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© Waiting for medical appointment . Young peaceful pregnant woman sitting in the gynecology cabinet and waiting for the doctor while preparing for the appointment

À VOIR: ““Naître d’une autre””, le documentaire sur les mères porteuses

Gwendoline Cuvelier Journaliste

Le documentaire “Naître d’une autre” explore le sujet de la gestation pour autrui (G.P.A.) sous toutes ses facettes. En Belgique, cette pratique est tolérée à condition qu’elle ne soit pas commerciale. Le film nous emmène au cœur du C.H.U. St-Pierre de Bruxelles, à la rencontre de l’équipe médicale mais aussi de couples ayant recours à la G.P.A. ainsi que de mères porteuses.


Le documentaire “Naître d’une autre” nous fait accéder à plusieurs expériences de G.P.A. Depuis les questionnements de l’équipe – composée de gynécologues, psychologues, biologistes et infirmières – jusqu’à la rencontre et au suivi des protagonistes, s’élabore la possibilité d’une histoire dans laquelle une femme accepte de porter un enfant pour une autre.

Les récits se construisent pendant que le film accompagne un couple venant de France (où la G.P.A. est interdite), tout le temps des tentatives de gestation. La sœur de la mère d’intention pourra t-elle faire venir au monde l’enfant tant espéré? Par touches successives, se dessinent peu à peu les enjeux et les questions complexes qui se posent, dont celle de la place de cette femme singulière, la mère porteuse. Pourquoi accepter ce rôle? Comment vit-elle le processus complexe au bout duquel l’enfant qu’elle aura porté et avec qui intimement un lien se sera tissé, passera dans les bras d’une autre? Comment y reconnaître l’intérêt de l’enfant ? Le documentaire rend compte de ces expériences qui bouleversent tous les repères.

Juste un ventre à louer?


Au départ, ce qui m’a animée était une révolte par rapport à l’émergence de la G.P.A. Comment pouvait-on dépasser cette frontière, réduire un ventre à un « ventre à louer »?” explique Cathie Dambel, la réalisatrice de “Naître d’une autre”. “J’ai éprouvé un trouble et la nécessité d’interroger au plus près cette évolution sociétale rendue possible par les progrès scientifiques, le besoin de comprendre ce qui se joue ici, ce que vit la mère porteuse, la place qu’on lui fait, ce que le couple engagé dans cette histoire se raconte et ce qu’il en racontera à l’enfant” explique-t-elle.

Sur le « marché » de la G.P.A, les Etats-Unis représentent la pointe avancée du spectre. En Inde, le même type de transaction existe pour un bébé « clef en main » ; les prix sont plus bas et tiennent compte d’un ensemble de critères dont fait partie la caste de la mère porteuse. Le « tourisme procréatif » s’y développe en rajoutant à la dimension commerciale une composante fantasmée autour de la figure de la femme indienne qui n’aurait d’autre rôle que de donner la vie en sacrifiant la sienne. En Europe, certains pays autorisent la G.P.A: Angleterre, Pays-Bas, Luxembourg, Hongrie, Pologne, Irlande, Danemark, Belgique, mais selon différents degrés qui vont de la seule tolérance jusqu’à l’inscription dans la loi.

Face à ces différentes pratiques, j’ai décidé de poser ma caméra dans un pays où interfère le moins possible la question de la marchandisation pour mieux approcher ce qui se joue sur le plan symbolique” précise Cathie Dambel. En effet, en Belgique, la mère porteuse doit être « relationnelle ». L’accord passé entre elle et les parents ne s’inscrit pas dans une relation commerciale. Il s’agira donc d’une sœur ou d’une amie proche qui accepte de devenir mère porteuse à la demande d’un couple, pour répondre à une souffrance dont elle a conscience.

Le film se place implicitement aux côtés de la mère porteuse, celle dont le point de vue est généralement absent ou minoré. C’est par son sang à elle que passe la nourriture que reçoit l’enfant  elle l’accueille dans son ventre, elle lui donne vie. Cet intime biologique est indissociable du lien symbolique qui se noue entre eux et n’est pas sans effet sur l’avenir psychique de l’enfant” insiste la réalisatrice du documentaire. Le film ne juge pas, ne prend pas directement parti, mais s’installe dans les points aveugles des discours. Il approche ce qui permettrait d’inscrire cette démarche dans une aventure qui reste humaine.

Comment regarder “Naître d’une autre”?


Le documentaire sera diffusé ce lundi 14 décembre à 21h05 sur La Trois dans l’émission “Regards sur...!” et sera ensuite disponible en ligne sur Auvio.

Photo couverture: Getty images.

Photos articles: Naître d’une autre.


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