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Comment pratiquer la méditation et l’intégrer dans l’éducation de son enfant?

Manon de Meersman

Et si vous décidiez d’instaurer chaque jour un petit moment rien que pour vous? La méditation présente l’avantage de pouvoir se pratiquer à tout moment et n’importe où. Kathleen Gilon, créatrice de “L’éveil magique : vers une éducation en pleine conscience”, nous éclaire sur la manière dont pratiquer cet art et épingle avec nous les bienfaits de ce dernier, notamment en l’intégrant dans le rapport que nous entretenons avec notre enfant.


Kathleen Gilon a ouvert “L’éveil magique”, soit un centre de bien-être familial et de développement personnel pour enfant basé sur les pratiques de la pleine conscience, situé à Vedrin (Namur). Ainsi, elle nous explique que la méditation, c’est avant tout un état d’esprit, une ouverture à soi et à son corps. “Cette pratique nous demande de nous mettre dans une attitude délibérée d’attention particulière en nous axant sur notre respiration, sur l’ancrage de notre corps et sur nos vagues émotionnelles”, explique-t-elle. “Chaque nouvel instant de notre vie se dessine comme une opportunité pour être pleinement présent à soi aux autres ainsi qu’au monde qui nous entoure.”

Prendre le rôle de l’observateur


Ce qui caractérise la méditation, c’est son pouvoir de placer une partie de notre personne dans le rôle d’un observateur. “Nous nous glissons dans la peau d’un.e explorateur.trice en observant ce qui se passe en nous et autour de nous en tentant du mieux qu’il est possible pour nous de ne plus suivre inconsciemment nos mécanismes de jugement et d’auto-jugement”, explique Kathleen Gilon. “La méditation en pleine conscience nous invite à sortir du « pilote automatique » pour être davantage conscients de nos pensées, de nos sentiments et de nos sensations corporelles, moment après moment. Elle nous suggère par ses pratiques d’assises formelles et ses pratiques informelles de sentir pleinement la vie qui est en nous et autour de nous.

Dans la pratique formelle, elle nous propose de nous concentrer sur notre respiration comme une ancre pour apporter de l’équilibre dans notre corps et notre esprit. Elle nous offre la possibilité de sortir du contrôle, pour observer, sentir avec concentration et détente nos flux respiratoires, nos zones d’appuis avec le sol, la terre”.


Dans ce cadre, la respiration possède d’autant plus son importance. “Elle est toujours avec nous, on peut la solliciter à tous moments comme un rappel à être dans l’instant présent”, précise Kathleen Gilon, qui explique d’ailleurs que le but premier de le méditation n’est pas de se relaxer, mais bien d’être alerte par rapport à ce qui est en train de se passer en nous. Il se peut même, parfois, que nous nous rendions compte en méditant que notre esprit est plutôt agité plutôt que d’être détendu. Avec l’entrainement, en étant de plus en plus conscient de nos pensées, nos émotions, nos sensations corporelles nous pouvons décider de relâcher les tensions corporelles et de « lâcher » les cogitations mentales.”

Comment pratiquer la méditation?


La méditation peut aussi bien se pratiquer de manière formelle, comme nous l’avons vu ci-dessus, que de manière informelle. “Nous adoptons cette façon d’être présent·e à soi en cultivant l’esprit du débutant”, commence Kathleen Gilon. “C’est-à-dire en imaginant que nous arrivons sur terre dans l’état d’esprit d’un nouveau-né qui a tout à découvrir du monde dans lequel il arrive. Nous utilisons alors nos cinq sens pour observer, écouter, sentir, toucher et parfois goûter tout ce qui nous entoure avec curiosité et sans formuler de jugement. Lors des cycles de pleine conscience organisés par des instructeurs.trices qualifiés, l’exercice traditionnel pour expérimenter l’attitude de « l’esprit du débutant » est de faire déguster aux participant.e.s un raisin sec les yeux fermés sans avoir connaissance de ce qu’ils vont manger et en utilisant leurs cinq sens sans émettre de jugements sur l’aliment proposé. Cela nous demande juste de rester dans une observation factuelles par le biais des sens. Nous pouvons poursuivre cette expérience dans tous les moments de notre vie ! Nous laver les dents, faire la vaisselle, marcher… En laissant nos cinq sens pleinement ouverts… La méditation peut nous aider dans nos relations à nous et aux autres.”

Pour Kathleen Gilon, en étant pleinement présent·e, nous ouvrons la possibilité d’être pleinement présent·e à l’expérience immédiate. “Dans un premier temps nous pouvons nous arrêter, se retrouver dans l’ici et maintenant comme si nous faisions un arrêt sur image. Nous pouvons nous mettre en position méta, comme si nous observions la situation en étant au-dessus de nous, comme si nous regardions cela avec de la hauteur, de la distanciation,” explique-t-elle. “Dans un deuxième temps, nous pouvons nous reconnecter à nous, se remettre à l’intérieur de nous et à observer ce qui se produit : des ressentis corporels se manifestant par exemple par des tensions, de la chaleur, des picotements, sentir son corps fulminer, ses joues chauffer…

Être attentif·ve à toutes ses sensations corporelles, c’est important car elles nous donnent des indices sur le type d’émotions que nous éprouvons. Y être attentifs, nous permet de l’observer, de la reconnaitre, de ressentir, d’accueillir et d’exprimer l’émotion”,


poursuit-elle. “Pouvoir se dire intérieurement : « OK, là je me sens en colère, je sens que mes joues rougissent et s’échauffent, que les battements de mon cœur et mon souffle s’accélèrent, que mes mains deviennent moites ». Lorsque nous ressentons cela nous pouvons être attentifs à notre petite voix intérieure qui fait surgir toutes nos pensées. « Que me dit ma petite voix intérieure de faire ? ».

Dans un troisième temps, lorsque nous avons observé nos sensations corporelles, nos émotions, nos pensées, nous pouvons nous inviter à nous détendre, à nous ancrer en ouvrant notre cœur. Nous pouvons prendre quelques respirations conscientes en plaçant nos mains sur notre cœur. Lors de ce moment, il est essentiel d’être pleinement attentif·ve à toute l’énergie d’amour qui est là. Et sentir cette énergie se propager autour de nous. Prendre quelques secondes pour ressentir ce rayonnement.

Mettre en application la méditation avec ses enfants


Ces précédentes étapes peuvent tout à fait être mises en place avec son enfant. Selon Kathleen Gilon, “pour nous aider à prendre une décision en cohérence avec nos valeurs et règles éducatives, nous pouvons nous poser la question comme suit : « Dans cette situation, à cet instant précis, ici et maintenant, que ferait l’amour ? Toujours se répéter intérieurement : cette citation de Rûmî qui dit : « Quelle que soit la question, la réponse est l’amour ». L’amour ne jaillit pas du mental, même si le mental est un vecteur du message. La réponse guidée par notre cœur va peut-être créer une fissure dans les schémas relationnels habituels où nous avons tendance peut-être à être dans des tentatives de contrôle, de prise de tête en cherchant le pourquoi du comment et du comment du comment. La réponse vient de l’amour de vous et l’amour que vous portez à votre enfant.

Le fait de vous reconnecter à vous et à votre enfant va créer un espace, une bulle d’amour autour de vous. La réaction sera une réponse moins impulsive et plus douce, plus créative, moins contrôlante”,


explique-t-elle. “Notre réponse sera plus consistante ce que je veux dire par là, c’est qu’il s’agira d’une réponse plus alignée avec nos valeurs et aspirations éducatives. Nous pouvons choisir délibérément d’agir ou pas différemment que d’habitude.

Les bienfaits de la méditation


Les bienfaits de la méditation sont nombreux. En effet, selon Kathleen Gilon, en nous exerçant à observer nos pensées, nos émotions et sensations corporelles nous nous accordons petit à petit la possibilité d’être créatif·ve dans la manière d’envisager de réagir face à des situations dans nos vies. “La méditation crée un « entre » vis-à-vis de l’espace et les pensées, les sensations, les émotions et la réaction”, explique la spécialiste. La méditation va nous aider à sortir de nos auto-jugements et à devenir plus compatissant envers nous et les autres. Par ce fait, petit à petit nous nous sentirons davantage libre de choisir l’action à entreprendre.

