpaga. 80% de la production de celle-ci se déroule au Pérou, le pays comptant 4 millions de spécimens d’alpagas. Cette fibre de laine délicate, rejoint le cachemire et le mohair parmi les matériaux haut de gamme, appréciés des créateurs et stylistes. Mais aussi parmi les plus cruels. Il s’agit en effet à nouveau de tondre les animaux, cette fois à une occasion sur l’année, pour obtenir les 2 à 3 kg de poils qu’ils produisent. Des animaux bien souvent laissés en sang et à l’agonie, comme le révélait une enquête de PETA USA courant 2020. Un acte barbare ayant amené le designer Valentino à confirmer l’arrêt de “la production de vêtements dans lesquels l’alpaga est présent d’ici la fin de l’année 2021.”

Cachemire


Autre animal, même problématique. Ce tissu provient en effet de la chèvre du Cachemire, en Inde et est reconnue pour la finesse avec laquelle il est tissé à partir de la couche profonde des poils de l’animal. Il appartient aujourd’hui à la famille des tissus d’espèces endémiques, c’est à dire dont la production entière est regroupée dans une seule zone mondiale. Mais toujours hélas avec une infinie brutalité. Lorsque la période hivernale prend fin, ces chèvres muent naturellement. Il suffirait dès lors de les peigner pour récupérer leur laine, avant de la nettoyer pour la séparer, ne conservant que le duvet. Un pull en cachemire nécessitant ainsi le duvet de 5 chèvres. Malheureusement, il n’en est rien, puisque des images insoutenables montrent des ouvriers arrachant le pelage des animaux vivants, les laissant souffrir le martyr avant de finalement les abattre avec autant de violence.  De quoi véritablement se demander si notre amour de la mode et des étoffes précieuses vaut un prix si atrocement payé.

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