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TESTÉ POUR VOUS: donner cours de français à une personne primo-arrivante via Whatsapp

Justine Rossius

Mis au point par l’ASBL liégeoise Interra, le projet Duo-Langues consiste à faire se rencontrer virtuellement citoyens et primo-arrivants, pour apprendre le français. On a nous-même pris part à cette belle initiative et on vous explique comment ça se passe (indice: c’est génial).


Interra, c’est une ASBL née il y a un an, dont on vous parlait déjà dans cet article.  Créée par Julie Clausse, Elisa Léonard et Lara Leroy, elle vise à développer des liens entre personnes migrantes et Liégeois. Concrètement, l’ASBL organise des opportunités de rencontre entre migrants et locaux, en mettant en valeur les compétences et passions de chacun. Mais à cause du confinement, Interra a vu son principe de base chamboulé. Distanciation sociale oblige, les rencontres ne peuvent plus avoir lieu.  “Normalement, on fait beaucoup d’ateliers de visu’. On a donc dû se réinventer avec l’arrivée du Covid-19” nous confie Julie Clausse, co-fondatrice du projet. Par exemple, Youssouf, coach sportif, donne désormais ses séances d’entraînement en visioconférence! “Mais les personnes primo-arrivantes qui sont habituellement dans nos projets ont beaucoup moins de cours de français actuellement. Les cours ont été stoppés ou ralentis et les contacts avec les personnes locales aussi. On s’est  donc demandé comment continuer à favoriser le lien pendant cette période. Parallèlement, on a aussi réalisé que les locaux avaient plus de temps en ce moment et l’envie d’aider.” Duo-Langues était né! Le principe est simple:

Une personne francophone et une personne qui désire apprendre le français sont mises en relation, via Whatsapp Video pour avoir des discussions, un peu comme des tables de conversation, mais à deux. L’idée est vraiment de parler, d’avoir des sujets de conversation divers dans le but de pratiquer le français de manière usuelle, pour renforcer le vocabulaire, avoir une meilleure prononciation, etc.


 

 

Interra recherche des bénévoles!


“Le projet fonctionne déjà très bien, je ne reçois que des retours positifs. Que des rires, des découvertes! Humainement, c’est très chouette. Mais nous cherchons encore des bénévoles” Vous n’êtes pas professeur de français? Vous n’avez jamais donné cours à qui que ce soit? Ce n’est pas grave: l’ASBL vous associera à une personne qui a déjà un niveau assez bon de français. “Par contre, on ‘matchera’ une personne débutante avec une personne qui a déjà été confrontée à l’apprentissage du français, comme un instituteur par exemple”.

Le concept est assez flexible: “On conseille aux participants de se rencontrer minimum une fois par semaine, pendant 30 minutes. Mais c’est un minimum. Certaines personnes se voient un jour sur deux, ça dépend vraiment de l’emploi du temps du binôme” souligne Julie Clausse. Au niveau de la durée du projet, elle est, elle aussi, flexible: “On a développé ce projet pendant le confinement, quand les gens avaient plus de temps. Avec le déconfinement, on verra comment ça se passe. Si vous souhaitez arrêter, il suffit de l’expliquer clairement à votre binôme. Mais vous pouvez aussi tout à fait continuer les rencontres, en vrai si vous le voulez!” Qui plus est, participer à cette initiative, pourra aussi vous apporter beaucoup (lisez d’ailleurs mon expérience ci-dessous): vous apprenez à apprendre une nouvelle personne, une nouvelle culture, la réalité d’un autre pays… “C’est riche pour les deux personne” souligne Julie Clausse.

Duo-langue

Super témoignage de Eve qui participe au projet duo-langue 🗣️👌 ! Elle est en duo avec Alper et leurs échanges sont rythmés par de la découverte, des rires et de la bonne humeur 😁🌞 ! Merci à vous deux !

Posted by Interra – cultural bridges on Monday, May 11, 2020

Testé pour vous


J’ai moi-même décidé de donner cours, et honnêtement, aider n’a jamais été aussi simple. Depuis quelques semaines, maintenant, je prends 30 minutes, chaque mercredi, pour donner des cours de langue via Whatsapp à Yulia, une jeune femme d’une trentaine d’années. Yulia est Vénézuélienne: elle est arrivée en Belgique il y a maintenant deux ans, avec son mari, sa petite fille Sara, sa maman, son frère et sa belle-sœur. Yulia a déjà un excellent niveau de français: nos conversations permettent surtout qu’elle puisse continuer à s’exercer tout en gagnant en fluidité. Elle fait évidemment encore quelques erreurs de grammaire, bute parfois sur certains mots de vocabulaire: je suis là pour la corriger, lui donner le mot qu’elle cherche, ou lui faire répéter un mot pour qu’elle le prononce correctement. L’ASBL Interra m’a envoyé plusieurs listes de thématiques et de questions, qui peuvent m’aider à construire mes cours. Chaque semaine, je propose donc à Yulia un sujet spécifique, ou je lui demande si elle souhaite elle-même me proposer une thématique dont elle souhaiterait approfondir le vocabulaire.

Mais à vrai dire, avec Yulia, nous parlons surtout de la situation au Venezuela. Elle m’explique pourquoi elle a dû fuir avec sa famille, elle me raconte la dictature depuis que Nicolas Maduro a pris la tête du pays, après la mort d’Hugo Chavez, qui avait déjà lui-même instauré une démocratie imparfaite et populiste.


Elle m’explique les accusations de trafic de drogues qui pèse sur le gouvernement, la guerre que se livrent Trump et son homologue vénézuelien. Elle me raconte la famine, puisqu’avec avec salaire mensuel, les habitants ne peuvent s’acheter qu’un litre de lait ou un kilo de sucre. Un manque de moyen accentué encore plus avec le confinement actuel. C’est terrible, mais passionnant d’en découvrir plus sur les conditions de vie de ce pays, par quelqu’un qui les a vécues de l’intérieur. En Belgique, Yulia suit un master à l’Université de Liège. Master qu’elle ne pourra poursuivre que si elle et sa famille finissent par être régularisés. 30 minutes par semaine, devant mon écran de smartphone: ce n’est vraiment pas grand-chose comme investissement, et pourtant, ce petit rendez-vous hebdomadaire permet à Yulia de continuer à parler français régulièrement, de continuer à s’améliorer et à moi, d’avoir fait une belle rencontre humaine, axée sur le partage d’expériences.”

Intéressé(e)? Envoyez un mail à interra@net-c.com ou un SMS au 0491520520 avec votre nom, prénom et numéro de téléphone.

Sur la photo en haut de l’article, il s’agit du duo Manon et Patricia!

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