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““Cash Investigation””: l’enquête édifiante sur le coton bio

Justine Rossius

Hier soir, on découvrait avec stupéfaction l’enquête de “Cash Investigation” sur le coton bio qui compose nos vêtements. Un reportage aux résultats édifiants.


 

On le sait: tout n’est pas tout rose au pays du textile. Le deuxième secteur le plus polluant après le pétrole est également connu pour être désastreux envers les droits humains. Mais qu’en est-il, finalement, du coton bio ou “éthique”, label affiché de plus en plus par les vêtements des grandes chaînes? Elise Lucet a décidé de se pencher sur cette question et c’est bouche bée que nous avons découvert les résultats de son enquête.

 

Pour ce reportage, l’équipe de Cash Investigation a remonté la chaîne de production de nos vêtements, de la récolte du coton à la confection et la commercialisation des vêtements. C’est là qu’on découvre, qu’en Ouzbékistan notamment, le secteur de la récolte du coton met au travail des enfants de 11 à 14 ans. Dans des conditions atroces au demeurant. Rien d’étonnant quand on sait que le commerce du coton représente 37 milliards d’euros par an pour les négociants et que l’Ouzbékistan mobilise annuellement plus d’un million de personnes pour sa récolte… mais à quel prix? En visitant le pays en octobre 2016, la journaliste Sandrine Rigaud d’est rendue compte que les médecins, les infirmières ou encore les étudiants du pays étaient embrigadés de force dans la récolte.

 

Mais où va le coton?


Après avoir constaté avec effroi ces conditions de vie déplorables, les journalistes de France 2 ont tenté de savoir où allait ensuite ce coton ouzbek. Résultat? 60 % est acheté par le Bangladesh. Cap sur le Bangladesh donc et plus spécifiquement sur les usines de filature où les conditions des travailleurs sont effarantes et où il n’est pas rare de voir travailler des enfants âgés de 11 ans. Au fil de leur enquête, les journalistes ont constaté qu’il était extrêmement compliqué de savoir d’où venait le coton de nos vêtements. Simplement parce qu’une fois filé, les entreprises en perdent sa trace, car l’indication de la provenance du coton n’est pas du tout obligatoire. Pourtant, l’enquête révèle que les grandes marques de vêtements (Zara, H&M…) utilisent bel et bien du coton ouzbek. Et le pire… c’est que de plus en plus de marques se vantent de boycotter ce coton.

 

Un label pas si green


De nombreuses marques affichent aussi le label “BCI” pour “Better Coton Initiative” sur leurs étiquettes. Étiquettes vertes, évidemment, parce que le green, c’est chic. Un engagement qui “garantirait” moins de pesticides et qui encouragerait l’agriculture biologique. En vrai, aucune contrainte réelle ne s’applique à cet engagement. Par exemple – incroyable mais vrai – une entreprise engagée à acheter du BCI n’est en réalité pas du tout obligée d’utiliser du coton bio dans le travail de filature. “Cash Investigation” prouve ainsi qu’il est tout à fait possible que vous achetiez du coton écoresponsable comportant des pesticides et issu du travail forcé dans les champs ouzbeks. Et les conséquences de ce nouveau “fake label” sont dramatiques: depuis l’avènement du BCI dans les années 2009-2010, l’agriculture biologique chute dangereusement passant de 241 700 tonnes en 2010 à 109 800 tonnes en 2013; les entreprises leur préférant le coton BCI. N’est-ce pas trop flagrant pour être une simple coïncidence?

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