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Attaque chimique en Syrie: 3 raisons qui font qu’on est toutes concernées

Kathleen Wuyard
Le 4 avril, une attaque chimique a eu lieu à Khan Cheikhoun, au nord-ouest de la Syrie. Une attaque attribuée au gouvernement de Bachar al-Assad. Au-delà des images insoutenables qui circulent depuis 2 jours, 3 raisons pour lesquelles  ce massacre nous concerne toutes. 

Mardi dernier, Abdul Hamid al-Youssef a perdu sa femme Dala et ses jumeaux de 9 mois, Ahmed et Aya, ainsi que 19 autres membres de sa famille. Ils ont tous été tués dans une attaque au gaz sarin attribuée au régime de Bachar al-Assad. Depuis, la photo d’Abdul avec les petits corps de ses enfants dans les bras fait le tour du monde, rappelant l’image tragique d’Alan, le garçonnet syrien échoué sur une plage turque. Pas besoin d'être parent pour trouver l'image insoutenable. Dans les bras de leur papa, Ahmed et Aya ont l'air endormis, ils ne se réveilleront jamais: le gaz sarin attaque le système nerveux et fait mourir ses victimes dans d'atroces souffrances, entre spasmes musculaires et asphyxie. Une douleur à laquelle il est impossible de rester indifférent. Au-delà du choc des photos, 3 raisons pour lesquelles cette attaque chimique est catastrophique, et pas seulement en Syrie. 

 

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1. Parce que c’est une violation complète des conventions internationales

Depuis l’entrée en vigueur de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC) en 1997, la mise au point, la fabrication, le stockage et bien entendu l’utilisation d’armes chimiques sont interdites sur la scène internationale. Pourquoi? Au-delà des morts atroces causées par les gaz et les produits chimiques (paralysie, asphyxie,...), ce type d'armes cause également de nombreuses victimes supplémentaires. En cas d'attaque chimique, les civils souffrent autant que les cibles militaires. Bien qu’ayant rejoint la CIAC en 2013, le gouvernement syrien semble l’avoir oublié. La porte ouverte à d’autres attaques chimiques en dehors de la Syrie?

 

2. Parce que l'attaque risque de mettre le feu aux poudres avec les Etats-Unis

Depuis l’élection de Donald Trump, et son accession au rang convoité des plus puissants de ce monde, chaque jour, la planète retient son souffle. Il faut dire que les cicatrices des guerres lancées en Irak et en Afghanistan par le dernier président US républicain, George W. Bush, sont encore trop fraîches, et leurs retombées, trop douloureuses à affronter.  La dernière chose dont la région a besoin: que l’armée américaine ne vienne mettre son grain de sel en Syrie, où la guerre dure depuis plus de 6 ans et a déjà fait des centaines de milliers de morts. Et pourtant: suite à l’attaque chimique de mardi, l’administration Trump a menacé le régime syrien d’action unilatérale pour punir ces "actes odieux qui ne peuvent plus être tolérés". Entre les Etats-Unis et la Syrie: l’océan, certes, mais l’Europe, aussi. De là à imaginer qu'un conflit opposant Syrie et USA pourrait rejaillir en Europe ? Une possibilité réelle qui fait froid dans le dos. 

 

3. Parce que cela pourrait réveiller les rivalités de la guerre froide

Trump et Vladimir Poutine ne s'en cachent pas, ils sont copains comme cochon. Ou en tous les cas, ils l'étaient. Suite à la diffusion des images de l'attaque chimique, le gouvernement Trump a réagi fermement, qualifiant l'attaque "d'affront à l'humanité". Et en a profité pour tacler au passage la Russie, alliée de longue date du régime de Bachar al-Assad. Nikki Haley, l’ambassadrice américaine auprès des Nations-Unies a ainsi affirmé que "Donald Trump voit la Russie comme un problème. Après la Crimée et l’Ukraine, les Russes essaient de couvrir Bachar al-Assad et ce sont des choses que nous n’allons pas laisser passer". Après le retour de l’utilisation des armes chimiques, celui de la guerre froide? Une perspective glaçante qui n’est malheureusement pas à écarter. 
 

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