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J’ai perdu 155 amis Facebook en un jour, et je respire mieux depuis

Kathleen Wuyard

En vérité, ce titre est quelque peu mensonger: il n’a pas fallu plus de 15 minutes pour que ma liste d’amis soit grandement allégée. Bad buzz 2.0, compte piraté? Au contraire, j’ai justement décidé de reprendre le contrôle de mon compte en faisant le tri dans ma liste d’amis Facebook. Et ça m’a fait un bien fou.


Cette année, j’avais décidé de ne prendre que des résolutions que j’étais certaine de tenir, et qui en prime, me feraient vraiment du bien. Après y avoir bien réfléchi, il n’y en a qu’une seule qui me soit venue en tête: faire le ménage. Pas chez moi, mon tempérament quasi maniaque assurant que tout soit déjà à sa place, mais bien dans tous les autres endroits où je ne range jamais, de ma boîte mail qui déborde à mes profils en ligne. Il faut dire qu’à force de faire remarquer d’un air excédé à mon mec que “non mais les gens ils confondent Facebook avec Linkedin” tout en refusant les demandes d’amis de parfaits inconnus, j’en suis venue à me dire que quand même, avec mes 800 amis et des poussières, j’en connaissais pas mal, des gens. Mais est-ce que je les connaissais vraiment? Une seule manière de le savoir: me pencher d’un peu plus près sur ma liste d’amis Facebook. Et frôler l’infar au passage.

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Dès la lettre “a”, c’est le choc: des inconnus se sont glissés dans ma liste de contacts que je pensais pourtant triés sur le volet. Au premier nom inconnu au bataillon, j’ai blâmé une erreur de distraction, voire même, pourquoi pas, un virus informatique, mais quand d’autres gens connus ni d’Eve ni d’Adam sont apparus dans ma liste, j’ai dû me rendre à l’évidence: j’avais moi aussi pris Facebook pour Linkedin et ajouté des étrangers pour agrandir mon réseau. Ou plutôt, disons que je m’étais crue sur Myspace. Avant que Mark Zuckerberg ne le rende obsolète, ce réseau social précurseur m’était véritablement essentiel, et je n’avais de cesse d’ajouter des gens trop cool venus des quatre coins de la planète (soit pas mal d’emos internationaux, on était en 2005, c’était la mode). Or, sur Myspace, on jugeait la popularité à deux choses: le nombre de personnes qui nous mettaient dans leurs “top friends” (honneur suprême) et le nombre d’amis qu’on avait. C’était la période pré influenceuses professionnelles, mais il était toutefois possible de transformer un nombre de friends conséquent en un business lucratif, ainsi que l’a notamment fait Sophia Amoruso, la créatrice de Girlboss. Autant dire que quand j’ai rejoint Facebook (en me jurant naïvement que ça ne remplacerait jamais Myspace dans mon coeur), j’ai ajouté à tout va, et je me rappelle du plaisir perfide en découvrant que telle meuf que je ne pouvais pas blairer (mais que j’avais tout de même ajoutée) avait un nombre d’amis ridiculement petit. Sauf qu’en vrai, c’était elle qui avait tout compris.

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Tout en scrollant dans ma liste et en “unfriendant” à tout va, j’ai vite réalisé que ma liste d’amis Facebook ressemblait un peu à mon dressing: à force d’accumuler les brols, j’en passerais presque à côté de l’essentiel, ce qui a vraiment de la valeur. Au gré des photos miniatures qui défilent sur mon écran, je découvre qu’une meuf perdue de vue mais que j’avais toujours trouvée sympa en humanités est apparemment devenue maman. Et je ne ne l’ai pas vu passer à l’époque, parce que la nouvelle a probablement dû se noyer dans les vagues de publications insipides de gens dont je n’ai que faire. En réalisant que les bouffons se mélangent aux gens que je n’ai jamais supportés dans mes “amis” virtuels, j’hyperventile, parce que j’ai moi-même donné accès à ces trolls à tout ce que je poste. Oui, même les photos de vacances en bikini que j’ai tendance à croire réservées aux seuls yeux de mes proches, vu que les commentaires se limitent toujours à des emojis de la part de mon mec et l’un ou l’autre compliment adorable de ma mère (la seule à trouver mes pattes courtaudes dignes d’un “quelles jambes élancées ma belle” -maman si tu lis cet article je t’aime). Sauf que non, donc, il y a(vait) 800 personnes à les voir, et personne d’autre que moi à blâmer pour ça. L’espèce de narcissisme inconscient qui m’a poussée à les ajouter me filerait presque la nausée, tout comme la réalisation que ma liste de contacts est remplie de meufs que je déteste et que je garde uniquement pour pouvoir me gausser. Mon nettoyage virtuel me renvoie un reflet bien réel de ma psyché, et je ne peux pas dire que je sois ravie de ce que je vois.

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Heureusement, l’avantage, c’est que je peux débroussailler tout ça à toute vitesse, sans devoir rien expliquer à personne, un simple clic, et hop, tous ces gens disparaissent de ma vie. Pas besoin de me justifier, de leur dire que “ce n’est pas eux, c’est moi”, un simple mouvement du pouce, et adieu à jamais. J’en viendrais presque à souhaiter que la vraie vie soit si facile, puis je me rappelle que si je montrais mes fesses en bikini à de parfaits inconnus in real life, j’aurais probablement d’autres problèmes à gérer, à commencer par une réputation difficile à effacer. Disons que j’ai appris ma leçon.

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