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8 célibataires nous expliquent leur expérience du slow dating

Justine Rossius


Fini de swiper compulsivement en espérant rencontrer l’amour de sa vie, au détour du centième profil. Si le Coronavirus et le confinement nous ont permis de ralentir la cadence effrénée de nos vies, nos relations amoureuses ne font pas exception à la règle. La preuve, avec ces célibataires qui se sont mis au « slow dating », nouvelle tendance qui prône de prendre son temps pour faire vraiment connaissance.

Mara, 20 ans


“Lorsque le premier confinement a débuté, il est devenu beaucoup plus compliqué pour moi d’apprendre à connaître mon nouveau copain. Nous nous parlions déjà depuis un certain temps, mais cela ne s’était jamais déroulé sans heurts. Nous ne sommes pas très doués niveau communication et une discussion online n’est pas comparable à une conversation réelle. Heureusement, nous avons rapidement trouvé le moyen de nous découvrir et de nous comprendre: jouer ensemble en ligne. Après les parties, nous faisions régulièrement des chats vidéo. Donc la crise sanitaire et cette obligation de garder nos distances a eu un impact positif pour nous. Cela nous a permis de trouver notre propre chemin. Grâce à ça, j’arrive à remettre bien plus en perspective ce qui se passe entre nous et je conserve du temps et de l’espace rien que pour moi. Cela me permet de me sentir vraiment moi-même avec lui et m’a donné l’opportunité de prendre consciemment le temps de le connaître.”

Jérôme, 21 ans


“J’ai rompu avec mon ex durant le confinement. Et lorsque je me suis à nouveau senti prêt à faire des rencontres, le monde du dating avait totalement changé. Un simple rendez-vous était devenu impossible. Alors, pour les célibataires comme moi, il a fallu faire connaissance via chat et vidéoconférence, ce qui n’était vraiment pas mon truc.

Pourtant, les rencontres au temps du Coronavirus ont aussi leurs côtés positifs. J’ai ainsi compris que prendre son temps est extrêmement important.


Ce n’est qu’en y allant à son aise que l’on peut vraiment découvrir quelqu’un et nouer une relation de confiance. Et, en cette période étrange, la confiance mutuelle est décisive. Après tout, même si c’est frustrant, on préfère savoir qu’on sort avec quelqu’un qui respecte les mesures sanitaires. »

Rani, 26 ans


“Quand, il y a deux ans, je suis redevenue célibataire après quatre ans en couple, ça a été très dur. Alors, six mois après cette rupture, je me suis inscrite sur Tinder. J’espérais booster ma confiance en moi, mais ça a été tout l’inverse. Au début c’était amusant de swiper avec mes copines, mais au fur et à mesure c’est devenu de plus en plus fatigant et déprimant. Je trouvais si difficile de voir à quel vitesse les gens passaient d’une histoire à une autre et à quel point je comptais peu pour les garçons avec qui je correspondais. La plupart d’entre eux cherchaient juste un coup d’un soir, mais même ceux qui cherchaient une relation sérieuse ne cachaient pas qu’ils voulaient conserver autant d’options – et donc de candidates – que possible sous le coude. Je ressentais une énorme pression de la perfection, l’obligation de tout faire pour continuer à plaire à ceux avec qui j’avais matché. Pourtant ça ne peut pas être le fondement d’une relation, si? Une conversation un peu moins passionnante, une photo moins flatteuse ou une passion qu’on ne partage pas et hop, on vous efface au profit du suivant. Avons-nous à ce point oublié que personne n’est parfait? Qu’on doit apprendre à connaître et aimer les bons et les mauvais côtés des autres? Et que quelqu’un pourrait en valoir la peine même si il n’est pas totalement votre type sur sa photo?

Je n’ai pas été sur Tinder depuis plus d’un an. Je n’ai pas encore retrouvé l’amour, mais ça me va. J’ai consciemment choisi de ne pas courir après la moitié de la terre en espérant trouver l’homme parfait, mais d’attendre de rencontrer celui qui me conviendra, et qui sera merveilleux, avec ses qualités et ses défauts.

