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L’interdiction d’Instagram en Iran ne fait pas peur qu’aux influenceurs

Kathleen Wuyard

Seul réseau social à ne pas (encore) être banni en Iran, Instagram y a acquis une importance cruciale ces dernières années, lançant la carrière d’influnceurs locaux mais aussi et surtout offrant une tribune de libre expression à tous les autres. Une liberté qui dérange, et que le gouvernement s’apprête à reprendre aux citoyens en interdisant Instagram en Iran.


Motif évoqué: empêcher la diffusion de contenu immoral et obscène. C’est que l’Iran est une république islamique, dont les lois sont basées sur la charia et où jusqu’en 2012, une femme adultère pouvait être condamnée à la lapidation. Bien que le pays dispose d’un Président, ce dernier n’est que le n°2 iranien, en dessous du Guide suprême, l’Ayatollah Khamenei. Entre religion omniprésente et patriarcalisme ancré dans la société, forcément, Instagram dérange. Depuis son apparition en Iran il y a une dizaine d’années, le réseau social a offert une plateforme à ceux et celles qui sont traditionnellement muselés par la société iranienne, qu’il s’agisse des activistes LGBTQ ou de femmes indépendantes, déterminées à vivre sans foulard, sans oublier les groupes ethniques minoritaires. Autant de “marginaux” que le régime aimerait à nouveau réduire au silence.

 

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❤️?? مـــــن ،درِآبــى و درختِ زرد #كف_آسفالت #پائيز١٣٩٦ #اينچنين پ.ن: اون روز زودتر از هميشه رسيده بودم دفتر ، گفتم تا وقت هست كلى نفس عميق بكشم و كِيف كنم، مي خواستم تمام هواى اون عصر پاييزى رو ببلعم، در همين حين چشمم افتاد به اين در كوچك آبى و درخت زيباى كنارش ، درست روبرى در دفتر! عجيب اينكه در طول اين دو ماه هيچ وقت هيچ كدوم از ما نديده بوديمش، از خودم،درخت و درِ آبى خجالت كشيدم ،دوربين موبايلم رو گذاشتم روى تايمر و اين عكس رو گرفتم تا يادم نره “فرضيه ديدن” رو نه فقط نگاه كردن!

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Pour l’avocate et activiste iranienne Samaneh Savidi, aujourd’hui établie à Londres, la nouvelle de l’interdiction prochaine du réseau social dans son pays est une catastrophe.

Instagram est la seule plateforme qui ne soit pas bloquée dans le pays, et ces dix dernières années, elle est devenue le seul endroit où les gens peuvent échanger de l’information librement et faire de la pub pour leurs entreprises. Interdire Instagram va avoir un impact important sur les Iraniens. Je m’inquiète tout particulièrement pour la jeune génération, qui mérite d’avoir accès à des informations non-censurées.


Les influenceurs locaux, eux, s’inquiètent des répercussions de la nouvelle sur leur business model. Difficile en effet de continuer à vivre de ses posts s’il n’y a plus de plateforme pour les poster. Trivial? Dans nos contrées occidentales les installations-célébrités se servent de leur notoriété pour gagner leur vie à grand renfort de posts sponsorisés, peut-être. Sauf que dans la République islamique, les entrepreneuses ont une toute autre approche d’Instagram.

 

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. زندگی جاریه زلزله هم که بیاد باز زندگی جاریه ... وقتی عزیزی رو از دست میدیم بازم زندگی می کنیم ... گرونی بشه، گرد و غبار باشه، حکومت نظامی باشه، تحریم باشه، جنگ باشه، بازم زندگی جاریه که جاریه ... پس چطور وقتی یه بچه به دنیا میاد که معنای خود زندگیه میگید بشون توو خونه تکون نخور؟ جاری بودن زندگی، توی رگ لحظه هاست، لحظه ها رو که نمیشه محصور چاردیواری کرد ... لحظه ها پشت چراغ قرمز می مونن ولی وقتی چراغ سبز شد، راه میفتن و سرعت می گیرن ❤

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Ainsi que l’explique Aida Pooryanasab, dont le compte rassemble plus de 500 000 abonnés, “Instagram ne permet pas seulement aux Iraniennes de gagner de l’argent, cela leur donne aussi l’impression d’exister en public”.

Les obligations familiales et sociétales font que de nombreuses Iraniennes ne peuvent pas travailler en dehors de chez elles. En prime, lancer une boutique en ligne est bien moins coûteux que d’ouvrir un magasin physique, et Instagram permet donc à de nombreuses femmes de bénéficier de leur indépendance financière tout en respectant ce que la société et leurs maris attendent d’elles.


Ceci étant, une interdiction gouvernementale pourrait ne pas suffire à bannir véritablement Instagram. Si l’Iran est un des pays au monde où la censure sur Internet est la plus stricte, c’est aussi (sans surprise) un de ceux où l’usage de VPN est le plus répandu. Le principe de ces “virtual private networks” ou réseaux privés virtuels, en français: créer un lien direct entre des ordinateurs distants en isolant ce trafic. Autrement dit, le VPN joue le rôle de « passerelle » permettant d’accéder à l’extérieur et donnant accès à ses utilisateurs aux contenus censurés dans leur pays. Une problématique qui n’a pas échappé au gouvernement: le ministre des Télécommunications, Mohammad Javad Azari-Jahromi, a accordé à l’agence Isna que “la stratégie consistant à filtrer Instagram n’est pas efficace pour neutraliser les menaces qu’il pose et que cela risque même de les renforcer”. Et puis ce serait dommage aussi de priver les 2.2 millions de followers du compte Instagram officiel d’Hassan Rouhani de photos du président...

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