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Suzanne Spaak, l’héroïne belge à (re)découvrir d’urgence

Kathleen Wuyard

Ce matin, on a appris que deux de nos consoeurs, les journalistes Myriam Berghe et Anouk Van Gestel, étaient jugées pour trafic d’être humains. Le terme est glaçant, et évoque plutôt la prostitution forcée et les enlèvements. Le crime de Myriam et Anouk? Avoir hébergé des migrants. En attendant le début de leur procès, on a eu envie de se plonger dans une biographie passionnante de Suzanne Spaak, pour se rappeler.


Car ce qu’on reproche aujourd’hui à Myriam Berghe et Anouk Van Gestel, soit, fondamentalement, héberger et aider du mieux qu’elles le peuvent des personnes en détresse, il n’y a pas si longtemps encore, on l’encensait. Myriam est journaliste littéraire pour femmes d’aujourd’hui, tandis qu’Anouk, elle, est rédactrice-en-chef de Marie Claire Belgique. Il y a 60 ans, peut-être qu’elles auraient gravité dans les mêmes cercles que Suzanne Spaak, voire même qu’elles auraient été amies. Issue de la bourgeoisie belge, Suzanne, née Suzanne Augustine Lorge en 1905 à Bruxelles, se marie avec Claude Spaak, auteur dramatique renommé de l’époque. Le couple déménage à Paris, vit la grande vie, et se noue notamment d’amitié avec un certain René Magritte.

Une vie de privilège qui va être interrompue par la Seconde guerre mondiale. En 1941, Suzanne rejoint le Mouvement National Contre le Racisme et son appartement parisien devient un lieu de rencontre pour les représentants des différents mouvements de résistance. Suzanne ne fait pas que les accueillir, elle devient Résistante elle aussi, avec pour objectif principal de sauver les enfants de la déportation. Organisant missions secrètes et familles d’accueil, elle n’aura de cesse d’oeuvrer pour épargner à ces enfants innocents une mort certaine. Un combat qui la mènera à la sienne, Suzanne ayant été condamnée à mort en janvier 44 et fusillée 13 jours seulement avant la Libération de Paris.

Mères courage


Si en Belgique, on connaît surtout son beau-frère, Paul-Henri Spaak, un des pères fondateurs de l’Europe, il est injuste que le nom de Suzanne Spaak ait été oublié des livres d’Histoire. Heureusement, Anne Nelson lui consacre un ouvrage passionnant, “La vie héroïque de Suzanne Spaak”, paru aux éditions Lafont. Un récit qui bouleverse et prend aux tripes, et questionne l’engagement et la notion de sacrifice. Une héroïne, vraiment. Comme Myriam Berghe et Anouk Van Gestel, qui n’ont pas hésité à ouvrir leurs coeurs, leurs portes, leurs bras et se mettre en danger parfois pour sauver des migrants de la dérive, du froid, de la peur. Aucun livre ne leur est consacré, et si elles auraient certainement préféré rester anonymes, leurs noms font la une après que leur procès ait été annoncé. Tout le monde n’a pas leur courage, ni celui de Suzanne Spaak, et ce n’est pas grave, parce que faire preuve d’autant de force et de sacrifice, c’est rare. Mais il n’y a pas besoin d’être intrépide pour refuser de les regarder se faire juger sans rien dire.

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