Kato, 22 ans


“Idéalement, je préfère apprendre à connaître quelqu’un, en le rencontrant dans la vie réelle. Mais en 2020, c’est loin d’être évident vu les circonstances. C’est pourquoi je me suis mise à utiliser des applications comme Tinder et Bumble mais j’y suis souvent confrontée aux mêmes situations. Bon nombre de personnes n’utilisent ces app’ que pour trouver quelqu’un avec qui coucher. Parfois ils le disent d’emblée et souvent ils demandent directement à ce qu’on se voit, et quand je réponds que je ne suis pas pour, c’est rare qu’ils comprennent.
Je trouve ça gênant de dire à quelqu’un sur ce genre de sites que je veux une relation sérieuse et que je préfère y aller lentement. On me rétorque d’habitude que « Tinder n’est pas fait pour ça ». Rechercher l’amour sur des sites de rencontres est considéré comme bizarre. Mais personnellement, c’est ce genre de réaction que je trouve vraiment bizarre.”

Jana, 19 ans


“J’ai commencé à swiper sur Tinder par ennui. Et c’est ainsi que j’en suis arrivée à parler à quelques personnes. Mais, vu que je suis à la lettre les mesures Covid et que je veux tout faire pour éviter d’être infectée, il n’était pas question pour moi de les rencontrer d’entrée de jeu. Résultat, j’ai correspondu durant des mois avec la même personne. Je n’avais pas réalisé que je commençais une relation en mode slow dating, jusqu’à ce qu’on me le fasse remarquer. Je ne connaissais même pas le terme à l’époque. Et même si mon aventure Tinder ne s’est pas transformée en vraie histoire d’amour et que je n’ai pas matché le bon, je suis désormais fan du concept. Et j’ai l’intention de continuer à utiliser les outils numériques pour faire réellement connaissance avec quelqu’un, avant de déterminer si cela vaut la peine qu’on se rencontre en vrai. »

Camille, 24 ans


“Mes rencontres commencent toujours en ligne, donc le Coronavirus n’a pas changer grand-chose pour moi. Mais avec Lisa, ma nouvelle copine, j’ai pris encore plus mon temps que d’habitude. En raison des mesures et de la fermeture des restaurants, j’étais très souvent chez moi, donc je pouvais chatter jour et nuit. Comparée à d’autres rencards que j’ai pu avoir, Lisa et moi avons appris à nous connaître online bien plus intimement avant de nous rencontrer. Mais après deux mois d’appels et SMS tous les jours, nous en avions assez. J’ai décidé de prendre le risque et suis montée dans un train, direction chez elle. Nous avons passé la journée à parler et rire sur sa terrasse. Même si c’était notre première vraie rencontre, j’avais l’impression que Lisa et moi nous étions toujours connues. Cinq mois plus tard, nous sommes toujours ensemble et je remercie l’épidémie et le slow dating pour ça.”

Lune, 20 ans


“Depuis notre premier baiser, il y a deux ans, Katjana et moi sommes inséparables. Nous faisions tout ensemble, puis le Coronavirus est arrivé et pour la première fois de notre parcours universitaire, nous n’avons plus pu nous voir. Nous sommes passées d’une vie en duo, dans une chambre d’étudiante, à ne pouvoir que s’envoyer des SMS et s’appeler.

Au départ, on se sentait très seules, mais rétrospectivement cette distance physique a été positive. Nous en étions venues à considérer pour acquis de passer presque chaque moment de la journée ensemble. Sans prendre au final le temps de nous remettre en question, parler de nous-mêmes, de notre relation et de ce qui comptait pour nous.


Durant cette période d’éloignement, nous nous parlions quotidiennement par Facetime et passions toute la soirée à discuter, jusqu’à ce que l’on tombe endormies. Nous ne nous sommes pas vues durant trois mois mais cela n’a fait que renforcer notre lien. Et rendu notre couple plus fort que jamais ! »

Laura, 18 ans


“Par le passé, dès que je me mettais en couple, je me lançais de tout mon cœur dans la relation. Mais ces histoires se révélaient de courte durée. J’étais tellement emportée par mon coup de foudre initial que tout le reste n’avait plus d’importance. Seulement, dès que je redescendais de mon nuage, je réalisais alors que la personne avec qui j’étais ne me convenait pas du tout ou que ça ne marcherait pas à long terme. Et j’ai bien failli refaire la même erreur durant le confinement. Aveuglée par mes sentiments, j’ai enfreint les règles et rencontré un garçon pour qui j’avais craqué. Ce soir-là, je l’ai directement embrassé. Mais ensuite, le Coronavirus m’a amené à réaliser qu’il fallait que je sois un peu plus prudente, dans tous les domaines. Alors, j’ai choisi consciemment de prendre mes distances physiques avec lui et d’apprendre à mieux le connaître avant de retomber dans ses bras. Et l’expérience s’est révélée très agréable et positive. Aujourd’hui, deux mois plus tard, j’ai toujours des papillons dans le ventre et je sais que je suis vraiment amoureuse de lui. »

L’avis de la sexologue


Ina Van Ransbeeck, sexologue “Le slogan ‘Un de perdu, dix de retrouvés’ n’a clairement plus la cote. Au contraire du slow dating, qui lui, préfère un match bien choisi à dix qui ne mèneront à rien. Ainsi, sur l’application Once, contre-exemple de Tinder, on ne peut en réaliser qu’un par jour. Et ne pouvant voter que pour un seul candidat, on prend dès lors plus de temps pour examiner les profils de chacun, en être également plus critique. On mise ainsi sur la qualité plutôt que la quantité. Le concept de slow dating est souvent comparé à celui de speed dating. Avec ce deuxième, on apprend à connaître un maximum de gens en un minimum de temps. Et l’on suppose ainsi avoir plus de chance de tomber sur ‘la bonne personne’. Il se pratique dans la vraie vie ou via des applications comme Tinder et Happn, où l’on scanne des centaines de candidats potentiels, aussi rapidement que possible, dans l’espoir d’y croiser son prince ou sa princesse charmant.e.

En entendant slow dating, on imagine que l’idée est d’y aller doucement. Pourtant ces deux principes n’ont pas forcément l’obligation de marcher de pair. Ce n’est pas parce que vous ne pratiquez qu’un seul match par jour que vous devez avancer à vitesse d’escargot avec celui-ci. Il est toujours possible de plonger tête baissée dans cette nouvelle passion, mais tout en faisant des rencontres de manière consciente. Tout comme l’inverse est aussi faisable. Vous pouvez avoir rencontré quelqu’un via un speed date ou sur Tinder et décider de prendre le temps de le connaître à votre aise. »

 

Tendance provisoire ou vraie évolution?


“Les rencontres en ligne sont devenues toujours plus populaires ces dernières années, et le restent à l’ère du Coronavirus. Mais malgré une offre online immense, les gens privilégient toujours les relations authentiques. Et si des applications comme Tinder permettent d’entrer en contact très rapidement et avec de nombreuses personnes, ce mode de fonctionnement devient vite ennuyeux. En fin de compte, nous préférons toujours nous sentir connectés à des personnes « réelles ».

De plus, sur des plateformes comme Tinder, l’attention est focalisée sur l’apparence, alors que le physique n’est qu’une petite partie d’un individu. On apprend donc à se connaître de manière très limitée et les conversations restent souvent à un degré superficiel.


Une telle application peut être un bon début mais ne suffit pas en soi. En pratiquant le slow date, on prend plus de temps pour véritablement découvrir toutes les facettes de son potentiel match. La crise sanitaire a forcé beaucoup de célibataires à ralentir le rythme, mais chacun possède ses propres préférences en matière de rencontres et c’est très bien comme ça. L’important au final est de se sentir à l’aise, quelle que soit la manière.”

 

Une question d’époque?


