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““LE POINT G”” épisode 12: la chronique sexo de Gaëlle

La rédaction

Gaëlle, 26 ans, a passé huit ans de sa vie en couple. Mais après plusieurs déceptions, même si elle n’abandonne pas sa quête de l’amour avec un grand A, elle a décidé de se laisser vivre sans pour autant se priver des plaisirs de la chair. Elle compte bien découvrir les joies du sexe sans tabou et mener des expériences sans avoir froid aux yeux.


L’autre jour, j’avais rendez-vous chez la gynécologue. Ça faisait longtemps que je n’y étais plus allée pour une visite de contrôle. Mais Sophie n’arrêtait pas de me rappeler que c’est essentiel et qu’il faut que je m’assure que tout est en ordre. J’ai fini par m’y résoudre. Me voilà donc dans la salle d’attente, nerveuse à l’idée de me mettre à moitié nue devant une parfaite inconnue.

C’est plutôt rigolo d’ailleurs. Parce que ces derniers temps, je n’ai pas ressenti de gêne extrême à l’idée de me foutre à poil devant certains garçons, mais le fait que la gynéco voit ma cellulite et ma culotte Petit Bateau me met mal à l’aise. Pourtant, il faudra bien y passer. “Personne suivante?” C’est moi!

La grande dame commence par dresser un bilan en me posant diverses questions sur mes antécédents et la santé de mon vagin.

Vous avez eu des relations sexuelles dernièrement?”


– “Oui”. “Avec combien de partenaires?” Euuuuh. M’a-t-elle vraiment posé cette question? Je suis totalement prise de court et je bredouille en comptant sur mes doigts. “4,5,6, …” “Peu importe”, me répond-elle. “Vous vous protégez?” J’acquiesce. En plus de mon stérilet, j’utilise toujours des préservatifs. Je sens son regard peser sur moi. Je finis même par me demander si mon comportement est inadapté. La visite se poursuit, mais je ne suis plus vraiment présente. Je réfléchis.

Y a-t-il un nombre de partenaires considéré comme excessif? Je pousse ma question à l’extrême. À partir de combien pouvons-nous être perçues comme des salopes? Je dis “nous”, parce que j’imagine ne pas être la seule à profiter de coups d’un soir en attendant de trouver quelqu’un qui me conviendra. 5? 10? 40? Je pense qu’il n’y pas de bonne réponse. Chacun fait ce qu’il veut après tout.

Imaginons qu’une jeune femme s’envoie en l’air une fois par semaine, à chaque fois avec un gars différent. Au bout d’un an, ça fait 52 personnes. Pourrions-nous la blâmer d’avoir profité de sa vie sexuelle à raison d’une fois par semaine? Je me persuade que non, même si une part de moi aurait tendance à se dire que 52, c’est beaucoup.

C’est fou comme le regard des autres pèse sur notre propre considération. À quel point nous sommes encore cadenassées dans des stéréotypes. Heureusement, les mentalités changent. Il y a 50 ans, il fallait encore se marier pour avoir des rapports avec l’unique homme de notre vie. Sinon, tout le monde vous prenait pour la dernière des catins.

Prenez ma maman, par exemple. Lorsqu’elle s’est mariée, elle était enceinte de 6 mois. Dans sa robe extra-large, elle avait réussi à me “cacher”. Mais quand je suis née, ses oncles vieux-jeu avaient compté sur leurs doigts les 9 mois de grossesse pour découvrir la fâcheuse vérité:

Ma maman n’était plus pure dans sa robe blanche.


Catastrophe intersidérale, vous imaginez bien. Heureusement, elle s’en foutait de ces vieux cons. Mais je me dis qu’avant, c’était encore bien pire. Tout un village pouvait vous renier si vous aviez le malheur de ne plus être vierge en arrivant devant l’autel. Que ça fait du bien d’être en 2018, libre et libérée. Si j’avais vécu avant – moi qui ne souhaite pas vraiment me marier, j’aurais eu une super vie. Vieille, vierge, avec des chats par centaines. Le bonheur quoi!

Chaque semaine dans votre magazine, retrouvez la chronique de Gaëlle: Le Point G.

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