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© Destruction - Amazon, Brazil,Vicinitiy Rio Branco, Burning The Forest To Enlarge Cattle Ranches, In the last ten years alone 10% of the Amazon has been cleared, The land usually remains fertile for only a few years then more forest is cleared, (Photo by Universal Images Group via Getty Images)

L’Amazonie brûle, et c’est le futur de la planète qui part en cendres

Kathleen Wuyard

Depuis deux semaines, l’Amazonie est à feu et à flammes, dans une indifférence quasi générale. Comme s’il s’agissait d’un simple petit feu de forêt, et pas du poumon vert de la planète qui s’embrase.


83%. C’est le taux hallucinant d’augmentation des feux de forêt depuis le début de l’année 2019 selon les chiffres recueillis par l’Institut National de Recherche Spatiale. La faute à des températures anormalement élevées, qui ont provoqué une vague de sècheresse, mais aussi à la déforestation massive. La faute à l’homme, en bref, qui pollue allègrement sans égards pour le thermomètre planétaire, et élague les forêts à tout va. Comme si la sècheresse et la déforestation ne suffisaient pas, au Brésil, plus de 72 843 (!) départs de feu ont été enregistrés, principalement en Amazonie, afin de défricher la forêt par les flammes pour la transformer en zones de culture ou d’élevage. Résultat: les feux sont aujourd’hui tellement incontrôlables que le gouvernement d’Amazonas a dû déclarer l’état d’urgence. Ce lundi 19 août, la nuit est tombée en plein après-midi à São Paulo. Phénomène météorologique? Non, la conséquence directe des incendies dans l’Amazonie, qui ont entouré la ville d’un nuage de fumée noire et épaisse, venu des États d’Amazonas et de Rondonia où la forêt flambe. Pour info, et afin de bien saisir l’ampleur de la catastrophe, 2700 kilomètres séparent les deux États.

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Et il s’agit-là de la conséquence la moins préoccupante des feux qui ravagent la forêt amazonienne. Rien qu’à Rondônia, près de la frontière bolivienne, le feu qui fait rage aurait déjà fait disparaitre plus de 1 000 hectares de forêt. En tout, ce sont des milliers d’hectares qui ont déjà disparu, et les incendies à répétition ont créé une couche de fumée qui recouvre une superficie d’environ 1,2 million de km². Toujours à titre indicatif, la Belgique a quant à elle une superficie de 30.688 km². En tant que telle, cette catastrophe écologique serait tragique, sauf qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle forêt mais bien du poumon vert de la planète, et que la situation est donc parfaitement glaçante. C’est en Amazonie qu’on retrouve 1/3 des forêts primaires de la planète ainsi que 20% des sources d’eau douce non gelée de la planète. Bonus nécessaire: elle rejette très peu de CO₂ et en absorbe énormément, 90 à 140 milliards de tonnes pour être exactes, ce qui permet de réguler le réchauffement climatique mondial. Du moins, permettait: ces dernières années, déforestation massive oblige, le poumon de la planète se porte bien mal. Rien que ces 50 dernières années, la forêt amazonienne a ainsi perdu plus de 20% de sa superficie. Et le nouveau président brésilien ne fait rien pour arranger les choses.

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Dès son arrivée au pouvoir, Jair Bolsonaro a fait passer Donald Trump pour un dirigeant équilibré, respectueux et intelligent, en enchaînant remarques homophobes, racistes et misogynes, mais aussi mesures complètement dangereuses, à commencer par la décision d’augmenter la déforestation de l’Amazonie. Alors qu’aujourd’hui, la conséquence directe de ses actions met la forêt à feu et à flammes, il n’assume aucune responsabilité, au contraire. Pour lui, il faudrait chercher les coupables... du côté des ONG.

Il pourrait s’agir, oui, il pourrait, mais je ne l’affirme pas, d’actions criminelles de ces “ONGéistes” pour attirer l’attention contre ma personne, contre le gouvernement brésilien. C’est la guerre à laquelle nous sommes confrontés”


Leurs motifs selon Jair Bolsonaro? “On a retiré l’argent aux ONG. Elles recevaient 40 % des subventions venant de l’étranger. Elles ne les ont plus (...) Le feu, apparemment, a pris dans des lieux stratégiques, et tout indique qu’ils sont allés sur place pour filmer les incendies”. Des images aussi hallucinantes que la ligne de défense du président brésilien, qui montrent une forêt ravagée par des flammes colossales, noyée par des nuages de fumée d’un noir d’encre.

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NB: la photo utilisée par Djoko, qui a pas mal circulé sur la toile, n’est pas d’actualité. Elle date en réalité de 2007 et a été prise par un photographe de Sipa Press et publiée par The Guardian dans un supplément sur la déforestation en Amazonie 

Parce qu’on est en 2019, et que c’est comme ça aujourd’hui qu’on réagit aux drames, le hashtag #PrayForAmazonas est rapidement devenu extrêmement populaire sur Twitter, rassemblant plus d’un million de messages de quidams mais aussi de stars interplanétaires telles que le tennisman Novak Djokovic, qui a “le coeur brisé par la situation”. Mais pas de là à mettre la main au portefeuille? Ainsi que l’ont pointé de nombreux internautes à grand coups de memes, lors de l’incendie de Notre Dame au printemps dernier, les réactions ont été bien plus rapides et généreuses.

Pour rappel, lors de l’incendie de Notre Dame, il n’avait fallu que quelques heures pour récolter plus de 850 millions d’euros de promesses de don. Ici, pas d’émoi ni d’argent, mais bien de nombreuses questions en suspens quant au sens des priorités qui nous habitent. Même si, ce n’est pas si bête, au fond: quand on aura détruit la planète pour de bon, on aura bien besoin de cathédrales pour prier pour notre salut... Et si vous, vous voulez agir par contre? Ca commence à la maison, en réduisant votre consommation de papier et de bois, mais aussi de boeuf (principal responsable de la déforestation dans la région). Vous pouvez également choisir d’acheter des produits de papeterie qui n’abîment pas la forêt amazonienne via la Rainforest Alliance, ou bien de soutenir les populations indigènes en faisant un don à Amazon Watch. Le must? Protéger un hectare de forêt (et tous les animaux qui vivent dedans) en faisant un don de 25 euros minimum au Rainforest Action Network. Parce que chaque action compte, et qu’on ne peut visiblement pas compter sur nos dirigeants pour agir.

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