Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…

Banksy dénonce les ravages du tourisme de masse et coule les croisières au passage

Kathleen Wuyard

De passage à la Biennale de Venise, l’artiste engagé Banksy a forcément laissé sa marque sur la Sérénissime, notamment grâce à une oeuvre percutante qui dénonce les ravages du tourisme de masse. Le rêve, une croisière? Plutôt un vrai cauchemar pour la planète (et votre santé).


Kotor, été 2018. Une fin de journée ensoleillée, à paresser en bord de mer, les orteils dans l’eau et le panorama pittoresque de la baie en toile de fond. Soudain, plus de soleil ni de jolie vue. Nuit tombée sans crier gare, orage? Non, plutôt, l’arrivée dans la petite baie paisible d’un gigantesque paquebot de croisière, grand comme plusieurs immeubles, et suffisamment imposant pour faire de l’ombre à tous les baigneurs qui profitaient des derniers rayons de la journée. Un spectacle quasi quotidien, à Venise, où les gondoles traditionnelles sont forcées de partager la lagune avec des paquebots surdimensionnés, aux dépens de la ville. Avec sa dernière oeuvre, Banksy dénonce la situation: intitulée “Venice in Oil”, elle marie plusieurs petits tableaux pour former un grand paquebot, et son nom est tout sauf anodin, “Venise à l’huile”, c’est un clin d’oeil à la peinture utilisée, mais aussi et surtout à la pollution engendrée par ces monstres marins.


L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Un navire de taille moyenne (on ne parle donc même pas ici des paquebots mastodontes) utilise jusqu’à 150 tonnes de carburant quotidiennement, ce qui équivaut à la consommation d’un million de voitures. Oui, un million, vous lisez bien. Une autre enquête, réalisée pour l’émission britannique Dispatches, a également révélé que 30 bateaux de croisière produiraient autant de pollution que toutes les voitures du Royaume-Uni. Et les naufrages du tourisme maritime de masse ne s’arrêtent pas là. Alors que les récifs coraliens sont menacés, le passage de ces gigantesques bateaux achève parfois de les détruire, comme ce fût notamment le cas en Indonésie en 2018. Et les dangers pour l’environnement engendrés ne sont rien à côté des dangers pour la santé.

Faire une croisière, c’est chouette: le dépaysement est total, on voit des paysages incroyables, et en prime, on se fait du bien en respirant le bon air marin. Sauf que ce dernier point est malheureusement tout sauf vrai, au contraire. En effet, grâce à un outil mesurant la pollution, l’équipe de Dispatches a réalisé que pour un bateau pouvant transporter 2000 personnes, le taux de particules fines s’élevait à 84 000 par cm³ sur le pont. Pire encore: ils ont également établi que le taux de particules fines atteignait les 144 000 par cm³ près des cheminées du bateau, avec un pic pouvant atteindre 226 000. Des volumes équivalents à ceux qu’on retrouve dans les villes les plus polluées du monde, et qui poussent le Docteur Matthew Loxham à tirer la sonnette d’alarme.

Une exposition de courte durée peut causer des problèmes respiratoires, notamment chez les personnes asthmatiques ou celles souffrant de maladies cardiovasculaires.


Et c’est sans parler des risques pour les membres d’équipage, qui y sont eux exposés régulièrement.

Mettre les voiles


On comprend mieux, donc, que Banksy dénonce. D’autant qu’à Venise, les ravages du tourisme de masse sont particulièrement visibles. Outre la pollution engendrée par les paquebots, ces derniers fragilisent également les fondations mêmes de Venise, qui est entièrement bâtie sur pilotis. De l’autre côté de l’océan, l’Australie donne l’exemple: après que les résidents se soient plaints que les émissions affectaient leur santé, le gouvernement australien a en effet récemment adopté un règlement qui oblige les navires de croisière dans le port de Sydney à utiliser du carburant à faible teneur en soufre. Autre idée, plus radicale, certes: rendre à la croisière ses lettres de noblesse, et permettre tant aux amateurs qu’à la planète de respirer en favorisant les croisières en catamaran ou en voilier.

Lire aussi:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires