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Marc Levy en interview: ““Aucune sécurité ne résiste à un bon hacker””

La rédaction


Six mois après “C’est arrivé la nuit”, l’écrivain publie la suite de l’histoire de ses hackers au grand cœur. Dans “Le Crépuscule des Fauves”, ces aventuriers du web s’activent sur leurs écrans pour saboter l’œuvre de puissants sans scrupules. Ce qui nous offre des rebondissements et un rythme digne d’une série télé. Vivement le troisième (et dernier) tome!

Vous êtes l’écrivain francophone le plus vendu… Cela vous protège-t-il du trac à chaque nouveauté?


“Au contraire! L’écriture en elle-même n’entraîne pas de pression. C’est un travail solitaire, où je reste seul face à ma copie. Mais, une fois le roman publié, je perds tout moyen d’action… Contrairement à un chanteur qui capte les réactions de son public et peut s’adapter. Pour moi, difficile de suivre mes lecteurs dans leur salon! C’est angoissant, car je dépose un à deux ans de travail entre les mains d’inconnus… En même temps, c’est également la magie et la fragilité de ce métier.”

Nous abandonnons tous beaucoup trop de données personnelles sur le web!”

Pour les besoins de cette trilogie, vous avez mené une enquête sur les hackers. Depuis, vous protégez mieux vos infos sur les réseaux sociaux?


“Oui, même si, en réalité, aucune sécurité ne résiste à un hacker compétent! Voilà pourquoi je préfère agir en amont, sans exposer mon quotidien et en y laissant un minimum d’éléments privés. Nous abandonnons tous beaucoup trop de données personnelles sur le web!

N’est-on pas surtout mal informés au sujet des dangers qui existent?


“Effectivement! Nous devons évoluer, devenir plus matures par rapport à cela! Je compare cette situation à l’agro-alimentaire où, autrefois, les fausses promesses étaient nombreuses. Puis le consommateur a appris à décrypter les étiquettes, poser des questions… Les industriels ont été contraints de devenir plus transparents. J’espère qu’on y parviendra bientôt dans l’univers du digital: c’est terriblement important pour la protection de nos démocraties et des générations futures. Actuellement, on doit encore trop souvent accepter des conditions d’utilisation dont la lecture est longue, indigeste et en caractères minuscules.”

Vos hackers ne sont-ils jamais séduits par l’appât du gain?


“Ce livre représente 3 ans d’investigation rigoureuse et ceux que j’ai rencontrés étaient honnêtes. Les ‘grey hat’ avec qui j’ai souvent discuté ont posé un choix de vie extrêmement moral. Donc, non, ils ne sont jamais tentés d’agir pour de mauvaises raisons. Ce sont des lanceurs d’alerte intègres.”

Ils ont tous des caractères bien trempés...


“Tous présentent une forte personnalité que j’ai adoré sculpter, car chacun d’entre eux permet au roman d’évoluer. Afin de m’y retrouver, j’avais d’abord établi un plan puis très vite, mes héros ont pris le dessus!”

Vous étiez à Manhattan au début de la pandémie et on a tous vu les images de New York déserté. Comment l’avez-vous vécu?


“Très vite, la ville a été extrêmement meurtrie avec un nombre impressionnant de décès. C’était terrifiant d’entendre les sirènes des ambulances non-stop, de voir l’installation de la morgue géante. Les autorités n’ont pas eu besoin de nous confiner: on s’enfermait spontanément par peur du virus. C’était également surprenant de voir New York sans touristes et sans ses travailleurs venus de la périphérie. Ce flux de millions d’humains s’est arrêté brutalement: tout était silencieux. Ensuite, les restaurants ont pu rouvrir à condition de servir à l’extérieur, ce qui a complètement modifié l’urbanisation de la cité: les rues sont devenue piétonnières et se sont remplies de terrasses. J’ai ainsi pu enfin rencontrer mes voisins: en hiver, par moins 12°C, on lunchait tous dehors, emmitouflés dans nos doudounes!”

Après Paris et Londres, vous vivez à New York depuis 2008. La prochaine étape, c’est Bruxelles?


“(Rires) J’aime énormément la Belgique, j’y apprécie la nourriture et la joie de vivre de vos compatriotes. Mais je suis encore plus amoureux du ciel bleu, ce qui m’a d’ailleurs motivé à fuir la capitale anglaise. Ici, même avec des températures glaciales, on profite de 350 jours d’éclaircies par an. La grisaille représenterait donc ma seule réticence envers votre pays!”

Interview: Michèle Rager

Photo: Nastassia Brame




“Le Crépuscule des Fauves”, de Marc Levy, éd. Robert Laffont/Versilio. Disponible ici.



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