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Lettre pour Johanna, exemple de combativité face à la maladie

Johanna était l’un des visages du Télévie. Depuis l’enfance, elle se battait contre un fichu cancer. Laura, notre journaliste, avait interviewé Agustin Galiana à ses côtés. 

J’ai l’estomac noué. La gorge serrée. Johanna est partie. Johanna était malade du cancer depuis l’âge de 4 ans. Quand je l’ai rencontrée, elle en avait 19. Ce jour là, j’avais rendez-vous avec Agustin Galiana, chanteur, acteur et danseur, pour une interview dans les bâtiments de RTL House. Une fois sur place, on m’a demandé de patienter: Agustin Galiana était occupé.

La patience, ce n’est pas mon truc. Alors, j’ai pesté intérieurement. Parce que mon emploi du temps millimétré allait être chamboulé, parce que j’avais encore une tonne d’articles à écrire. Puis, le temps s’est arrêté.

L’attaché de presse d’Agustin Galiana m’a emmenée auprès de l’artiste, en pleine conversation avec Johanna. Je l’ai d’abord vue de dos. Dans sa chaise roulante, un foulard autour de la tête. Ce petit bout de femme expliquait à Agustin Galiana, son idole, qu’elle avait décidé de raconter son histoire au Télévie.

Un premier cancer à l’âge de 4 ans. Un neuroblastome. Un cancer infantile qu’elle a combattu mais qui, toujours plus fort, est revenu. Elle avait 19 ans mais on lui en aurait donné 5 de moins. Peu importe, Johanna était une femme. Une très belle femme, élégante et coquette.

Je me rappelle de la pureté de ses traits, de l’ombre à paupière bleue pailletée qu’elle portait sur ses yeux. De la couleur rose de ses lèvres.


Si elle avait décidé de s’exprimer, de parler de son combat, ce n’était pas pour qu’on la prenne en pitié ou pour qu’on s’apitoie sur son sort. Non, Johanna incarnait l’espoir. « Je me bats contre le cancer depuis que j’ai 4 ans », avait-elle dit. « Je ne le laisserai pas m’avoir. »

Jamais, je n’avais rencontré quelqu’un qui avait survécu à autant de récidives. Elle était convaincue qu’elle guérirait. Si bien que, moi aussi, j’y ai cru.


Elle avait des projets. Elle aimait écrire. Spontanément, je lui ai proposé d’interviewer Agustin Galiana avec moi, pour s’essayer au métier de journaliste… même si elle ne s’y destinait pas. Elle n’a pas osé, ou pas voulu, poser de questions. Elle a écouté. Une force tranquille. Puis, lorsque nous avons parlé de « Danse avec les stars », son sourire s’est illuminé. Elle pouvait énoncer facilement tous les noms des candidats de l’émission. Puis, je l’ai sentie fatiguée. Jamais, elle ne l’aurait avoué.

Jamais, elle n’aurait montré un signe de faiblesse. Faire comme si la douleur n’existait pas, c’était sa façon à elle de dire au cancer de se taire, qu’il n’aurait pas sa peau.


J’y ai cru. Parce qu’elle y croyait. Parce qu’elle disait qu’elle était comme tous les jeunes de son âge, les séjours à l’hôpital en plus. Je l’ai crue invincible. J’ai cru qu’un jour, peut-être, je tiendrai un bouquin signé de son nom entre mes mains. Je suis rentrée chez moi bouleversée par cette rencontre.

Le genre de rencontre qui, le temps d’un instant, vous fait tout remettre en question. Le genre de rencontre qui vous donne envie de vivre, de contempler le ciel, de vous lover dans les bras de ceux que vous aimez, de marcher à pieds nus dans l’herbe, de respirer.

Le genre de rencontre qui vous permet de mesurer votre chance d’être en vie, en bonne santé, qui fait taire l’impatiente qui, avant son rendez-vous, se plaignait, encore et toujours, de son quotidien trop stressant, trop fatigant, trop “tout”.

Le genre de rencontre qui vous retourne l’estomac, qui vous met le cœur en miettes, qui vous met en colère aussi. Pourquoi n’avons-nous toujours pas réussi à éradiquer cette foutue maladie ?

Puis, les jours passent. La vie reprend son cours. Mais, on n’oublie pas. Et, un matin, un triste matin comme aujourd’hui, on découvre que Johanna est partie. Son rire discret, mais tellement communicatif résonne encore dans mes oreilles.

Elle aura été un exemple de combativité. Son passage sur Terre, même s’il a été trop court, aura compté. Pour moi, pour ces autres enfants malades qui luttent chaque jour et qui ont pu s’inspirer de sa force. Je pense à eux aussi, à Marie-Hélène, un autre visage du Télévie, emportée à 11 ans par une leucémie. Puis, je pense aux parents de tous ces anges partis trop tôt, qui ne veulent pas qu’on leur envoie des fleurs mais qui appellent aux dons. Pour poursuivre la bataille. Jusqu’au bout.

 

 

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