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Elle dénonce la pression des mères sur les childfree et déclenche un tollé

Kathleen Wuyard

Entre les remarques “bienveillantes” de l’entourage et le regard pesant de la société, être childfree ressemble parfois à un vrai chemin de croix. Comme lorsque des copines, mamans, envoient des messages d’anniversaire accompagnés de photos de leurs bébés, “pour montrer ce que tu rates”. Une situation dénoncée sur le compte Instagram Bordel de Mères, qui a déclenché un véritable tollé sur les réseaux sociaux.


Journaliste mode passée notamment par les pages de Cosmopolitan ou Biba, Fiona Schmidt a vécu un déclic à la lecture de “Bad Feminist”, de Roxane Gay, qui l’a poussée à devenir une cybermilitante engagée en faveur des droits des femmes. Notamment, leur droit à ne pas vouloir d’enfant. Une évidence encore (très) difficile à comprendre pour certain.e.s, ainsi qu’elle le dénonce dans son ouvrage “Lâchez-nous l’uterus: en finir avec la charge maternelle”, paru chez Hachette, mais aussi sur le compte Instagram Bordel de Mères, recueil de témoignages dénonçant les préjugés et injonctions concernant la maternité et la non maternité.

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Dans un post publié ce samedi 11 juillet, Fiona relate le message envoyé par une jeune femme childfree, qui commence par la remercier pour ce compte “qui fait un bien fou”, avant de lui raconter la situation désagréable dans laquelle elle se trouve. “Je viens d’avoir trente ans hier, et je ne pense pas vouloir d’enfant. J’adore mon travail où je côtoie énormément d’enfants, mais je ne veux pas en avoir. Mais hier, j’ai eu 30 ans, et toutes mes amies qui sont mamans m’ont envoyé des messages avec des photos de leurs gosses”.

Pourquoi? Est-ce qu’elles essaient de me faire passer un message? Ressentent-elles le besoin de me montrer qu’à 30 ans, elles sont déjà mamans et moi toujours pas? Je voulais partager cette pression de l’âge, et non, ce n’est pas en me noyant sous les photos de vos enfants que j’aurai envie d’en avoir”.


Message auquel Fiona confie qu’elle pourrait “écrire un livre rien que sur les techniques employées par les mères ou futures mères pour exorciser les femmes qui ne veulent pas d’enfant malgré des rappels à la procréation quotidiens…Parmi elles, cette méthode étrange qui consiste à mettre la récalcitrante en contact prolongé avec des bébés, réels ou en photos, un peu comme si les nourrissons étaient la chloroquine de cette forme de Covid mental qu’est le refus d’enfanter”. Une publication likée plus de 3 000 fois à l’heure d’écrire ces lignes, attirant certains commentaires bienveillants et témoignages similaires, mais aussi pas mal de réactions outrées.

Des commentaires violents


Tant et si bien que l’auteure du message a confié à Fiona être “abasourdie par la violence des commentaires”, confiant ne jamais avoir pensé déclencher ça, certains commentateurs n’ayant pas hésité à la traiter de “parano”. “Sur près de 400 personnes qui ont commenté son post, il y en a à peine 10 qui ont tenté de se mettre à sa place sans la juger. Les autres l’ont plus ou moins diplomatiquement traitée de parano, lui ont reproché d’être braquée, de « mal interpréter », de ne pas être au clair avec ses choix (comme s’ils étaient par essence pas clairs), d’autres encore lui ont conseillé de prendre du recul, de ne pas se sentir agressée pour rien, de se mettre en question…” dénonce Fiona Schmidt alias Bordel de Mères.

Au lieu d’essayer de comprendre son point de vue à elle, 95% d’entre vous lui ont expliqué le point de vue de ses copines, comme si elle n’était capable de comprendre toute seule que leur intention est bonne, et comme si c’était le sujet. Pourtant la témoin ne dit pas « leurs intentions sont mauvaises », elle dit ‘leurs intentions me font me sentir mal'”.


Une distinction visiblement compliquée à comprendre, touchant au tabou de la nulliparité et au choix, toujours largement incompréhensible pour la majorité de la société, d’être childfree. “Ne pas douter de ses choix dans une société persuadée que ces choix sont douteux tout en m’accusant d’être paranoïaque, psychorigide ou trop sensible lorsque j’explique mon ressenti, c’est un combat quotidien dont la plupart des gens minimisent l’effort qu’il requiert” dénonce encore la journaliste et essayiste.

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Et de rappeler que malheureusement, “ne pas vouloir d’enfant dans une société où la maternité est à la fois une norme, un modèle et une valeur morale, c’est un peu comme vouloir faire partie d’une macédoine quand on est une courgette”. Une comparaison qui peut prêter à sourire, mais qui cache une réalité indigeste: “vous avez à tolérer les remarques de la macédoine, mais la macédoine n’a jamais à tolérer les vôtres, vous avez le droit de parler de votre expérience de courgette, mais dans les limites strictement imparties par la macédoine”. Et une commentatrice de souligner que la violence du débat l’attriste, “parce qu’on a encore tellement de boulot à faire niveau sororité”. À commencer par lâcher l’utérus aux autres, donc.

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