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Styleto, rédac’ chef exceptionnelle de Flair: ““J’ai longtemps eu honte de ma sensibilité””

Styleto, c’est la girl next door qu’on aimerait toutes avoir dans notre bande de copines. Si vous la suivez depuis ses débuts sur les réseaux sociaux, vous avez d’ailleurs peut-être l’impression qu’elle en fait partie. Car, que ce soit dans les vidéos qu’elle poste en ligne ou aujourd’hui dans ses chansons, Laure, de son vrai nom, nous donne le sentiment d’avoir les mêmes préoccupations que nous: l’amour, l’amitié, la question de la maternité, les inégalités, l’écologie,…..

Assises en tailleur dans cette chambre d’hôtel, on aurait pu ne jamais interrompre notre longue conversation avec cette artiste, icône de sa génération, à qui l’on a confié les manettes d’un numéro, tant elle incarne toutes les valeurs de Flair.

Vous chantez Faut que tu m’aimes. Les réseaux sociaux sont arrivés dans votre vie parce que vous cherchiez à tout prix l’approbation des autres?

« Ce besoin d’être validée par les autres a toujours été là. Petite, je voulais toujours prouver à mes parents – qui n’avaient rien demandé – que je travaillais bien à l’école, que je ne faisais pas de bêtises par rapport à mon frère ou ma soeur. Ça s’est intensifié à l’adolescence, naturellement, mais je n’ai pas débuté mon activité sur les réseaux sociaux dans le but d’avoir des likes. Je voulais juste imiter EnjoyPhoenix (rires). Je voulais divertir, partager mes coups de coeur. J’étais dans les premières à me lancer il y a 11 ans. Ce n’est que quand les choses ont commencé à prendre de l’ampleur que je me suis mise à accorder une réelle importance à ce que je lisais dans les commentaires. Si on me disait que j’étais belle, je me sentais trop fraîche et, à l’inverse, si une de mes publications ne marchait pas, je me sentais nulle. Je n’avais pas le recul nécessaire, je n’étais pas capable de me dire: ‘Ce n’est pas parce que les gens ne commentent pas ton post qu’ils ne l’aiment pas.’ Et, quand bien même, si les gens n’aiment pas ce que je poste, c’est ok et je ne devrais pas autant me dévaloriser. »

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Vous avez ce recul aujourd’hui?

« J’y arrive de plus en plus, oui. Après, je ne vais pas vous mentir: si je poste une photo de moi que j’adore et que ça ne marche pas beaucoup, je risque d’être un peu déçue, mais je ne serais plus aussi dure envers moi-même. »

Que mettez-vous en place pour vous affranchir du regard des autres?

« Je n’ai pas la recette secrète mais je crois que, pour s’affranchir du regard des autres, il faut d’abord s’aimer soi-même. Alors, parfois, surtout quand ça va mal, je me regarde dans le miroir, je me dis que je suis belle. Je me parle comme je parlerais à une copine. »

Vous avez toujours chanté, mais avez commencé à faire de la musique il y a 3 ans seulement. Qu’est-ce qui vous a poussée à enfin oser vous lancer?

« Je n’osais pas me lancer car je suis très pudique. Chanter, c’est quelque chose de très intime. C’est ta voix que tu exposes, tu ne peux pas mentir. Et puis, je suis très dure avec moi-même. Je suis ma pire ennemie. Quand j’ai posté ma première cover sur les réseaux, j’avais tellement la trouille, mais les gens ont été hyper accueillants. Leur enthousiasme m’a poussée à aller plus loin. »

(c) elviephotography

Sur ce titre, Faut que tu m’aimes, vous évoquez aussi cette crainte que la notoriété vous change.

« J’ai peur de prendre la grosse tête, que personne n’ose me le dire. Je ne pense pas que ça pourrait arriver car j’ai un entourage hyper sain. Mes parents bossent dans les fenêtres, rien à voir avec le milieu artistique donc. J’ai terminé mes études de communication aussi. Donc, même si je vis des expériences un peu folles, j’ai l’impression d’être assez normale. En y réfléchissant, je crois vraiment que ma mère me le dirait si je prenais la grosse tête. