““LE POINT G”” épisode 94: la chronique sexo de Gaëlle

L’autre jour, on avait une discussion sur Skype entre copines qui tournait autour du sexe. On voulait tenter la fameuse mode des e-peros; s’appeler en vidéo pendant l’apéro. Il n’y a rien à faire, quand on a un verre dans le nez, on finit toujours par y venir. Et on n’y va pas avec le dos de la cuillère. Un peu plus survoltée que les autres, une de mes amies se marre en expliquant que lors de sa dernière nuit d’amour, son copain s’est “trompé de trou”. Sur le coup, on a toutes rigolé puis posé des questions en ricanant de plus belle. “Oh noooon!”, “Mais comment c’est possible?” Puis, on a enchaîné avec des sujets qui tournaient autour du trou du balle. Une douce soirée délicate, vous vous en doutez. Sauf qu’après avoir raccroché, j’ai commencé à m’interroger sur la question.

Ce n’est pas la première fois que j’entends ce genre de témoignages de sodomie par inadvertance et je dois bien avouer que je ne comprends pas.

Sérieusement, comment est-ce possible de se tromper de trou ? Je réfléchissais à mon expérience personnelle. Il est vrai que parfois, ça peut glisser et aller titiller l’entre-fesses une demi-seconde. Mais de là à carrément entrer dedans par accident, je crie au mensonge. C’est tout bonnement impossible. Il y en a forcément un des deux qui fait passer le geste pour une erreur alors qu’il n’en est rien.

Volonté de tâter le terrain ou d’essayer sur un malentendu une nouveauté, je n’étais pas là pour le voir.

Mais croire sur parole toutes ces personnes qui racontent cette même histoire me semble un peu cocasse. Tout simplement parce que c’est très compliqué, voire impossible, qu’un anus soit suffisamment dilaté pour permettre une pénétration sans préparation et sans éviter de grandes souffrances. Déjà pour la pénétration lambda, c’est parfois un combat pour y arriver du premier coup. Combien de fois ne doit-on pas saisir le membre de Monsieur parce qu’il ne parvient pas à trouver son chemin? “C’est bon, laisse-moi faire!”, a-t-on alors tendance à dire, un peu exaspérées par les problèmes de Tetris.

D’ailleurs, je me suis toujours demandé si c’était un truc commun, ce problème d’imbrication. Dans les films, les amants se jettent l’un sur l’autre et ça rentre comme dans du beurre, sans les mains. Combien de fois n’ai-je pas vu, dans une série, un homme rentrer dans la douche pour surprendre sa copine et la pénétrer sur le champ alors qu’elle se lave les cheveux. La blague! Quand je me compare dans la même situation, sous la douche, à me contorsionner dans tous les sens, en mettant un pied sur la baignoire, puis finalement à glisser et à me pencher en avant, l’air de rien, pour faciliter la manœuvre, je suis sûre qu’on nous fait croire des choses impossibles à la télévision.

Ou alors, je me trompe complètement et je veux bien connaître votre marque de savon ! Par curiosité, j’ai tapé “je me suis trompé de trou” sur Google. Et sans surprise, j’ai trouvé des centaines de témoignages plus loufoques les uns que les autres assurant que ça s’était “réellement produit”. Beaucoup se plaignaient de douleurs ou posaient des questions sur un risque de grossesse éventuelle. Je me demande si finalement toutes ces histoires ne nous rappellent pas simplement que la sodomie est encore un énorme tabou. Alors que je pense qu’elle est bien plus pratiquée qu’on ne le croit. Mais, je peux vous dire que le jour où Ben se trompera de trou “par erreur” n’est pas encore arrivé.

Chaque semaine dans votre magazine, retrouvez la chronique de Gaëlle: Le Point G.

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