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Judgment detox: apprendre à arrêter de juger les autres et soi-même

Barbara Wesoly

Juger. Jauger. Évaluer et critiquer les choix, les habitudes, les paroles des autres. Et les soumettre à l’examen, parfois violent, de notre regard. Nous jugeons tous. C’est un comportement profondément humain. Mais qui n’en est pas moins destructeur tant il nous ramène à notre manque de confiance en nous, mais aussi aux idées préconçues dans lesquelles nous sommes ancrés.


Comment peut-il agir ainsi? Tu as vu ce qu’elle porte ? Pour qui se prennent-ils? Ces mots sont sortis à des dizaines, voire des milliers d’occasions de nos bouches respectives d’êtres humains. Du mimétisme de notre éducation, qui nous pousse à reproduire ce schéma d’action millénaire, à notre apprentissage qui nous confronte autant au concept de norme qu’au principe de réflexion et d’observation, tout nous entraine sur le chemin de la critique et du jugement. Remettre en question le monde est la base même de l’analyse scientifique, philosophique ou morale. Et essentiel pour ne pas demeurer enfermé dans des principes rigides.

Mais, dès le plus jeune âge, à côté des notions de bien et de mal, s’introduit un principe plus pervers de bon ou mauvais.

Un prisme d’adjectifs


En début d’école primaire, on apprend les adjectifs. Beau contre laid, intelligent ou idiot. Drôle. Ridicule. Élégant. Utile. Sain... Un processus sans fin qui conduit à envisager la vie à travers un prisme de jugements de valeur. Et que nous appliquons, consciemment ou non à tout ce qui nous entoure. Et tous ceux qui nous entourent.

Métier, famille, points à l’école, beauté, politesse, tout transite ainsi par cette échelle de valeurs imaginaire que nous nous constituons au fil de notre existence. Nous amenant à définir les autres mais aussi nous-mêmes, avec plus ou moins de bienveillance et d’indulgence.


C’est toute la complexité du problème. En jaugeant celui en face de nous, on se soumet en même temps au poids de l’exigence, à la violence de la critique. On se prive tout autant du droit à l’erreur. Et du droit d’être. Imparfait, spontané, différent. Unique.

La drogue de la critique


“Le jugement est une drogue. Cela anesthésie notre sentiment de profond inconfort, né de souffrances anciennes que nous ne voulons pas reconnaître ni identifier” explique Gabrielle Bernstein, coach et auteure du livre Judgment Detox. Un ouvrage qui vise à nous donner des clés pour guérir de ce manque d’amour propre, qui nous amène à pointer les failles des autres par peur de voir les nôtres. Et nous coupe de notre empathie en même temps que de notre ouverture d’esprit. “Juger nous fragilise. A partir du moment où on l’on se place au-dessus de l’autre, on donne vie à cette échelle imaginaire : certes on a grimpé une petite marche. Mais il reste des milliers de barreaux au-dessus de nous sur lesquels on imagine que d’autres résident avec grâce comme des funambules. Juger est une entreprise de destruction de l’amour de soi” ajoute Lily Barbery-Coulon, à qui l’ont doit l’ouvrage La réconciliation, racontant son chemin pour renouer avec la bienveillance et l’amour propre.

6 étapes pour se defaire du jugement


C’est tout sauf simple. On ne détricote pas les habitudes d’une vie en tirant sur le fil de la critique. Il faut se forger un nouveau mode de pensée, rompre avec un procédé très inscrit. Dans Judgement Detox, Gabrielle Bernstein prône une méthode en 6 étapes, relayée par Cosmopolitan France: se rendre compte de son jugement sans jugement, accepter ses blessures, faire de l’amour sa priorité, voir véritablement pour la première fois, couper le cordon avec la part de juge en nous et transformer ses ombres en lumière. Des principes qui peuvent sembler très abstraits ou irréalistes mais qui commencent par de petits actes simples, posés au quotidien.

Vivre en pleine conscience, de ses paroles et de ses opinions et rechercher leur origine. S’agit-il véritablement de notre avis ou d’une idée inculquée? Et sur quoi se base-t-elle?


S’imaginer à la place de l’autre pour mieux percevoir ses motivations ou ses décisions. Ne pas craindre l’introspection et accepter de se remettre en question, quitte à parfois réaliser que ce n’est pas l’autre qui est étrange, mais nous qui sommes jaloux, frustrés, ou limités. Et travailler sa bienveillance. En acceptant qu’être unique signifie forcément que chacun soit différent. Que de la richesse de cette différence naît aussi l’opposition, l’incompréhension ou l’antagonisme. Et qu’au fond, on a tout à apprendre de ce qui ne nous ressemble pas et nous questionne.

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