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Le congé fausse couche, l’exemple bienveillant venu de Nouvelle-Zélande

Kathleen Wuyard

Après avoir créé un congé payé permettant aux victimes de violences conjugales de s’enfuir, la Nouvelle-Zélande fait à nouveau preuve de compassion en proposant d’instaurer un congé fausse couche afin de permettre aux parents de faire leur deuil. Un exemple nécessaire que la Belgique ferait bien de suivre.


Quand la famille s’agrandit, les jeunes parents bénéficient d’un congé allant de quelques semaines à quelques mois pour profiter de leur nouveau né. En cas de deuil, un congé de quelques jours est également prévu afin d’organiser les funérailles mais aussi et surtout de prendre le temps d’accuser le coup. Mais quand la famille est endeuillée par un bébé mort-né, c’est le vide, et de nombreuses femmes dont la grossesse s’est arrêtée abruptement doivent reprendre le travail le lendemain. Parfois, même, comme si de rien n’était, car leur grossesse n’avait pas encore été annoncée.  Une expérience “dévastatrice” ainsi que l’a confié Louisa Pritchard à la version britannique du magazine Grazia.

Je me rappelle mon trajet pour aller travailler quelques heures seulement après ma fausse couche. Perdre un bébé est horrible, mais au travail, il n’y a pas de place pour le deuil. Un jour, vous êtes à votre bureau, avec un bébé qui grandit dans votre ventre, en train de secrètement envoyer des idées de prénom à votre mari. Le lendemain, cette vie n’est plus en vous, et vous devez assurer en pilote automatique, entre deux courses aux toilettes pour pleurer sans que personne ne s’en aperçoive.


Une situation qui ajoute angoisse et stress à la perte irremplaçable d’un bébé, et à laquelle la Nouvelle-Zélande compte bien remédier.

Prendre le temps nécessaire


Ginny Andersen, une parlementaire affilée au parti de gauche Labour, a en effet proposé d’instaurer trois jours de congés payés pour permettre aux femmes et à leurs partenaires de prendre une pause après la perte d’un bébé. Son argumentation: “les fausse couches touchent énormément de femmes enceintes, et la perte d’un ou plusieurs bébés peut être traumatisante, d’autant plus si on essaie de faire bonne figure au travail sur le côté”.  Et si cette proposition de loi vient (sans surprise?) d’une femme, le ministre du travail, Iain Lees Galloway, a félicité cette initiative et assuré qu’il soutiendrait la loi.

Une fausse couche est un moment extrêmement difficile pour les parents, et cette loi leur apporterait la certitude de pouvoir faire leur deuil et prendre du temps pour digérer la nouvelle.


Si Ginny Andersen reconnaît de son côté que toutes les femmes ne ressentiront pas forcément le besoin de prendre ces jours de congé, elle insiste sur l’importance qu’ils soient disponibles pour celles qui en ressentiront le besoin. Et si cette initiative est assurément un pas dans la bonne direction, certains pays poussent la compassion encore plus loin. Dans l’Ontario, au Canada, si une femme subit une fausse couche à 17 semaines ou moins du terme, elle a droit à 17 semaines de congé sans solde. En Inde, la loi stipule que les femmes ont droit à six semaines de congé en cas de fausse couche. Et en Belgique? La loi prévoit qu’une travailleuse peut prétendre au congé de maternité ainsi qu’aux allocations qui y sont liées si  la fausse couche survient après 180 jours de grossesse au moins. Avant 180 jours de grossesse, elle y a droit uniquement si à l’accouchement, l’enfant est mort-né (mais un médecin confirme qu’il s’agit d’une naissance), décède immédiatement ou un certain délai après l’accouchement. Une provision juridique généreuse, mais qui pourrait être amendée en suivant l’exemple de la Nouvelle-Zélande, le deuil et le chagrin se mesurant difficilement en jours de grossesse...

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