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© DENVER, CO - APRIL 19 : Protesters gathered at the Colorado State Capitol Sunday to oppose the state"u2019s stay-at-home order and other social distancing restrictions implemented amid the novel coronavirus pandemic. April 19, 2020. (Photo by Hyoung Chang/MediaNews Group/The Denver Post via Getty Images)

Aux USA, les manifestants préfèrent la liberté à la sécurité aux dépens des soignants

Kathleen Wuyard

On peut toujours compter sur Donald Trump pour nous surprendre, en mal. Dernier exemple en date: alors que la pandémie de Coronavirus fait rage aux Etats-Unis, le locataire de la Maison Blanche a appelé à “libérer” les Etats confinés. Et le virus avec? Pas si les soignants peuvent l’en empêcher.


“Libérez la Virginie!”. “Libérez le Michigan!”. “Libérez le Minnesota!”. Postés en capslock sur Twitter, ces messages ne proviennent pas d’un sombre complotiste mais bien de Donald Trump lui-même, dont on pourrait penser, à tort, qu’il serait mieux informé. Car si, techniquement, l’obligation de confinement enfreint la liberté chérie des Américains, c’est pour la bonne cause, soit éviter que le Coronavirus ne s’y propage encore plus, alors qu’on y dénombre actuellement plus de 820.000 cas confirmés. Un bilan qui ne fait pas mine de ralentir: ces dernières 24h, le pays de l’Oncle Sam a enregistré 2.700 morts, un macabre record. Et pourtant, son Président, dont on pourrait croire qu’il voudrait mener ses citoyens vers la sûreté, appelle à la révolte anti-confinement, avec tous ses dangers. Quelques heures seulement après sa série de tweets, diverses plages de Floride étaient bondées, tandis qu’au Texas ou dans le Maryland, des centaines de citoyens ont répondu à l’appel, manifestant avec leurs armes à feu pour montrer l’étendue de leur mécontentement.

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“La liberté plutôt que la sécurité”


Dans le New Hampshire, où le gouverneur démocrate a imposé un confinement au moins jusqu’au 4 mai, environ 400 manifestants, dont certains cagoulés et armés, se sont rendus devant le Parlement pour manifester. Un mouvement qui a rapidement fait des émules dans d’autres Etats, les slogans inscrits sur les panneaux des manifestants inspirant un mélange de consternation et d’incompréhension dans un des pays les plus atteints par la pandémie: “n’annulez pas notre saison de golf”, “on veut aller chez le coiffeur” ou encore “je préfère la liberté plutôt que la sécurité”. Chacun ses priorités, et les soignants, qui se battent pour endiguer la courbe et sauver les malades ne sont pas amusés.

À Denver, dans le Colorado, où des centaines de manifestants libertariens se sont réunis pour réclamer le déconfinement, des soignants ont organisé une contre-manifestation puissante, se postant en tenue de travail et masque de protection devant les voitures des manifestants pour bloquer leur passage. Et les protéger malgré eux, ce type de rassemblement étant évidemment dangereux puisqu’ils constituent des foyers de propagation pour un virus qui ne finit pas de s’en prendre à la population.

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Et si ces manifestations ont fait grand bruit, elles ne sont toutefois pas symptomatiques de l’état d’esprit du pays: un sondage réalisé par le Pew Research Center et diffusé le 16 avril dernier révèle ainsi que 66% des Américains s’inquiètent de voir le confinement levé trop tôt, et ce, malgré l’impact économique de ce dernier. Alors que le locataire de la Maison Blanche donne le mauvais exemple, dans l’Etat de New-York, épicentre de l’épidémie aux States, avec près d’un tiers des cas confirmés, le gouverneur démocrate Andrew Cuomo a dénoncé l’attitude de Donald Trump.

Bien sûr que le confinement est difficile émotionnellement et désastreux économiquement, mais comment la situation peut-elle empirer, et rapidement? En politisant toute cette émotion. Et nous ne pouvons pas nous le permettre”.


D’autant moins qu’ainsi qu’a mis en garde Robert Redfield, directeur du Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), dans une interview au Washington Post; outre-Atlantique, la deuxième vague du Coronavirus, qui devrait coïncider avec l’épidémie de grippe saisonnière, pourrait être plus mortelle encore que celle-ci.

Il existe une possibilité pour que l’assaut du virus contre notre pays l’hiver prochain soit en fait encore plus difficile que celui que nous venons de vivre”.


Et d’appeler les citoyens américains à se faire vacciner contre la grippe avant l’hiver prochain. Pas gagné, dans un pays où le mouvement anti-vaccins est solidement ancré, à tel point que l’OMS a envisagé en 2019 de retirer les États-Unis de la liste des pays ayant éradiqué la rougeole. Et pourtant, ainsi que le rappelle Robert Redfield, le vaccin contre la grippe “pourrait libérer un lit d’hôpital pour votre mère ou votre grand-mère si elle contracte le Coronavirus”.

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