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© Amal Hussain, 7, who suffers from severe acute malnutrition, lies in a bed at a mobile clinic run by UNICEF in Aslam, Yemen, on Oct. 18, 2018. The Saudi-led war in Yemen has pushed millions to the brink of starvation. (Tyler Hicks/The New York Times) *** Local Caption *** MIDDLE EAST YEMEN WAR CONFLICT CIVILIAN CIVILIANS CHILDREN CHILD GIRL STARVING

Ces photos de la famine au Yémen sont insoutenables, mais il ne faut surtout pas détourner le regard

Kathleen Wuyard

Depuis 2015, le Yémen est déchiré par la guerre, avec pour conséquence une famine dont les principales victimes sont les 5 millions d’enfants yéménites. Des enfants dont le New York Times a tenu à montrer les corps squelettiques, pour mettre un visage sur la catastrophe et attirer l’attention sur le besoin urgent d’aide.  Mais Facebook ne l’a pas entendu de cette oreille.


En couverture du prestigieux quotidien new-yorkais, une fillette de 7 ans, Amal Hussain. Le regard vide, la posture recroquevillée, elle semble avoir une tête trop lourde pour son corps, que le manque de nutrition a transformé en squelette recouvert de peau. Sa cage thoracique protubérante est particulièrement difficile à regarder, et pourtant, prendre le temps de regarder Amal en face est extrêmement important. Parce que pendant que les journaux belges enchaînent les gros titres sur les élections, le prix du carburant ou encore la dernière frasque de Donald Trump, une catastrophe humanitaire est en train de se produire au Yémen, et on n’en parle pas. 5 millions d’enfants au moins sont en train de mourir de faim, et leur calvaire est largement passé sous silence en Occident. D’où la nécessité de la une du New York Times, aussi pénible soit elle à regarder. En ces temps d’informations virales qui circulent à travers la planète en quelques clics, on comprend d’autant mieux la nécessité d’utiliser des images choc. Trop choquantes pour Facebook, visiblement, qui a d’abord refusé que l’article y soit partagé.

Regarder l’horreur en face


Lorsque l’article a été mis en ligne par le quotidien le 27 octobre, les plaintes d’internautes se sont rapidement multipliées. Pas parce qu’ils étaient choqués par le contenu ou les images utilisées, mais bien parce qu’ils étaient dans l’incapacité de le partager sur Facebook, la plate-forme supprimant les partages. La raison? La photo d’Amal enfreint les règles du réseau, qui interdit la publication de mineurs dénudés. Pris à témoin, Facebook a restauré tous les partages qui avaient été supprimés. De son côté, le New York Times a tenu à expliquer sa décision de publier ces clichés.

Ces images révèlent l’horreur qu’est le Yémen aujourd’hui. Vous pouvez choisir de détourner le regard. Mais nous avons estimé que cette décision vous appartenait.


Et la date de publication n’est pas anodine, puisqu’avec l’assassinat barbare du journaliste Jamal Khashoggi, tué et démembré au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, tous les yeux sont tournés vers l’Arabie saoudite. Or le conflit qui ravage le Yémen depuis 2015 oppose les rebelles houthistes (soutenus par l’Iran) à une coalition menée par l’Arabie saoudite.

Depuis le début du conflit, le pays a plongé dans une crise humanitaire sans précédent. En cause, le blocus aérien, terrestre et maritime, imposé par la coalition saoudienne en violation totale du droit international humanitaire, et à cause duquel il est quasiment impossible de faire parvenir vivres et médicaments aux civils. Résultat: selon l’ONU, 21 millions de personnes (sur 30 millions d’habitants, soit 70% de la population) ont un besoin d’aide humanitaire urgente, sept millions sont au bord de la famine, et un million sont malades du choléra, la guerre civile ayant permis une résurgence de la maladie. Plus préoccupant encore: un enfant meurt toutes les dix minutes. L’un d’eux, Wadah Askri Mesheel, un bébé de 11 mois, est mort quelques heures seulement après avoir été photographié par Tyler Hicks pour le New York Times.

Pire crise humanitaire de la planète


Si le quotidien a réussi à attirer l’attention de manière spectaculaire sur ce que les Nations Unies qualifient de “pire crise humanitaire de la planète”, s’indigner et partager l’article sur les réseaux ne suffit pas. Pour avoir un impact, et tenter de venir en aide comme on le peut à ces victimes innocentes, on peut faire un don. L’UNICEF fait notamment partie des associations qui s’impliquent pour aider les enfants yéménites, tout comme le HCR ou Action contre la faim. Et il n’y a pas besoin d’être financièrement aisé pour avoir un impact: ainsi que le souligne le PAM, le service d’aide alimentaire de l’ONU, 20 centimes d’euros suffisent à remplir une tasse rouge dans laquelle le Programme alimentaire mondial sert ses repas scolaires. Autrement dit, un don de 35 euros permet de nourrir un écolier pendant toute une année scolaire. Ils s’appellent Amal, Shaher ou Bassam, et on a le pouvoir de les aider, avant qu’il ne soit trop tard.

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