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À voir: ““Au bonheur des dames””, le docu qui casse les préjugés sur le métier d’aide-ménagère

En Belgique, elles sont 165.000 employées à travailler dans le secteur des titres-services. Huit d’entre elles ont accepté de raconter leurs conditions de travail pour les besoins d’un documentaire, intitulé “Au bonheur des dames”, qui vise à mettre en lumière les contours de la profession d’aide-ménagère. Un éclairage touchant à voir absolument.

Huit femmes, courageuses, lumineuses. Elles ont entre 20 et 65 ans et exercent le métier de “femmes de ménages”, comme on les appelle encore trop souvent. Un travail que beaucoup considèrent comme dégradant, “qui n’exige aucune qualification”. Un travail, quasiment exclusivement réservé aux femmes. Un travail dont personne ne rêve, dont on ignore la pénibilité.

Dans ce documentaire choral, réalisé par les talentueuses Gaëlle Hardy et Agnès Lejeune, huit femmes nous racontent les raisons qui les ont amenées à se consacrer au travail ménager. “On ne rêve pas de devenir femme de ménage”, confie l’une d’entre elles. C’est la vie, les obstacles qui se trouvent sur notre route, qui nous amènent à faire des choix.

Beaucoup de gens pensent qu’on ne vaut rien, qu’on n’a pas fait d’études, qu’on est bonnes qu’à ça. Même moi, il m’a fallu des années avant d’oser dire que j’étais aide à domicile. Avant, je disais que je faisais du service à la personne. Jusqu’au jour où on m’a demandé si je me prostituais...


, explique l’une des femmes mises à l’honneur dans “Au bonheur des dames”. Il lui aura fallu 5 ans pour parvenir à faire taire les préjugés de la société et assumer enfin sa profession. “Oui, je fais des ménages chez les gens. Je gagne ma vie honnêtement. Je n’ai pas à être gênée.”

Ces femmes témoignent aussi du rapport qu’elles entretiennent avec leurs clients. Plus que des aides ménagères, elles endossent parfois (presque) un rôle d’assistantes sociales. Elles écoutent, sont une présence pour ces personnes seules qui attendent impatiemment leur venue. Elles s’installent dans les foyers, deviennent les piliers d’un cercle familial, parviennent à décrocher des sourires à celles et ceux qui ont touché le fond.

Pour d’autres, la relation avec le client n’est pas toujours rose. Ces aides-mégères racontent qu’elles ont parfois dû nettoyer des maisons dans lesquelles le sol jonchait d’excréments d’animaux parce que leurs propriétaires les laissaient faire leurs besoins à l’intérieur. D’autres ont carrément été victimes de harcèlement sexuel.

Il se masturbait devant moi.


, explique l’une d’entre elles. Une autre raconte que son client regardait systématiquement des films pornographiques en sa présence. “Au bonheur des dames” évoque aussi le rapport qu’ont ces femmes avec leurs employeurs, surtout dans ce genre de situation, où pour seules preuves, on dispose de la parole du client contre celle de l’employée. Elles évoquent leurs aspirations, leurs envies de changement, leur futur aussi.

La charge physique


 

Parce que, ce travail, elles ne pourront l’exercer que jusqu’à ce que leur corps le leur permette. Il y a les maux de dos, puis les opérations du canal carpien “à force de tordre les lavettes”, confie l’une d’entre elles. Les caméras de Gaëlle Hardy et Agnès Lejeune se posent sur leurs postures, s’infiltrent dans leur quotidien, comme en immersion.

Cette enquête, qui aura duré près d’un an et demi, nous montre aussi que la législation du travail n’est pas toujours respectée dans ce secteur. Outre le peu de valorisation que la société leur accorde, ces femmes doivent aussi composer avec la précarité de leur emploi. Parce qu’elles doivent travailler pour vivre, elles ne peuvent pas se permettre, prendre leur temps de manifester pour un meilleur financement du secteur.

En une heure de temps, on découvre des femmes, issues d’origines sociales différentes, aux qualifications diverses, qui contribuent à changer notre perception sur l’activité qu’elles exercent, bien plus complexe qu’on ne pourrait l’imaginer.

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Au bonheur des dames, par Gaëlle Hardy et Agnès Lejeune (Le Parc Distribution). En salles à partir du 24 octobre.

Plus d’infos sur les séances ici.

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