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© Friends making selfie at the summer festival; Shutterstock ID 662405452

Et si Coachella incarnait tout ce qui va mal à notre époque?

Kathleen Wuyard

Ce week-end, c’était le premier rendez-vous de l’édition 2018 de Coachella, l’occasion pour les participants (et les autres) de s’adonner à une overdose d’exhibitionnisme, narcissisme, FOMO et autres jalousies 2.0. Et puis l’occasion de se demander, aussi, si ça ne va pas (beaucoup) trop loin tout ça.


Une question rhétorique, dont la réponse est donnée par les vidéos du live de Beyoncé. Samedi soir, Queen B signait un retour triomphant à la scène après plus d’un an sans concert, en devenant la première femme afro-américaine à être tête d’affiche du festival. Un événement d’autant plus historique qu’elle a été rejointe sur scène par ses copines des Destiny’s Child Kelly et Michelle le temps d’interpréter Say My Name. Sachant que le trio n’avait plus chanté ensemble depuis 2003, le moment méritait encore plus d’être savouré. Alors, grosse fête, transe collective, communion musicale de ces milliers de privilégiés en train de se trémousser sur un tube de légende? Non. Parce que danser, forcément, ça implique de bouger. Or quand on bouge, on filme flou, et au vu de l’écran d’écrans de smartphones qui se sont levés dans les airs dès que les Destiny’s Child sont apparues sur scène, les festivaliers étaient tous vachement plus occupés à filmer qu’à profiter. Bienvenue en 2018, l’ère du “Picture or it didn’t happen”.

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Et au vu du flot de photos qui se sont déversées sur les réseaux sociaux, difficile de douter que Coachella ait bien eu lieu. Un temps confidentiel et réservé aux cool kids de Californie, Coachella brasse désormais des festivaliers venus du monde entier. Pour son affiche ultra pointue, certes, mais aussi pour tout le cirque autour des concerts, à commencer par le dresscode, qui devient une caricature de lui-même au gré des années. La parfaite panoplie de la meuf qui se rend à Coachella? Cheveux tressés avec des fleurs négligemment plantées dedans, maquillage pailleté, tenue qui expose un maximum de peau, avec des franges quelque part si possible, et bottes de motard pour compléter le tout. Un look qu’il est désormais d’autant plus facile de répliquer qu’outre les dizaines de milliers de photos de #Coachella postées, certaines chaînes de Fast Fashion propose un rayon dédié au look du festival chaque année. Et ce, même si le magasin en question se trouve à Herstal et que la seule plaine que risque de voir votre tenue assemblée minutieusement est celle de la Préalle.

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Car désormais, il n’y a même plus besoin de se rendre à Coachella pour s’adonner à l’hystérie collective qui entoure le festival. Sur Instagram, le hashtag #Nochella compte plus de 65 000 publications, entre photos de coiffures alambiquées et de mini-shorts frangés, le tout arrosé de cocktails colorés. Qu’importe le festival pourvu qu’on ait l’ivresse. Sauf qu’à force, Coachella donne tout de même un sacré sentiment de gueule de bois. Même si ça peut sembler dur à croire, fût un temps il n’y a pas si longtemps ou le look de festival était une variante légèrement plus rock de l’uniforme scout, la couche uniforme de poussière sur la peau en guise de maquillage pailleté. D’ailleurs, à cette époque là, pas de chance, mais faute de smartphones, on était obligés de regarder les concerts avec ses yeux, et si c’était une chanson qu’on adorait, on n’avait aucune excuse pour ne pas se dandiner. C’était moins joli, peut-être, mais qu’est-ce que c’était chouette.

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