Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…

““Le Viol””, le film bouleversant qui raconte l’histoire vraie de deux Belges

La rédaction

Mardi soir, France 3 diffusait Le Viol, un film d’Alain Tasma qui retrace le procès de deux jeunes Belges violées lors d’un voyage en France. Bérangère McNeese, qui incarne l’une des deux victimes, revient sur son premier rôle dramatique et sur la dure réalité d’un sujet qui fait encore débat.


Le 21 août 1974, Anne Tonglet et Araceli Castellano s’installent dans les calanques marseillaises pour camper. Homosexuelles et naturistes, elles s’endorment nues dans leur tente. C’est alors que trois hommes vont les violer pendant cinq heures et les quitter au petit matin. Pendant quatre ans, les deux victimes ont vécu un véritable enfer mais n’ont jamais cessé de se battre pour remporter leur procès contre leurs agresseurs. Un combat auquel se sont jointes de nombreuses femmes. Tel un tournant révolutionnaire pour la justice et pour toutes les victimes de viol, le procès d’Aix est devenu le procès du viol.

Plus de quarante ans après les faits, le réalisateur Alain Tasma a voulu raconter au grand public l’histoire de ces deux jeunes femmes et le chemin difficile qu’elles ont pris pendant quatre ans pour avoir justice. Pour incarner Anne Tonglet et Araceli Castellano, il a choisi Camille Sansterre et Bérangère McNeese. Ensemble, elles forment un duo bouleversant dans un film qui l’est tout autant. Bérangère McNeese a d’ailleurs reçu de nombreux témoignages après la diffusion du film sur France 3.

J’ai eu beaucoup de retour de femmes qui ont vécu la même chose. Beaucoup de personnes sont venues me voir et ont partagé leur histoire avec moi. Certaines parlaient davantage au personnage qu’à l’actrice. Mais c’était important de toutes les écouter”.


Car, si le procès du viol a un impact considérable sur la vision des agressions sexuelles par la société et la justice, il n’en demeure pas moins un sujet de débat bien des années plus tard. “En 2017, le procès du viol est le même qu’il y a 40 ans”, explique l’actrice. “Lorsqu’on a tourné la scène dans le tribunal de Namur, un journaliste est venu nous dire à Camille et moi ‘alors c’est vous qui faites les fofolles sur la plage?’. Il n’avait rien compris en fait. Et ses remarques sont moindres en comparaison avec ce que l’on entend parfois dans la bouche de certains. Ce sont les mêmes arguments en 2017 qu’en 1960. Rien n’a changé. La preuve en est qu’en quarante ans, le pourcentage des femmes violées qui portent plainte n’a presque pas bougé. Il y a clairement un problème”.

Au delà de son métier d’actrice – qu’elle exerce avec talent et justesse – , Bérangère s’est également investie pour la cause des femmes. “J’ai notamment été invitée à l’école de magistrature de Bordeaux pour un débat sur le consentement, la condition de la victime, etc. J’ai ressenti un complexe de légitimité de par mon statut d’actrice. Mais le débat n’en demeurait pas moins intéressant et riche. La notion de consentement est souvent vue comme binaire: c’est soit oui, soit non. Mais en réalité, c’est plus compliqué que ça. Le consentement peut avoir divers degrés – oui pour certaines choses, non pour d’autres. Mais ces concepts rentrent difficilement dans le contexte d’une institution judiciaire”. En effet, cette notion de consentement pose toujours un problème aux yeux de la justice.

Encore aujourd’hui, une femme doit apporter la preuve de l’absence de consentement au moment du viol.


Le film “Le Viol” a choisi délibérément de montrer la scène d’agression. Un viol perpétré par les trois agresseurs durant cinq heures. Cinq longues heures durant lesquelles Anne Tonglet et Araceli Castellano ont cru mourir. “On a tourné cette scène en dernier. Mais elle était indispensable. Toute l’équipe a été bienveillante et consciente que même si c’était très dur, c’était important” explique Bérangère, qui a ainsi tourné une scène de nudité où elle est considérée comme un morceau de chaire.

À un moment donné, il faut montrer l’horreur que c’est, la violence que ça représente. Si on fait l’impasse du moment en lui-même, l’image du viol reste trop abstraite et le public ne peut pas bien réaliser. Le montrer, ça permet de réaliser que le consentement n’était pas là, qu’il ne s’agit que d’une victime et d’un coupable”.


Bérangère, tout comme Camille, joue cette scène avec une telle force, une telle vérité qu’il est impossible de ne pas écarquiller les yeux. “Si ça provoque de la révolte, tant mieux” nous confie l’actrice. “Il y a quelques semaines encore, lors d’un débat, j’ai entendu des gens avec une certaine notoriété dire sur des chaînes nationales qu’il faut apprendre aux femmes à savoir comment s’habiller en fonction de l’endroit, de l’heure parce que c’est de la provocation”. Une preuve que le chemin est encore long et qu’on n’en parle pas encore assez.

“Le Viol” a attiré près de 4 millions de téléspectacteurs sur France 3. L’existence de tels films ainsi que leur large diffusion nous semblent plus que nécessaires pour engendrer une prise de conscience collective pour les victimes mais aussi pour toutes les femmes qui subissent quotidiennement des agressions sexuelles, quelque soit leur degré de gravité.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

 

Retrouvez Bérangère McNeese dans un tout autre registre avec Like-moi, une série par et pour la génération Y diffusée en novembre sur la RTBF.

Lire aussi:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires