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Lettre aux parents du petit Julen, 2 ans, tué par la malchance

Barbara Wesoly

Le 13 janvier, l’Espagne découvrait le visage du petit Julen, 2 ans, tombé par accident dans un puits abandonné et creusé à l’origine illégalement pour trouver de l’eau. Un puits de 25 cm de diamètre et de 100 mètres de profondeur. Après 15 jours avec au cœur l’impossible espoir de le retrouver vivant, son corps vient d’être découvert par les chercheurs et rendu à ses proches.


Cela fait des jours que je regarde la photo de son adorable visage. De ses yeux qu’on devinait rieurs. Je la contemple en boucle, en tentant de reprendre mon souffle. D’arriver à respirer à nouveau. De trouver un sens au fait de mourir de rien. Juste d’une immonde malchance. D’une fatalité insensée.

Comme des millions d’autres, en Espagne et à travers le monde, je vous ai imaginés profitant d’un pique-nique en famille, avec ce panorama montagneux exceptionnel propre aux environs de Malaga. Les rires, l’insouciance, les enfants qui courent. Je peux presque voir votre regard parcourir l’assistance, cherchant à apercevoir Julen, jouant dans un coin ou marchant sur les cailloux. Et l’angoisse au creux du ventre en ne le trouvant plus. En voyant défiler les secondes sans qu’il ne réponde. Et ce moment où soudain se fait l’intuition qu’il se passe quelque chose de grave.

En devenant maman, j’ai dû apprendre à composer avec une peur dont je n’aurais pu imaginer la violence. Celle de perdre mon petit garçon. Lorsque dans mon quotidien ou dans la presse, je croise des parents dont l’enfant est parti, je ne peux m’empêcher de les admirer de continuer. D’arriver à cligner des yeux, à tourner la tête, à parler, alors que leur monde s’est arrêté. Il n’y a pas de logique à la mort d’un enfant. Jamais. Juste des causes plus ou moins rationnelles auxquelles tenter de se raccrocher pour aider notre cœur à battre un instant de plus. Puis un autre.

J’aimerais avoir les mots qu’il faut. J’aimerais me dire que, si j’étais en face de vous, je saurais vous offrir du réconfort et soulager votre chagrin, à défaut de pouvoir y trouver un sens. Pour vous, mais aussi pour moi. Pour me convaincre que l’on peut apaiser un peu d’une douleur innommable et insupportable. Que l’on peut, quand on considère avoir tout perdu, puiser dans les autres et dans leur bienveillance, la force de continuer à ne serait-ce qu’à être là. Je veux le croire. De toutes mes forces. Me dire que lorsque des drames comme celui que vous vivez se produisent, l’élan de solidarité et d’amour qui déferle nous permet plus que jamais de nous appuyer sur notre humanité.

Mais je ne trouve pas les mots. Tous me semblent vains face à ce que vous endurez. Alors, à défaut de dire, sachez que d’autres pleurent avec vous, en sachant bien que cette peine n’est qu’un infime écho de ce que vous vivez. Mais pour vous montrer que non, le monde ne continue pas à tourner comme si de rien n’était, déjà choqué ou ému par une autre actualité. Que si votre chagrin est universel, votre Julen est un peu celui de chacun d’entre nous. Un peu de cet amour indescriptible qui nous unit à nos enfants.

Il y a cette phrase qui dit: “Décider d’avoir un enfant, c’est accepter que votre cœur se sépare de votre corps et marche à vos côtés pour toujours.”

Julen continuera à marcher à nos côtés.

 

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