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Lettre ouverte à toi, commentateur des J.O. à côté de la plaque

La rédaction
Les dérapages se succèdent depuis le début des Jeux Olympiques. Sexisme, racisme, paternalisme, certains commentateurs se sont laissé emporter. Et dire qu'il reste encore plus de dix jours pour toucher le fond et creuser encore. 

Cher commentateur sportif, 

 

Je n'ai pas envie de te vouvoyer ou de prendre des pincettes. Après tout, toi, tu n'en prends pas. 

 

J'ai beaucoup de respect pour ta profession et ta passion. Le métier de journaliste peut être ingrat. Toujours tout faire dans l'urgence, s'accommoder des contretemps sans broncher, montrer patte blanche et gérer l'antenne avec calme et professionnalisme. Peu peuvent se targuer de réussir à jongler avec le stress, la pression et les exigences sans avoir le front qui perle de temps en temps. 

 

Mais, sérieusement, qu'est-ce qui t'a pris? À quel moment as-tu pu penser que c'était une bonne idée de lâcher cette petite phrase anodine sans réfléchir aux conséquences? 

 

De quoi je parle? Laisse moi te rafraîchir la mémoire. Tout a commencé lors de la cérémonie d'ouverture. Et ça a commencé très fort.

 

L’esclavage est bon pour le développement du Brésil.

 

Dois-je te rappeler l'impact dramatique qu'a eu la traite d'individus à travers le monde? Les millions de morts, l'humiliation, la privation des libertés fondamentales? Si seulement tu t'étais arrêté là. Mais non! Tu as jugé bon de rappeler que cette athlète ne devait sa victoire qu'à son mari lorsque la nageuse hongroise Katinka Hosszu a décroché l’or et pulvérisé son propre record du monde au 400m 4 nages.

 

Aaah mais n'oublions pas ce moment épique où tu as bien rigolé en comparant ces gymnastes japonaises à des Pikachu!

 

Ton racisme ordinaire n'a d'égal que ton sexisme. Mais empresse-toi seulement de twitter que "la femme d’un joueur des Bears remporte une médaille". Ça aurait eu tellement moins de poids de récompenser sa performance en marquant son nom dans l'histoire. 

 

Est-ce trop te demander de traiter l'information sans tomber dans le sensationnalisme et sans donner raison aux millions d'internautes qui se sont tiré les cheveux en entendant tes propos au lieu de se concentrer sur la prouesse sportive en elle-même?

 

À toi commentateur sportif, qui fais de cette compétition mondiale un ramassis de préjugés. À toi, maître du micro, qui fais croire au monde entier que les femmes doivent leur réussite à quelqu'un d'autre. À toi, roi de l'hypocrisie, qui ramènes le succès féminin à la clairvoyance des hommes. J'ai un service à te demander. Les Jeux Olympiques se terminent le 21 août. Laisse-moi croire en ton professionnalisme et au fait qu’à l’avenir, tu t’abstiendras de telles bassesses. 

 

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