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Après un burn-out, Karen démissionne et reprend des études pour devenir enseignante

Justine Rossius

2020 est une année étrange, qui nous donne à tous matière à réfléchir. Ce que nous réserve l’après-Covid est confus, mais certains en profitent quand même pour se lancer dans de nouvelles aventures professionnelles. Karen, 28 ans, est de ceux-là. Après un burn-out, elle a démissionné et décidé de reprendre des études pour devenir enseignante.


« J’ai étudié les sciences politiques et j’ai directement voulu me lancer dans la vie active après mon cursus. J’ai tenté ma chance à la Commission européenne, mais le concours était très exigeant… Alors j’ai mis mes rêves d’un jour y travailler de côté. J’en étais là : tout juste diplômée et ne sachant pas ce que je voulais faire de ma vie. Mais j’étais sûre d’une chose : je devais trouver et je trouverais un emploi. J’ai postulé tous azimuts et j’ai accepté le premier poste qui s’offrait à moi. Un poste qui ne me disait rien du tout… »

 

Work hard, party harder


« Je me laisse facilement emporter par l’enthousiasme des autres. Mon entretien d’embauche s’était très bien passé et les recruteurs semblaient enthousiastes. J’ai donc naïvement pensé que le job me plairait. Mais je me trompais. Je me suis retrouvée dans une équipe jeune et branchée, avec une mentalité ‘work hard, party harder’, ce qui m’a permis de rapidement trouver ma place. Ce qui ne me plaisait pas, en revanche, c’était le travail lui-même. J’aimais avoir beaucoup de contacts sociaux, mais les choses sur lesquelles je devais communiquer ne m’intéressaient pas vraiment. Je n’étais pas très bien dans ma peau à l’époque et je devais tous les jours me forcer à aller au boulot. Pourtant, lorsque le médecin m’a annoncé que je souffrais d’un burn-out, j’ai été surprise. Je ne l’avais pas du tout vu venir, parce que je place toujours la barre haut pour moi-même et que je fais beaucoup d’efforts. »

 J’en étais là : fraîchement diplômée et sans aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie. 


« Au boulot, ils ont bien compris ma situation, et j’ai décidé de ralentir la cadence. Après trois mois à la maison, j’étais fatiguée de ne rien faire et je pensais être prête à m’y remettre. Mais c’était bien trop tôt, évidemment. Je me suis rendu compte que mon travail ne faisait qu’empirer la situation et me rendre plus malheureuse. Au lieu de dire à mes collègues que j’étais de retour, je devais faire exactement le contraire. Et comme j’avais toujours fait bonne figure au boulot, ils n’avaient pas du tout vu venir ma démission. Quelques larmes ont été versées, mais j’ai senti que c’était la seule bonne décision pour moi. »

 

Retour à l’école


« Après cela, j’ai testé trois emplois totalement différents, mais je n’ai accroché nulle part. J’étais complètement perdue, jusqu’à ce que je me retrouve au secrétariat d’une école comme employée intérimaire. Là, tout est devenu clair. Adolescente déjà, j’avais pensé à enseigner, mais mes deux parents sont enseignants et j’avais refusé de suivre leur exemple (rires). Pendant longtemps, j’ai hésité à reprendre des études.. Je ne savais pas si je pourrais m’occuper des jeunes, je doutais de mon autorité et, bien sûr, je devais prendre l’aspect financier en compte. Il a fallu un moment avant que je n’ose me dire ‘c’est maintenant ou jamais’. Je n’avais pas d’enfants ni de prêt à rembourser et j’étais encore assez jeune pour retourner à l’université. C’était ça ou me contraindre à ne pas être 100 % heureuse pour le reste de ma vie. »

Je dois encore me fixer des limites mais j’ai suffisamment de recul et d’expérience pour savoir quand c’est trop pour moi. 


« Je ne vais pas mentir : mes études ne se sont pas déroulées sans accrocs. Je me suis retrouvée dans une classe remplie de jeunes de 18 ans alors que j’avais déjà quelques années d’expérience professionnelle derrière moi. Ce n’était pas évident de soudainement retravailler avec des jeunes. J’ai donc été ravie quand, après deux ans d’étude, j’ai finalement pu me tenir devant une classe. Je n’ai pas regretté un seul instant mon changement de carrière depuis lors. Certes, tout n’est pas toujours tout rose dans le secteur de l’éducation, mais la grosse différence c’est que maintenant j’adore mon boulot. Je dois encore fixer mes limites, mais j’ai suffisamment de recul pour savoir quand ça en est trop pour moi. Je mets mon cœur et mon âme à l’ouvrage et j’espère poursuivre cette carrière longtemps. Et même si je recevais une offre d’emploi pour la Commission européenne, je ne quitterais mon job actuel pour rien au monde. »



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