Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…
© Toni Morrison attends the Carl Sandburg literary awards dinner at the University of Illinois at Chicago Forum on October 20, 2010 in Chicago, Illinois. (Photo by Daniel Boczarski/FilmMagic)

Adieu Toni Morrison, la Nobel de littérature au destin digne d’un roman

Kathleen Wuyard

Brillante, engagée, souriante, inspirante, passionnante: Toni Morrison était tout ça, et bien plus encore, à commencer par une auteure nécessaire, dont l’oeuvre lui avait valu de devenir la 1e femme noire Nobel de littérature. Elle s’en est allée dans la nuit du 5 août, à l’âge de 88 ans.


Avant Toni Morrison, avant le Nobel et le Pulitzer, il y avait eu Chloe Anthony Wofford, née dans une famille ouvrière de 4 enfants à Lorain, dans l’Ohio. Passionnée de lecture, elle s’intéresse très vite à des auteurs d’envergure tels que Jane Austen, et s’inscrit à 18 ans à l’université Howard pour y étudier la littérature. Un temps professeur, elle se marie en 1958 avec celui qui lui donnera son nom d’auteur, Howard Morrison, et après leur divorce en 1958, elle quitte le milieu académique pour devenir éditrice chez Random House, à New-York.

En parallèle de son métier, qui la voit éditer la section “littérature noire” de la vénérable maison d’édition, Toni écrit elle aussi, et elle publie son premier roman, The Bluest Eye à l’âge de 39 ans. Publié 7 ans plus tard, “Beloved” fera d’elle l’auteur de renommée internationale qu’elle est aujourd’hui. L’histoire de Sethe, une ancienne esclave, hantée par les fantômes du passé et surtout, par le fantôme de sa fille. Un livre percutant qui vaut d’abord à Toni Morrison le prix Pulitzer en 1988, avant qu’un Nobel ne vienne couronner l’ensemble de sa carrière en 1993.

Engagée jusqu’à son dernier souffle


Fervente supportrice de Clinton en son temps, celle qui l’avait qualifié de “premier président noir américain” en raison de ses origines modestes et de son amour pour la junk-food, avait ensuite apporté son soutien à Barack Obama, qui l’a décorée de la Médaille présidentielle de la Liberté fin 2012. Engagée jusqu’à son dernier souffle, elle avait rédigé l’excellent essai “En deuil de la blancheur” suite à l’élection de Donald Trump, critique acerbe d’une Amérique intolérante qui semblait décidément n’avoir retenu aucune des leçons du passé. Lassée de se battre, peut-être, ou simplement satisfaite d’une vie romanesque et bien menée, la grande dame de la littérature US s’en est allée paisiblement ce lundi 5 août dans son sommeil. Dans “The Bluest Eye”, elle s’interrogeait: “Comment est-ce qu’on fait? Je veux dire, comment est-ce qu’on fait pour que quelqu’un vous aime?”. Pour Toni Morrison, la réponse est passée par l’écriture, ses livres lui en valu des millions de femmes et assurant qu’elle sera aimée et admirée pour la postérité.

Lire aussi: 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires