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© Lore Bruggeman

ELLE NOUS INSPIRE : la skateuse belge Lore Bruggeman, 19 ans

Camille Hanot
Camille Hanot Journaliste


Lore Bruggeman, 19 ans, représentait, il y a quelques mois, aux Jeux Olympiques de Tokyo notre pays dans une discipline qui était pour la toute première fois inscrite dans la compétition : le skateboard. Rencontre avec une girlpower.


En juillet dernier, à Tokyo, pour la toute première fois dans l’histoire des Jeux Olympiques, le skateboarding était inscrit au programme. Dans cette nouvelle discipline olympique, Lore Bruggeman, 19 ans, représentait la Belgique et devenait, de la sorte, la première Belge à participer dans cette catégorie. Si elle n’a pas réussi à se qualifier pour la finale de l’épreuve du street dames en skateboard – 11e sur 20 participants -, elle a néanmoins écrit l’histoire dans ce sport. Nous l’avons rencontrée.

Comment vous êtes-vous mise au skate ?

« Un peu par hasard. J’ai, une fois, vu des garçons en faire dans la rue et à la garderie, et j’ai eu envie d’essayer moi aussi. Je ne connaissais pas du tout ce sport. Personne dans ma famille n’en faisait, ni parmi mes amis. Je n’ai été influencée par personne. Après quelques essais, j’ai trouvé ce sport tellement stimulant et innovant que je n’ai plus arrêté. »



 

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Quelle a été votre première compétition ?

« Je pense que ma première compétition était un événement national organisé par le skatepark de mon quartier, baptisé « Best of the West ». C’était très intimidant et excitant pour moi au début, mais les gars m’ont tout de suite mise à l’aise. J’ai réalisé mon premier boardslide à cette occasion et je pense que ça m’a motivée à continuer le skateboard. Et à ne jamais cesser de pratiquer. J’ai immédiatement aimé l’ambiance qui régnait là. Ce n’était pas la compétition à tous crins comme en gymnastique ou dans un autre sport. »



Quelle est votre figure préférée ?

« A priori, mon flattrick préféré est l’ « impossible », et mon railtrick préféré le « smithgrind ». »

Comment êtes-vous passée du stade « hobby » à celui de « pro » ?

« J’ai passé de très nombreuses heures sur ma planche. J’ai testé beaucoup de figures, et j’en ai gardé certaines. Je pense que j’ai persévéré pendant toutes ces années parce que j’adore le skateboard. J’ai toujours aimé les défis dans la vie. Par exemple, j’ai pratiqué plusieurs sports avant de commencer le skateboard (gymnastique, foot, BMX, step, ...). »

Comment se sont passées les qualifications pour les JO ?

« Sur une période d’environ trois ans, il y a eu toutes sortes de tournois de qualification dans tous les pays. Malheureusement, j’avais eu un accident grave pendant les premiers tournois, donc j’en ai raté quelques-uns. Mais je pense que j’ai bien récupéré lors des suivants. Le coronavirus m’a peut-être aidée. »

Le jour où vous vous êtes qualifiée pour les JO a-t-il été le plus beau jour de votre vie ?

« Je dois admettre que cela n’a jamais vraiment été un rêve. Je ne pensais pas qu’il était possible que je puisse un jour y participer. Mais j’ai gagné un certain nombre de concours dans la période qui a précédé et c’est ainsi que les choses sont devenues sérieuses. J’ai soudainement eu des sponsors comme OnePlus et c’est comme ça que les Jeux Olympiques sont apparus sur mon radar. Lorsque j’ai finalement été qualifiée pour aller à Tokyo, j’étais bien sûr extrêmement heureuse”.



 

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Etiez-vous nerveuse lors de la compétition à Tokyo ?

« C’était très impressionnant d’être dans ce skate park japonais. L’avantage était qu’en raison de la pandémie, aucun spectateur n’était autorisé, ce qui me permettait de me concentrer sur mes tours. Sans public, je ne me rendais pas toujours compte que j’étais aux JO. »

Quel était votre objectif ?

« Je suis allée à Tokyo principalement pour l’expérience. J’avais en tête un certain nombre de tours que je voulais absolument réussir et ils ont fonctionné. Donc pour moi, ma course a été un succès. Je ne voulais pas me mettre trop de pression. »

Lors des JO de Tokyo, on a beaucoup parler de la pression mentale à laquelle les athlètes sont confrontée. La ressentez-vous aussi ?

“Oui. Pour moi, la combinaison du sport et des études pèse parfois très lourd. J’étudie les sciences de la communication à Gand. Si je dois travailler tard le soir, je ne peux pas être fraiche comme je le voudrais le matin pour une compétition. Je ressens aussi la pression de la performance car des gens investissent de l’argent en moi ou se déplacent pour me soutenir. Je ne veux pas décevoir qui que ce soit.”

Comment faire face à cette pression ?

“J’ai engagé un coach mental pour m’aider avec ça. C’est un très bon conseil que je peux donner : parlez-en ! Ne restez pas là avec vos peurs, votre stress ou d’autres sentiments, mais jetez-les sur la table. Une fois que vous aurez parlé à voix haute, la pression s’envolera déjà.”

Avez-vous remarqué que votre génération, celle des jeunes d’une vingtaine d’années, est beaucoup plus ouverte à la santé mentale et ose en parler ?

“Oui. Je pense que le temps des tabous est enfin en train de disparaître. Ne pas faire, dire ou porter quelque chose parce que cela ne se fait pas selon la société, cela fait lentement partie du passé. Mais malheureusement, il y a encore beaucoup trop de jeunes qui se soucient de ce que les autres pensent d’eux.”

