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Serena Williams ““femme”” de l’année GQ, un rappel des dérives des commentaires sur le web

Kathleen Wuyard

Chaque année, le magazine GQ élit l’homme de l’année. Un honneur qui est également réservé aux femmes depuis 2017, Gal Gadot ayant été la première femme GQ l’année passée. Cette année, c’est Serena Williams qui l’emporte, mais l’annonce ne s’est pas faite sans encombre.


En cause, le choix de la couverture, où l’on voit la championne, port altier et crinière de lionne, poser à côté de la proclamation qu’elle est “femme” de l’année. Deux guillemets qui passent mal auprès des internautes, qui ont été nombreux à rapidement faire remarquer à quel point ils étaient inappropriés. Une ponctuation maladroite qui dérange à trois niveaux.


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1. Grammaire misogyne


Lorsque GQ annonce l’homme de l’année, la cover du magazine se pare d’un “Man of the year” bien visible, le mot “man” n’étant apprêté d’aucun guillemet ou autre italique... Il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s’emballent et crient à la misogynie, et voient là une tentative du magazine d’indiquer subtilement que les femmes seraient inférieures aux hommes, d’où ces guillemets qui rabaissent la championne. Là où d’autres y ont vu tout simplement une mise en question de sa féminité.

2. Un choix maladroit


Au cours de sa longue et spectaculaire carrière, Serena Williams a en effet souvent été accusée d’être trop masculine, tant dans son jeu que dans son apparence. Face à ses prouesses sportives et à la puissance de ses balles, certains n’ont d’ailleurs même pas hésité à carrément remettre en question le fait qu’elle soit une femme. Dans une lettre ouverte écrite à sa mère et postée sur Reddit, Serena Williams était d’ailleurs revenue sur ces attaques.

On m’a dit que je n’appartenais pas au sport féminin – mais au masculin – parce que j’étais physiquement plus forte que les autres athlètes.


Dans ce contexte, le choix des guillemets, entrés ces dernières années dans l’imaginaire populaire comme un moyen d’affirmer une chose tout en en pensant une autre, s’avère donc éminemment maladroit. Et même... raciste?

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3. Racisme entre les lignes


Certains commentateurs ont en effet vu dans ce choix de ponctuation une manifestation d’un racisme sous-jacent. L’année dernière, après tout, Gal Gadot n’était non seulement pas proclamée “femme” de l’année par GQ mais bien carrément “Wonder Woman of the year”. La victoire de Serena, elle, est annoncée entre guillemets. Ainsi que l’a souligné un internaute sur Twitter, “c’est vraiment rebutant, surtout pour une athlète qui a été critiquée pour ne pas être une ‘femme’ ou pas ‘une vraie femme’ dans tous les sens racistes et problématiques possibles“. Sauf qu’il semblerait bien ici que la problématique n’existe que dans la tête des commentateurs, qui auraient vu le mal là où il fallait voir la mode.

4. Beaucoup de bruit pour rien?


Il s’avère en effet que l’objectif des guillemets n’était ni de diminuer Serena ni de relancer un vieux débat sur sa féminité. Simplement, de faire un clin d’oeil à Virgil Abloh, le célébrissime créateur du label Off-White, qui a imaginé le tutu noir que Serena porte sur la couverture du magazine, et dont les guillemets sont la marque de fabrique. Lorsqu’il avait signé une collaboration avec Nike, il avait ainsi sorti un modèle de Nike “Air” et personne ne s’en était indigné à l’époque. Mais ici, l’occasion était trop belle et offrait un appât à la fois aux féministes du dimanche, aux militants aveuglés et aux polémistes en tout genre. Et comme il en va souvent de ce genre de lynchages en ligne, avant même que GQ ait pu expliquer la référence à Virgil Abloh, très proche de la championne, les commentaires s’étaient multipliés et une tempête de théories toutes plus tirées par les cheveux les unes que les autres s’étaient répandue sur le web. De son côté, Serena Williams n’a pas encore commenté sur la débâcle. Peut-être parce qu’elle aurait voulu profiter de cet hommage en paix, sans être renvoyée à des périodes difficiles de sa carrière et les critiques qui vont avec? Et si, à défaut de pouvoir smasher tous ces critiques bien pensants qui font du bruit de rien, on tournait nous même notre clavier 7 fois dans notre bouche la prochaine fois qu’on a envie de démarrer une polémique en ligne? Vous verrez, ça calme vachement l’envie de poster.

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