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Pourquoi le dentiste nous terrorise (et comment enfin arrêter d’angoisser)

Kathleen Wuyard

Les années ont beau passer, une visite chez le dentiste suscite toujours le même effroi que quand on était enfant et qu’on avait la boule au ventre rien qu’à l’idée d’y aller. Pourtant, si on doit être honnête, cela ne fait pas si mal que ça, alors pourquoi on a si peur? Et surtout, comment arrêter enfin d’angoisser?


Plutôt que de mentir comme un arracheur de dents (ah!) autant être honnête avec quiconque lira cet article: il est parti d’un intérêt purement personnel, à J-2 de mon rendez-vous chez ma dentiste. Dentiste au demeurant adorable et ultra compétente, mais chez qui je vais toujours en traînant des pieds. D’ailleurs, j’esquive dès que possible, mais là, avec une potentielle rage de dents qui me fait ultra mal à la mâchoire, pas le choix. Soudain, j’ai 8 ans, et j’hyperventile à l’idée de la seringue immense qu’on va me planter dans la gencive, de la torture de ne pas pouvoir avaler ma salive pendant le traitement, l’enfer de la bouche endormie... Bref, je panique. Mais pourquoi, au fait? C’est vrai, après tout, comme mon moi de 8 ans le dirait, ce n’est “pas si pire”. Et pourtant, l’angoisse est bien réelle et porte d’ailleurs le nom de “stomatophobie”.

Une peur tellement répandue qu’elle a poussé Norman Corah a établir un questionnaire permettant d’évaluer où on se situe sur “l’échelle de l’anxiété” à l’idée d’aller se faire soigner les dents. L’une des réponses possibles étant “tellement anxieux que j’ai parfois l’impression de transpirer ou de me sentir presque physiquement malade”, on comprend vite qu’on est loin d’être la seule à avoir des sueurs froides à la moindre sensation suspecte dans la mâchoire. Et selon le professeur de psychologie Gudrun Sartory, cette terreur trouverait sa source non pas dans l’irrationnel mais bien dans une expérience désagréable et douloureuse chez le dentiste. Le vôtre a déjà dû s’y reprendre à deux fois pour piquer dans votre gencive? Le soin d’une carie vous a causé des douleurs inhabituelles? Il n’en faudrait pas plus pour développer une forme de stomatophobie. Qui ne serait finalement qu’une question de conditionnement: suite à l’événement traumatique, tout, du cabinet du dentiste au parfum vaguement mentholé qui y règne en passant par le bruit des outils, nous renvoie à ce traumatisme et suscite une réaction de peur.

Renforcement négatif


Une peur qui se renforce toute seule: en effet, puisqu’on évite au maximum de se rendre chez le dentiste, on ne crée aucune expérience positive pour détruire le conditionnement négatif mis en place. Pire: en espaçant les visites le plus possible, on court le risque que chacune d’entre elles soit plus ou moins désagréable, entre carie à traiter ou dents de sagesse à enlever d’urgence, et donc le conditionnement négatif se perpétue au gré des années. La solution pour arrêter de grincer des dents à chaque visite de routine? Casser le conditionnement en s’arrangeant pour vivre des expériences positives chez le dentistes (oui, c’est possible). Selon le psychologue et dentiste américain Hugh McDougall, il faut pour ça que le personnel du cabinet dentaire coopère et fasse preuve d’empathie envers les patients. Par exemple, en leur offrant la possibilité de mettre la consultation “sur pause” quand ils se sentent trop inconfortables afin de leur donner l’impression de regagner le contrôle. Autrement dit, on desserre les dents et on avoue à notre dentiste que l’idée de s’assoir dans son fauteuil d’examen nous terrorise, et s’il n’y a aucune adaptation de sa part, on change de dentiste jusqu’à en trouver un ou une qui nous mette vraiment à l’aise. Selon Gudrun Sartory, il serait également possible d’apprendre à réguler sa peur soi-même en utilisant soit la relaxation musculaire, soit la technique de l’auto-persuasion positive, en se concentrant plus sur le fait que la visite est bientôt finie que sur les bruits des outils ou l’odeur des gants qu’on nous fourre dans la bouche. Et sinon, comme le souligne Hugh McDougall, on insiste sur le fait qu’il est important que “le dentiste utilise un anesthésiant vraiment efficace, et lui laisse le temps d’agir avant de commencer à triturer la bouche du patient”. Si c’est un dentiste qui le dit...

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Et si vraiment, rien ne fonctionne, et que la peur nous paralyse au point de dangereusement espacer les visites chez le dentiste, il est toujours possible de leur demander de nous mettre dans le gaz: le meopa, plus précisément, un gaz sédatif qui permet aux stressés des gencives de vivre toute l’expérience de manière beaucoup plus apaisée. À moins d’opter pour un cabinet spécialisé dans l’hypnose médicale qui “aide à se détacher du moment présent et de l’environnement immédiat, de moins se focaliser sur l’acte dentaire. En guidant le patient à l’aide de suggestions, nous lui demandons de retrouver et de revivre une situation agréable en termes de détente et de sécurité”. Avec, à la clef, une diminution de l’anxiété, un contrôle de la douleur anticipée mais aussi une baisse de la salivation et des réflexes nauséeux. Ou comment (presque) retrouver le sourire chez le dentiste.

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