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La lettre ouverte d’une ““simple hôtesse de l’air”” à une passagère exigeante

La rédaction

Accusée d’être une “simple hôtesse de l’air”, une agent de bord a écrit une lettre ouvert à la passagère qui l’a insultée pour mettre les choses au clair. Son métier va bien au-delà des apparences.


Partagée sur Facebook par Laura Lorayane, hôtesse de l’air chez Air France, cette lettre rappelle à quel point le métier d’agent de bord peut être ingrat et mal perçu par les passagers. Nous ne sommes pas parvenues à retrouver l’auteure initiale de ces mots chargés de sens. Mais nous pensons qu’il y a un réel intérêt à partager ce message avec quiconque prenant l’avion. Le post a été partagé plus de 20.000 fois sur Facebook.

Le métier d’hôtesse de l’air ne se résume pas à servir des repas et veiller à la sécurité des passagers. Une piqûre de rappel nécessaire pour tous les passagers exigeants qui ne réalisent peut-être pas la portée de leur demande.

Lettre à la passagère du siège 5A


“Chère passagère du siège 5A,

Hier, alors que je ne vous laissais pas venir à l’avant de l’avion parce que les pilotes entraient et sortaient du cockpit, vous m’avez informé que j’étais « juste une agente de bord » une simple hôtesse de l’air. J’ai pris un peu de temps pour réfléchir à cela et j’ai décidé de vous informer de quelques faits concernant le métier « d’agente de bord ».

Commençons par passer en revue ma formation et mes exigences pour ce travail. Je sais comment lutter contre les incendies à 12 000 mètres d’altitude. Je peux effectuer la RCP (massage cardiaque), faire les premiers secours jusqu’à l’insertion d’une perfusion intraveineuse (que je dois faire si pas de médecin à bord). Je sais comment identifier les armes à feu. Je sais comment identifier les bombes puis les déplacer à un endroit de l’avion qui, espérons-le, causera le moins de dommages possible en cas d’explosion. J’ai les compétences de base en matière de survie sur la terre comme en mer. Je sais comment désarmer les personnes brandissant une arme à feu ou encore comment tuer quelqu’un si besoin est. Je sais aussi comment préparer un avion pour un atterrissage d’urgence afin que chaque personne à bord ait la meilleure chance de survivre, et comment ensuite évacuer l’avion en moins de 60 secondes. En souriant, on m’a appris à traiter avec des personnes de différentes cultures, des personnes mécontentes et des personnes carrément grossières. J’ai reçu une excellente formation pour toutes ces choses et chaque année, je dois suivre beaucoup de formations pour rester à jour et acquérir de nouvelles compétences pour faire face à tout à bord . Pour la sécurité et la sûreté de notre vol.

Deuxièmement, je voudrais partager avec vous certaines des expériences personnelles que j’ai eues au cours des 20 dernières années en tant « qu’agente de bord »

J’ai tenu la main d’une mère en deuil qui volait à travers le pays pour récupérer le corps de son fils âgé de 21 ans.


J’ai donné mes vêtements personnels à un passager qui avait vomi, même si je n’avais rien d’autre à mettre. J’ai arrêté des départs de feux dans l avion, arrêté des inondations pouvant nuire à tout le réseau électrique, j’ai stoppé des bagarres inutiles, j’ai calmé des milliers de crises d’angoisses ou de démences suites à trop de médoc et trop d ‘alcool ou tout simplement dû à l’enfermement.

J’ai gardé des bébés pendant que leurs parents allaient aux toilettes.

Les passagers criaient parfois de ne pas avoir la nourriture qu’ils voulaient. Pendant que Je préparais un avion pour un atterrissage d’urgence et, pendant que vous discutiez avec moi de ne pas vouloir éteindre votre ordinateur, j’espérais pouvoir qu’une chose: revoir mes enfants une fois de plus.

Je me tenais les larmes aux yeux devant la porte d’un avion tandis que les restes d’un soldat américain étaient déposés dans un cercueil drapé de drapeaux.


J’ai eu l’honneur de transporter des troupes américaines, françaises, dans des zones de déploiement étrangères. J’ai raté le jour de Noël avec ma famille tant de fois pour que vous puissiez rejoindre votre famille. Mon horaire de travail change constamment et, parfois, je passe cinq à six jours sans une vraie nuit de sommeil.

J’ai regardé les événements du 11 septembre avec horreur, le cœur brisé par ce que mes collègues ont vécu ce jour-là. J’avais peur de retourner au travail, mais j’ai rassuré mon enfant en lui disant que je reviendrai à la maison, tout en sachant que cela pourrait se reproduire.

J’ai vu des gens mourir devant moi, car la RCP que nous avons exécutée ne l’avait pas ravivé. Ensuite, j’ai essayé de placer son corps respectueusement sur le sol de l’avion pour le reste du vol et, lorsque nous avons atterri, je me suis assise à côté de son corps pendant plus d’une heure, jusqu’à ce qu’on vienne le récupérer.

Sachez que j’aime mon travail et que j’ai choisi de le faire. J’ai un diplôme universitaire, je suis une mère, une amie, un être humain. Ainsi, la prochaine fois que vous me regarderez et penserez: “Juste une hôtesse de l’air”, j’espère que vous vous souviendrez rapidement de la personne qui été formée et qui est prête à vous sauver, à vous sortir d’un avion écrasé, à vous sauver des pirates de l’air, à effectuer la RCP en cas de besoin et que la partie la plus facile de mon travail est de vous donner à manger et à boire.”

 

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