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Pourquoi le parti Islam fait peur aux femmes

Kathleen Wuyard

Ce mercredi, la Stib a annoncé avoir licencié Redouane Ahrouch, co-fondateur du parti Islam, au motif que ses idéaux étaient incompatibles avec ceux de l’entreprise. De son côté, un sénateur MR veut carrément faire interdire le parti en Belgique. Beaucoup de bruit pour rien, ou bien une menace réelle? On décrypte pour vous ce parti qui divise.


D’abord, le parti Islam, c’est quoi? Si son nom fait évidemment référence à la religion, c’est aussi un anagramme: Intégrité, Solidarité, Liberté, Authenticité, Moralité. Des valeurs dans lesquelles de prime abord, les citoyens belges peuvent tous se reconnaître. Mais quand on inspecte le programme du parti de plus près, ça se complique. Et pourtant, ça commence bien, sur son site, le parti affirme vouloir “recentrer la politique sur l’homme, ses besoins vitaux, sa dignité et la qualité de justice” et souligne également que “bien-être matériel et bien-être spirituel sont les deux perspectives à atteindre de notre idéal politique”. Sauf que si la politique du parti veut être centrée sur l’homme, la femme, elle, est mise de côté.

Séparation des hommes et des femmes


Pour Redouane Ahrouch, qui a co-fondé le parti, c’est bien simple: il est tout bonnement inconcevable qu’une femme soit tête de liste politique. Déjà là, on a envie de lui faire gentiment remarquer qu’on est en 2018, mais il ne fait malheureusement que commencer. Dans une interview accordée à RTL-TVI pour l’émission C’est pas tous les jours dimanche, il se lâche. Pas question de se faire maquiller par une femme avant de passer à l’écran, ni de serrer la main des chroniqueuses sur le plateau. Relativement inoffensif, certes. Sauf que sur le site du parti, entre autres propositions, on retrouve aussi la restriction de l’avortement ainsi que la légalisation de la polygamie et des mariages d’adolescents.

Programme politique halal


Car l’objectif à long terme du parti Islam n’est nullement dissimulé par ses fondateurs, qui affirme de faire de la Belgique un Etat islamique d’ici quelques décennies. Sachant que le parti veut également mettre en place des congés confessionnels, abroger les lois anti-voile ou encore faire en sorte que les écoles servent des repas halal, il n’en fallait pas plus pour que les commentaires racistes se déchaînent, avec en fil rouge, un message alarmiste : “‘ils’ veulent nous voler notre pays”. Si on laisse ce genre d’arguments aux petits esprits, difficile toutefois de passer outre les mesures clairement sexistes et rétrogrades que le parti veut mettre en place. Rappel à ceux qui l’auraient oublié: la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, et autant dire que notre liberté d’avorter, on n’est pas prêtes à la sacrifier. Heureusement, la perspective semble très lointaine, voire irréalisable.

Beaucoup de bruit pour rien


Parce que même si le parti Islam semble faire la une des journaux chaque semaine et que certains, Olivier Maingain en tête, veulent le faire interdire, la vérité, c’est que la loi belge ne permet pas d’interdire des partis extrémistes. En plus, selon Lionel Remy, un doctorat de l’UCL qui s’est immergé 5 mois au sein du parti et s’apprête à sortir un livre à son sujet, les idées extrêmes avancées par le programme d’Islam sont loin de séduire l’ensemble de la population musulmane de Belgique. Considéré comme un “doux dingue”, Redouane Ahrouch jouerait aussi volontairement de la provoc’, utilisant sciemment des mots tels que “charia” dans les médias pour s’assurer de faire un maximum de bruit autour de son parti. Beaucoup de bruit pour rien: bien que le parti ait été fondé il y a 6 ans, les sondages politiques de La Libre le créditent à 2% des intentions de vote en région de Bruxelles Capitale, et une présence inexistante en Flandre et en Wallonie. Alors, faut-il avoir peur du parti Islam? L’état islamiste de Belgique est encore bien loin. Tout comme les velléités sexistes et dangereuses pour les femmes que défend le parti – tant mieux, on compte bien sur le fait que ça reste ainsi.

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