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Mais où sont les femmes sur la cover du ““Focus Vif””?

Justine Rossius
La nouvelle cover du "Focus Vif", présentant la "nouvelle vague" du hip-hop belge est superbe, au premier abord du moins. Puis en y regardant de plus près, on remarque qu'il manque un truc. Mais si, regardez bien.

Une. Une seule femme – Coely, – apparaît sur cette couverture du Focus Vif, le supplément culture du Vif, qui s'est donné comme mission périlleuse de tirer le portrait de la scène rap belge actuelle. La rédaction a eu l'intelligence de la placer au milieu, comme pour compenser un peu, ce manque de boobs.

 

 

Sont présents des artistes qu'on adore, dont les rappeurs Romeo Elvis ou Caballero, le vidéaste Benoit Do Quang. Et rassembler toute cette scène sur une couverture tient de la prouesse. Mais la question brûle les yeux: les femmes sont-elles à ce point absentes du "rap game" ou sont-elles simplement invisibles aux yeux des médias? Cette page full testostérones n'aurait-elle pas mérité un angle directement affirmé? Pourquoi ne pas directement parler de "La nouvelle vague masculine" puisqu'aucune femme n'y surfe? Sans doute parce que le masculin l'emporte.

 

La réponse du Vif

Cette absence bien flag' d'ovaires a directement été constatée par des lectrices et la réponse du magazine ne s'est pas faite attendre :

Pour tout dire, on a aussi essayé Shay, mais qui n'a jamais réagi. Cela étant, il y en a des filles qui animent le milieu, mais elles ne rappent pas. Voir SupAfly Collective, Audrey Di Troia, la manageuse de Damso, Ibtihal Boukhari, etc.

Réponse quelque peu facile (complétée plus tard, plus bas dans l'article), puisque la photo ne comprend pas uniquement des hommes qui rappent: il y a aussi des réalisateurs, des ingé sons, des bookers... "C'est très dur de trouver des femmes qui pèsent dans le rap jeu belge. Mais en ce qui concerne les réalisateurs, managers, etc. je pense qu'il y aurait eu moyen de trouver quelques femmes en plus. Ça aurait mérité une recherche approfondie, puisque ces gens-là sont plus de l'ombre" nous explique Camille Loiseau,  responsable communication de l'espace culturel Le Vecteur, à Charleroi. 

Après, tout dépend aussi des "frontières musicales". On pourrait parler de Rin, ou de Juicy, si on pousse dans le côté R&B. Mais dans la vague hip-hop en question, effectivement, il s'agit de mecs et de crews qui rappent ensemble, sans femme car il y en a peu.

conclut-elle, avant de nous présenter le bel exemple de Zwangere Guy, groupe bruxellois qui n'a mis en scène que des femmes et très loin des représentations dégradantes habituelles, dans son dernier clip: 

 

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Sortir les femmes de l'ombre

Nous, on aurait voulu, justement que la manageuse de Damso, prenne la pause. On aurait voulu qu'ils contactent les Lizzies, qui participent au rap game à leur manière et quoi qu'on en dise. Le fond du problème, c'est qu'en tant que média culturel, on aurait apprécié que Focus Vif débusque les femmes de l'ombre, qui participent au hip-hop noir jaune rouge, loin des projecteurs, avec le même talent, la même passion que ces mecs. On aurait voulu qu'ils fassent plus que de mettre sous spots ceux qu'on connaît déjà trop bien, qu'ils agissent comme des trendsetters et nous proposent des modèles féminins bien swaggy, des Kate Tempest nationales, qui nous prouvent que oui, même les filles peuvent jouer dans la cours du rap. Suggestions auxquelles Laurent Hoebrechts, journaliste du Focus Vif, en charge du reportage en question, nous a répondu:

L'idée, c'était de documenter une "certaine" scène hip hop. Dans ce cadre, on a essayé d'inviter des filles – rappeuses ou non – qui la représentaient le mieux, mais sans grand succès (je vous jure qu'on a fait le forcing pour Shay, et Anissa, la manageuse de Damso, a préféré décliner). Ce qui ne veut évidemment pas dire qu'il n'y en a pas, mais souvent elles sont moins directement liées au game actuel. Cela étant dit, on serait ravi de creuser le sujet et la discussion.

 

En tout cas, si vraiment, aucune autre femme n'aurait mérité d'être présente sur cette cover (on en doute), celle-ci a le mérite de souligner bien grassement un terrible manque de parité dans l'industrie musicale belge. Et en particulier dans cette "nouvelle" vague, finalement plus tradi qu'elle n'y paraît.

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