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© Getty

Qui est Abiy Ahmed, le nouveau prix Nobel de la paix?

La rédaction

Parmi les pressentis pour recevoir ce prix prestigieux, Greta Thunberg était la grande favorite. Mais c’est Abiy Ahmed qui s’est vu honoré par le prix Nobel de la paix. Vous ignorez de qui il s’agit? On fait le point.


Ce vendredi à Oslo, Abiy Ahmed a été acclamé lorsqu’il s’est vu remettre le prix Nobel de la paix. Il succède ainsi à Denis Mukwege et à la Yazidie Nadia Murad. Selon les bookmakers, Greta Thunberg était la grande favorite. Donald Trump avait également été cité (et ça nous fait bien rire). Mais finalement, c’est le premier ministre éthiopien qui a été félicité “pour ses efforts en vue d’arriver à la paix et en faveur de la coopération internationale, en particulier pour son initiative déterminante visant à résoudre le conflit frontalier avec l’Erythrée”.

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Pour comprendre pourquoi le premier ministre a reçu ce prix, il faut se replonger près de 60 ans en arrière. Au début des années 60, l’Érythrée se lance dans une guerre contre l’Éthiopie afin d’asseoir son indépendance. Elle se terminera en 1993 sur un accord pacifique. Toutefois, de nombreuses questions restent en suspens, les plus importantes concernant des régions frontalières. Les limites de ces territoires n’étaient pas clairement fixées, même si une commission a été chargée de les surveiller pour maintenir la paix. Ces terres en question (Badme, Bure et Tsorona-Zalambessa) resteront l’une des raisons principales du conflit qui opposera des années durant l’Érythrée et l’Éthiopie.

Cinq ans après le premier accord de paix, le 6 mai 1998, plusieurs soldats érythréens pénètrent la ville de Badme sous le contrôle de l’Éthiopie. L’échange de coups de feu entre les deux camps marquera le début d’une guerre sanglante entre les deux pays. Une guerre qui durera 20 ans et fera 60.000 morts.

Abiy Ahmed, Premier ministre de la paix


Lors qu’il est devenu Premier ministre de l’Éthiopie en avril 2018, Abiy Ahmed a tout de suite organisé une rencontre avec Issaias Afeworki, président de l’Érythrée, afin de mettre fin au conflit. Il cède les territoires contestés à son voisin et parvient à mettre fin à deux décennies de guerre totale tout en établissant une relation de confiance avec l’Érythrée et en relançant les échanges entre les deux territoires.

Quelques jours après cette poignée de main historique, il se rendait en Egypte pour apaiser les tensions naissantes suite à la construction d’un barrage en Éthiopie qui aurait eu des répercussions sur le débit du Nil. En deux ans à peine, cet homme de paix a tenu des discours apaisant de nombreux conflits et permettant de faire perdurer la paix sur de nombreux territoires. Réellement axé sur le dialogue, le consensus et l’écoute, Abiy Ahmed est un homme politique moderne de parole avec des valeurs appréciées de ses partisans et du monde entier.

En octobre 2018, il a présenté son gouvernement, composé pour la première fois d’une parité hommes-femmes, livrant à nouveau un discours inspirant: “Nous, les Ethiopiens, méritons et nécessitons la démocratie… Nous devons respecter les droits humains et démocratiques, la liberté d’expression, de réunion et d’organisation… Construire un système démocratique exige de s’écouter”. Il propose d’ailleurs d’intégrer les partis de l’opposition dans ce dialogue vers la démocratie, un acte courageux quand on sait à quel point la répression peut être violente dans les pays sous régime totalitaire.

Dans un pays où la dictature régnait jusqu’à présent, ses paroles sont reçues comme de l’eau bénite.


Depuis son entrée au pouvoir en tant que Premier ministre, Abiy Ahmed a mis fin à une guerre et libéré des centaines de prisonniers. Il a apaisé de nombreuses tensions en vue de désamorcer des conflits et porte véritablement l’Éthiopie vers un avenir plus serein. Finalement, entendre que le prix Nobel a été remis à Abiy Ahmed “artisan d’une réconciliation spectaculaire entre son pays et l’Erythrée voisine”, ce n’est qu’un faible mot face à l’engagement de cet homme de dialogue qui instaure, pour une fois, de l’espoir et de la confiance en politique.

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