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““LE POINT G”” épisode 47: la chronique sexo de Gaëlle

La rédaction

Gaëlle, 27 ans, a passé huit ans de sa vie en couple. Mais après plusieurs déceptions, même si elle n’abandonne pas sa quête de l’amour avec un grand A, elle a décidé de se laisser vivre sans pour autant se priver des plaisirs de la chair. Elle compte bien découvrir les joies du sexe sans tabou et mener des expériences sans avoir froid aux yeux.


L’autre jour, je mangeais avec mes voisins. On se retrouve toujours au début de l’année autour d’un bon repas pour ressouder les liens du voisinage. Ce dîner-là est un peu particulier. On accueille un nouveau gars dans l’immeuble, qui habite désormais juste en dessous de chez moi.

Mes voisins l’ont invité pour qu’on puisse faire connaissance. Autour d’un apéro, chacun se présente à Valentin. Lui, c’est un artiste. Il réalise des films, construit des trucs, décore des salles. Il aime toucher à tout et le fait bien, visiblement. Quand vient mon tour, il me demande avec grand intérêt ce que je fais dans la vie.

J’écris des chroniques pour un magazine”.


Je ne tenais pas à étaler ma vie professionnelle, ni privée d’ailleurs, à un parfait inconnu. Mais Francis et Louis, le couple du rez-de-chaussée, ne l’entendent pas de cette oreille. “Ne sois pas si modeste enfin! Dis-lui que tu es la reine du sexe!”

La reine du sexe… Je ne m’attendais pas à une telle description.


“Non, mais ce n’est pas que du sexe. J’aborde mes histoires privées et j’essaye d’en tirer des leçons, de me questionner sur la sexualité en général. Elle est pleine de facettes différentes“. Je me défends comme je peux, mais tous sont déjà partis dans un délire collectif à m’imaginer en petite tenue.

Au bout de quelques verres, Valentin remet même l’histoire sur le tapis. “C’est vrai que je t’ai déjà entendue quelques fois et je me suis dit que tu devais bien t’amuser”. Vous n’imaginez pas dans quel état je me sens à ce moment précis. Ma vie sexuelle étalée sur la table, et tout le monde semble s’en amuser.

“Et il y en a beaucoup comme ça? Qui défilent chaque semaine? J’imagine que tu dois les alimenter, tes chroniques. Et de ce que j’ai entendu, les grognements ne viennent pas toujours de la même personne”. Le rire gras qui accompagne ses propos m’irrite profondément.

Je perds patience et sors de mes gonds. “Mais qu’est-ce que ça peut te faire? Tu devais bien t’ennuyer pour tendre l’oreille jusqu’au plafond!” C’est plus fort que moi. Je ne peux pas me retenir.

S’il y a bien une chose que je ne supporte pas, c’est le jugement sur la sexualité.


Qu’est-ce que ça peut faire que je m’envoie en l’air? Est-ce à ce point anormal pour qu’on ressente le besoin de partager cette information avec d’autres? J’ai l’impression qu’avec le temps, la normalité de la sexualité (parce que j’insiste, faire l’amour, c’est normal) a créé un malaise auprès de ceux qui ne baisent qu’une fois par an. Je ne veux pas faire de généralité. Tout le monde ne réagit pas comme ça, bien sûr.

Mais je remarque tout de même une tendance à juger ou à exposer les personnes qui auraient une vie sexuelle active. Pourquoi? Par frustration? Par jalousie? Pour se prouver que ce n’est pas lui qui est anormal? Il est clair que le schéma du couple qui ne couche qu’après le mariage est dépassé depuis longtemps.

Aujourd’hui, on a même le droit d’avoir des plans cul. Voilà, en fait, c’est ça. J’en ai le droit. Et il n’a rien à dire. Je décide de garder mon calme et de ne pas aller plus loin. Après tout, ce serait malheureux d’être en conflit avec mon voisin. Et puis, je n’ai pas envie qu’il tape au plafond avec un vieux balai à chaque fois qu’il m’entend m’envoyer en l’air.

(Petite parenthèse: maintenant que je suis avec Ben, j’espère que ça va arriver très souvent). (Petite parenthèse bis: parce que pour l’instant, ce n’est toujours pas arrivé, voyez-vous. Et je ne comprends pas bien pourquoi).

(Petite et dernière parenthèse: je réalise qu’en fait, moi aussi je suis frustrée parce que l’amour de ma vie ne m’a toujours pas exprimé ses sentiments de façon physique. Dans d’autres circonstances, j’aurais certainement ri, ou souri, à sa remarque. Tout en gardant ma répartie bien sûr! Mais ça, plutôt crever que de reconnaître que j’ai mes torts)

Chaque semaine dans votre magazine, retrouvez la chronique de Gaëlle: Le Point G.

Pour lire les épisodes précédents, rendez-vous ici.


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