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© A clinical registrar reviewing a patients test results, looking at some information on a large monitor with some other doctors.

Lancé pour dénoncer le racisme, #BalanceTonMédecin vire à la plainte généralisée et s’attire la colère des soignants

Kathleen Wuyard

Début novembre, Twitter a vu apparaître #BalanceTonMédecin, un hashtag invitant cette fois à dénoncer non pas les porcs mais bien les erreurs médicales et autres abus perçus par les patients. Une libération de la parole salutaire ou bien des attaques injustifiées? La question divise et les hashtags se multiplient.


À l’origine de #BalanceTonMédecin, on retrouve la volonté d’une poignée de patients de dénoncer le racisme de certains praticiens, dans la foulée d’un thread où la médecin généraliste et auteure Jaddo confiait avoir moins bien soigné une patiente à cause de son origine ethnique, blâmant la barrière de la langue pour cette différence de traitement. On peut approuver ou pas de la technique de la dénonciation publique, mais il est difficile de ne pas reconnaître le bien fondé de l’initiative. Tout comme des cartes rassemblent désormais hôpitaux et gynécologues bienveillants (soit exempts de violences obstétricales), il peut être salutaire de faire de même pour les praticiens tolérants. Se faire juger parce qu’on porte le voile alors qu’on est déjà malade et vulnérable? Non merci. Sauf que d’emblée, le hastag n’a pas été “balance ton médecin raciste” mais bien “balance ton médecin” tout court. Il n’en fallait pas plus pour que la twittosphère le prenne comme une invitation à dénoncer des erreurs médicales perçues ou avérées, mais aussi l’attente trop longue, le manque de patience de certains soignants... Rapidement, Twitter a pris des allures de bureau des réclamations en mode “Allô maman bobo”.

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Plus préoccupant que la multiplication des plaintes? Certains patients mécontents sont allés jusqu’à identifier des médecins nommément, diffusant au passage le lieu où ils exercent et les dénonçant pour des motifs tels que “n’accepte pas de nouveaux patients parce qu’il est débordé”. Il n’en fallait pas plus pour faire déborder la coupe des médecins en question et que le hashtag #BalanceTonPatient voie le jour.

Tenter d’éviter les généralités


Entre blagues plus ou moins drôles et coups de gueules de soignants clairsemés, le hashtag a un goût de revanche mesquine et ça ne vole pas très haut, la preuve en images. “Blagues” sur le poid, le Q.I.... S’il s’agissait de rehausser l’honneur bafoué des médecins éperonnés à coup de hastag, c’est loupé.

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https://twitter.com/Ewesc_flo/status/1191380327983394818

En dehors de l’arène des réseaux sociaux, la psychiatre bruxelloise Caroline Depuydt livre quant à elle une analyse tout en justesse de la problématique, publiée par la revue médicale “Le Spécialiste”. “Donc je fais 12 ans d’études, je néglige mes heures de sommeil, mon hygiène de vie, ma vie privée et ma santé mentale (parfois) pour celle d’autrui et quand après 10h de boulot, je prends une pause et vais voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux, je tombe sur sur #BalanceTonMedecin...” commence-t-elle, soulignant qu’on vit décidément une drôle d’époque. Et le Docteur Depuydt d’en profiter pour remettre quelque peu l’église au milieu du village, ou du moins, donner son point de vue de professionnelle de la santé.

Y a-t-il des erreurs médicales? Oui. Y a-t-il des errements dans les diagnostics? Oui. Peut-on guérir toutes les maladies? Non. A-t-on une obligation de moyens? Oui. A-t-on une obligation de résultats? Non. Existe-t-il des médecins fatigués, maladroits voire même parfois racistes? Oui. Est-ce acceptable ? Non. Faut-il en faire une généralité? Non”


Car ainsi qu’elle l’explique, “le bashing médical est devenu un recours facile, rapide aux plus hauts niveaux de décisions politiques pour expliquer les défaillances du système de santé (...) Du coup, cela libère la parole, légitimise la haine, aux autres niveaux, celui du citoyen lambda qui prend exemple. Remettons un peu de dignité, un peu de reconnaissance dans les décisions politiques et les médias”.

Messages de soutien


Dont acte, l’acte 3 donc, après avoir balancé les médecins puis les patients, il s’agit désormais pour ceux qui le désirent de rejoindre sur Twitter le mouvement #RemercieTonMédecin. “Soutien aux médecins, à tous les soignants, qui chaque jour passent leur vie à prendre soin de celle des autres”, “dénoncer les 2 ou 3 qui se sont mal conduits ne doit pas nous faire oublier que nous leur devons la vie dans 99,99999% des cas”, “ces gens sauvent vos vies et bien au delà des heures d’une journée” ou encore un tweet rappelant que ceux qui conspuent les médecins seront peut-être amenés tout de même à être soignés par ces derniers.

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Entre dénonciation et gratitude, le débat fait rage sur les réseaux, sur fond de système de santé sous-financé et de soignants pris pour boucs-émissaires alors qu’ils sont eux mêmes impactés directement aussi par le manque de moyens. Et Jaddo alors, la généraliste qui a mis le feu aux poudres? Il semblerait que toute cette polémique l’ait refroidie: sur son compte Twitter, elle a indiqué qu’elle allait “réfléchir à comment dire ce que j’essaie de dire en étant moins conne. Avec toutes mes excuses à nouveau”.

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