Ce n’est souvent pas la situation en soi mais la manière dont nous la percevons qui aura des effets sur notre manière de penser ou sur comment notre corps va résister, se défendre. En méditant régulièrement, nous pouvons modifier la manière dont notre esprit et notre corps vont réagir”,


poursuit Kathleen Gilon. “Cela nous permet de répondre avec plus de fluidité à une situation de manière plus libre, plus consciente, plus créative. La pratique régulière nous amène à diriger notre attention sur notre souffle et donc à gérer plus aisément la douleur, la colère, les relations ou le stress dans la vie quotidienne. Elle va nous permettre également d’alléger un état d’hyperstimulation de l’esprit, des ruminations.”

Des ateliers spécifiques organisés pour les parents


Dans le cadre de son métier, Kathleen Gilon propose des ateliers de parentalité de pleine présence à soi et à son enfant, sous-entendant donc la présence du parent avec l’enfant et du parent envers lui-même. “Une présence attentive à soi et à l’autre. La pleine présence de cœur à cœur est cultivée dans la relation parents-enfants, on peut mettre toutes les étiquettes qu’on souhaite derrière le mot parentalité. Ce qui compte c’est de faire du mieux qu’on peut moment après moment. J’ai le sentiment que toutes les théories sur l’éducation pourraient être considérées comme obsolètes s’il nous était facile et accessible de percevoir la vie à travers les yeux et cœur de notre enfant à chaque instant.

Concrètement, nous construisons notre relation parents-enfants et l’éducation que nous leur offrons avec nos cœurs grands ouverts car les enfants apprennent de l’exemple qu’on leur donne”,


explique Kathleen Gilon. “Ils apprennent de ce qu’on partage avec eux, de la sincérité de nos mots, du modèle de valeurs qu’on leur propose, du degré de liberté et de confiance qu’on leur offre, du respect qu’on porte, grâce à la qualité de ce qu’ils mangent, boivent, respirent, grâce à l’engagement que l’on peut avoir pour préserver la planète et les ressources qui leur seront léguées…”

Mais en quoi ce genre de cycle peut-il bien être bénéfique pour nous en tant que maman ou parent? Kathleen Gilon dresse une lise des bienfaits:

Nous aider à diminuer le stress parental.

Nous aider à trouver un équilibre entre nos valeurs, nos aspirations éducatives, nos propres limites et résistances et nos idéaux éducatifs entre se choisir et se donner.

Nous aider à nous reconnecter à nous, à nos ressentis, émotions, besoins.

Nous aider à respecter notre singularité et celle de nos enfants.

Nous aider à nous détacher progressivement de nos peurs et de nos réactions et schémas d’action automatiques en étant conscient de nos blessures.

Nous aider à identifier nos déclencheurs de nos réactions et schémas d’action automatiques mais aussi nos résistances dans nos manières de nous comporter avec nos enfants.

Nous aider à cultiver l’auto-compassion au lieu de l’auto-jugement et cultiver la compassion pour les membres de notre famille. Pouvoir s’accueillir tel que l’on est et tels qu’ils sont.

Nous aider à identifier nos croyances limitantes, nos ressources et nos forces pour appréhender différemment la relation avec nos enfants.

Nous aider à accepter notre vulnérabilité face à certaines situations familiales et à accepter que nos erreurs si elles sont reconnues peuvent faire grandir. Nous allons apprendre à nous nourrir d’une attention bienveillante d’amour pour soi.

Nous aider à casser le cycle de la continuité des habitudes répétitives dysfonctionnelles intergénérationnelles en les modifiant petit à petit en conscience.


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“La méditation s’adresse à tout le monde à partir du moment ou l’enfant rentre dans l’âge dit de raison jusqu’à la fin de notre vie”, conclut Kathleen Gilon.

 



“L’Eveil magique” propose des stages, des ateliers, des cycles pour les enfants et pour les parents. Les informations ici

Crédits photo: Getty Images


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