Les urinoirs pour femme seront bientôt une réalité, mais faut-il s’en réjouir?

Le décor varie, mais la scène reste toujours la même. En soirée, à l’entracte d’un concert, dans un aéroport, après une séance de cinéma ou simplement dans un café, les toilettes se transforment en concours de “qui a la plus longue”, et ce ne sont jamais ces messieurs qui l’emportent. Tandis que du côté des hommes, le ballet de ceux venus se soulager s’enchaîne avec fluidité, chez les femmes, les vessies sont mises au supplice en attendant qu’avance une file d’une lenteur souvent incompréhensible. Et pour ajouter l’insulte à l’injustice, les Messieurs en question bénéficient en prime d’urinoirs dans les espaces publics en plus de leurs toilettes toujours vides. La solution imaginée par Nathalie des Isnards? Lancer des “urinoires”, avec un “e” pour signaler la féminisation du projet.

Lancé début 2018, le concept, qui répond au nom de madamePee, vise à offrir une alternative rapide et égalitaire, né de la constatation de cette grande adepte de festivals et de compétitions de running que lors de tels événements, les femmes attendent parfois jusqu’à 30 fois plus longtemps que les hommes pour se soulager.

L’objectif, c’est de répondre à cette problématique des files d’attente. Il n’existait pas de service rapide, comme il en existe pour les hommes avec les urinoirs.

Et si Nathalie des Isnards assure avoir déjà reçu de nombreuses marques d’intérêts de grandes villes en attendant le lancement de madamePee en 2019, on ne peut s’empêcher de se demander si l’idée est tellement révolutionnaire que ça. Voire si on aurait envie de voir s’installer ces “urinoires” chez nous aussi.

Pipi debout

En effet, les toilettes compactes de madamePee ont été pensées, à l’image des urinoirs pour hommes, pour réduire l’encombrement et le temps de service, et donc, la taille des files. Fort bien, et plutôt ingénieux, même, quand il s’agit d’ouvrir discrètement sa braguette pour se soulager, ce qui est impossible au vu de l’anatomie féminine. Nathalie des Isnards a donc doté son concept de portes batantes, ainsi que d’une patère pour accrocher manteau et sac à main. Là où le principe se complique, c’est que les urinoires ont été imaginées pour être utilisées sans contact grâce à la forme ergonomique de la cuvette.

Ce qui pose la question de comment on se positionne debout dessus avec un pantalon ou un collant aux chevilles, sans compter que le procédé implique de laisser traîner sa jupe sur un sol potentiellement pas très propre, à moins de l’enlever, ce qui enlève l’aspect “rapidité”. La commercialisation n’étant pas prévue en Europe avant 2020, il faudra encore attendre avant de pouvoir juger en vrai de la praticalité du projet – et perdre encore pas mal de temps à patienter pour aller se soulager.

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