“On compte aujourd’hui plus de célibataires qu’il y a vingt, trente ou quarante ans. Cela s’explique par le fait que nous sommes devenus plus exigeants dans nos relations mais aussi parce que nombre de personnes préfèrent d’abord se concentrer sur leur carrière plutôt que sur le schéma passé du mariage-maison-enfant.

Certains célibataires font aussi ce choix consciemment, préférant être seuls et ne dépendre de personne. Il y a donc moins de pression aujourd’hui à être en couple à tout prix. Nous sommes aussi plus solides financièrement et le rôle de la famille et du mariage a un impact moindre dans notre société qu’il y a quelques décennies.


Mais d’un autre côté, nous sommes toujours plus en recherche d’intimité, de passion et d’amour et aimons laisser le temps à ces sentiments d’apparaître.”

 

Supermarché amoureux


“Mais la crise sanitaire actuelle a rendu la vie des célibataires plus compliquée. Les rencontres imprévues sont devenues rares et il n’est plus possible de flirter au café ou sur une piste de danse. Sans parler de l’obligation du port du masque, qui ne facilite pas les choses. Les rencontres en ligne en ont donc été boostées mais cela a une influence certaine sur notre comportement sentimental. Sur ces applications on trouve un nombre presque infini de profils. Et cette avalanche de contacts rend plus difficile de trouver la bonne personne. Cela amène aussi à être plus susceptible de douter, en imaginant qu’on pourrait dénicher quelqu’un d’autre encore plus intelligent, séduisant ou drôle.

Les études montrent aussi que nous avons tendance à devenir toujours plus exigeants et pointilleux dès lors que nous avons l’embarras du choix.


Un principe comparable avec les rayons d’un supermarché: plus il y a de fromages, de vins ou de biscuits proposés, plus il est dur de sélectionner l’un deux et d’être sûr d’avoir opté pour le bon. C’est pourquoi les applications de rencontres sont parfois considérées comme des temples de shopping amoureux. Mais cela ne les rend pas mauvaises pour autant. Beaucoup de gens ont trouvé l’amour grâce à elles. Et elles fonctionnent d’autant mieux car elles sont accessibles, là où les autres possibilités manquent actuellement. Alors en période de Covid, elles peuvent se révéler un bon remède. Il faut juste les utiliser à bon escient. D’autant qu’elles n’empêchent en rien le slow dating. Les deux concepts peuvent se mélanger. On peut aussi décider de donner le temps à une personne rencontrée sur Tinder, de nous montrer qui elle est vraiment.”

 

Et ils vécurent heureux et lentement


“Le gros avantage des applications comme Once, qui promeuvent le slow dating, est qu’on a moins de choix. Cela nous rend susceptible de nous intéresser à des profils qu’on aurait pu sinon ignorer. On se compare aussi moins aux autres et on est moins comparé également. Cela permet de prendre le temps d’apprendre à se connaître, à son rythme. Mais certains trouvent aussi le concept ennuyeux, le jugeant trop lent. Les applications de slow dating ne conviennent donc pas à tout le monde. Apprendre à se connaître en ligne avant de le faire en face à face peut être une bonne première étape et n’amène pas toujours à avoir une image déformée de l’autre. Mais n’attendez, par contre, pas trop pour vous rencontrer. Deux à trois semaines après le premier contact est un timing idéal. Sinon vos attentes risquent à force de devenir trop élevées. Plus longtemps on parle en ligne, plus on commence à projeter sa propre vision sur la personne. À imaginer comment elle parle, rit, à quoi elle ressemble… Alors que cette image ne pourra jamais être totalement le reflet de la réalité, ce qui sera forcément décevant. Alors n’attendez pas trop pour vous voir, tout en suivant votre rythme. Dans les relations, ce sont surtout les extrêmes qui sont problématiques. Se précipiter à corps perdu dans une histoire comme y aller à vitesse d’escargot, peut provoquer énormément de frustrations. L’essentiel reste de trouver un équilibre et d’être à l’écoute du rythme et des envies de chacun.”


Texte: Topsana Du Bois, Elien Geboers et Barbara Wesoly

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