““I Have a Message for You””: le témoignage bouleversant d’une rescapée d’Auschwitz
Cet hiver, la Cité Miroir à Liège a accueilli “World Press Photo” qui récompense chaque année les clichés les plus percutants du photo-journalisme. À la fin du parcours, le témoignage d’une rescapée d’Auschwitz nous a bouleversées.
En se promenant d’un bout à l’autre de l’exposition, on (re)découvre ce qui a fait l’actualité, mais surtout les histoires humaines qui se cachent derrière les faits. En toute inconscience, c’est cet aspect-là; l’humanité, qui nous bouleverse. Sans doute est-ce dans ce sens que l’expo a décidé de diffuser le témoignage d’une rescapée d’Auschwitz à la fin du parcours. De la même façon que les malheurs d’aujourd’hui créent des milliers d’histoires à photographier, le lieu le plus maudit de l’Histoire a fait émerger un million de récits de solidarité humaine.
Dans l’intimité d’un salon à Tel Aviv, une femme de 92 ans raconte son histoire, celle d’une Juive belge au temps d’Hitler. Assise dans son canapé, le regard franc, Clairette évoque deux moments qui marqueront sa vie à jamais. L’un lui alourdira son coeur de fille aimante et l’autre le libérera des années plus tard.
Belgique, 1940
La montée du mal atteint la Belgique. Après que sa soeur ait été envoyée dans un camp de travail dont elle ne reviendra jamais, Clairette, son père et son mari sont déportés vers le camp de Mechelen. Ponctué par des dessins graphiques, son récit nous amène dans le wagon d’un de ces trains de l’horreur où ils sont entassés comme des bestiaux. Tous trois le savent, ils vont vers une mort certaine. Pour sauver leur vie, une seule issue: il faut sauter.
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“I Have a Message for You” de Matan Rochlitz
Mais quelques jours dans des conditions inhumaines suffisent à son père pour tomber gravement malade, il n’est plus capable de fuir. Clairette ne veut pas le quitter. Son mari insiste, leur unique chance de survie s’amenuise au fur et à mesure que le train avance... Elle finira par se laisser convaincre par l’évidence et à sauter du train en marche, laissant son père derrière elle. La culpabilité ne la quittera plus.
Tel Aviv, 1962
Des années plus tard, Clairette se promène dans les rues de Tel Aviv accompagnée de son mari lorsqu’une inconnue lui tape sur l’épaule: “Clairette? Je vous cherche depuis 20 ans”. Elle et Clairette étaient dans le même wagon en 1942. Elle détient un message pour elle depuis tout ce temps, il lui vient de son papa. Dans un moment de lucidité avant de mourir, il a demandé à cette femme de retrouver sa fille et de lui transmettre ceci: “dites-lui que je suis le père le plus heureux qu’elle ait sauté du train”. Un moment suspendu grâce auquel les épaules de Clairette s’allégeront à jamais du poids de la culpabilité.
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