Quel est votre rapport à votre image ? 

“Je commence à m’aimer de plus en plus. Avant, je me laissais marcher sur les pieds, mais maintenant j’ai beaucoup plus confiance en moi, grâce au skateboard. J’ose dire ce que je veux et le défendre.”



 

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Comment se déroule une compétition de skate ? Y a-t-il des figures imposées ?

« Chaque skateur décide lui-même des runs et figures qu’il fait. Bien sûr, il faut être malin et réfléchir à la difficulté, à l’obstacle que l’on utilise, au style d’exécution, à la vitesse... Mais tout cela est logique au final. C’est très chouette qu’il y ait souvent une dynamique dans une compétition de skateboard, car chacun fait les figures qu’il veut. Bien sûr, le résultat final est évalué par un jury, ce qui rend les choses un peu plus complexes. Mais la plupart du temps, cela ne pose pas de problème. »

Pensez-vous que les jeux olympiques vont impacter votre carrière ?

“Je pense que le fait que le grand public connaisse désormais ce sport, est une bonne chose pour le skateboard en général. Le sport sera plus respecté et, espérons-le, il y aura plus de skateparks. En revanche, je ne sais pas quel en sera l’impact pour moi ; peut-être que des gens me reconnaîtront sur mon skateboard ?”

Justement, c’était la première fois que le skateboarding était au programme des Jeux Olympiques, était-il temps ?

« Au début, je n’ai pas pris toute la mesure de cette annonce. J’ai pensé « Ok, c’est chouette ». Mais ensuite j’ai reçu le soutien de la fédération et de mes sponsors pour participer aux compétitions et j’ai compris l’ampleur. Je pense que le skateboard mérite d’être une discipline olympique, car les skateurs sont aussi des athlètes qui travaillent très dur pour un sport qu’ils aiment.”

Ça fait quoi d’être la première femme belge à participer aux JO ?

“Quand j’y pense maintenant, je suis heureuse. Peu de gens peuvent dire ça, en fait.”

Être une fille dans ce sport, est-ce compliqué ?

« Au début de ma carrière de skateboardeuse, j’étais parfois l’objet de regards et de remarques étranges, mais c’était surtout de la part de jeunes visiteurs qui ne connaissaient rien au skate. Les vrais skateboardeurs m’ont directement acceptée et m’ont prise sous leur aile. Je ne me suis pas trop souciée de ça. Par contre, le monde du skate est encore largement dominé par les hommes mais je remarque de plus en plus de femmes se lancent dans l’aventure. »



 

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En tant qu’athlète féminine, avez-vous parfois l’impression que l’on se préoccupe davantage de votre apparence que les athlètes masculins ?

“Absolument. J’ai remarqué que si vous êtes bien habillé en tant que skateur, on apprécie davantage votre épreuve. Par exemple, une femme qui skate en bikini et poste une vidéo sur Instagram obtiendra plus de likes que quelqu’un qui réussit un bon tour. Je ne pense pas que ce soit juste. Vous devez juger les gens sur leurs compétences et non sur leur apparence. En outre, les athlètes féminines sont toujours traitées différemment des athlètes masculins. Il suffit de regarder le montant des prix, par exemple. Dans combien de sports une femme, en faisant la même chose, obtient-elle moins qu’un homme ? Il y a encore beaucoup de travail à faire !”

Quelles sont les qualités requises pour devenir skateuse ?

“La persévérance est très importante, à mon avis. Il ne faut jamais abandonner. Apprendre une figure prend souvent beaucoup de temps et d’effort. Il faut croire en soi. Et ne jamais rien prendre trop au sérieux ; le skateboard est avant tout un plaisir pour moi.”

Combien de fois devez-vous vous entraîner par semaine ?

“Je fais du skateboard environ 5 fois par semaine. Deux fois avec un coach et le reste, je le fais quand ça m’arrange, avec des amis.”

Peut-on vivre du skate ?

“À mon avis, il n’est possible de gagner vraiment sa vie avec le skateboard qu’aux États-Unis. Le sport est né là, les pros et les marques sont là, etc. J’ai quelques sponsorings de marques que je soutiens moi-même, comme la marque de smartphones OnePlus, par exemple. Leur campagne « Never Settle » me parle beaucoup, dans la mesure où le skateboard consiste littéralement à tomber, à se relever et à recommencer. Ce genre de soutien rend aussi ce que je fais un peu plus amusant. Mais dans l’ensemble, ce n’est malheureusement pas suffisant pour en vivre.”



 

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Y a-t-il un pays où la culture du skate est plus développée ? Notamment chez les filles ?

“Je pense que la culture du skateboard est plus forte dans certains pays (les États-Unis, les Pays-Bas, la France, par exemple). Ils ont en outre une approche professionnelle du skateboard depuis bien plus longtemps que la Belgique. Mais nous y arriverons... ;)”

Comment envisagez-vous l’avenir ?

“Je n’y pense pas trop. Je préfère vivre au jour le jour et improviser au fur et à mesure. J’espère que je décrocherai mon diplôme et que je pourrai continuer à faire du skateboard.”

Avez-vous un message pour celles qui veulent se lancer dans cette discipline mais n’osent pas ?

“Ne tenez pas compte de l’avis des autres. Faites ce que vous aimez et ce qui vous procure du plaisir. « It doesn’t have to make sense to other if it makes you happy. » C’est ma devise”.



 

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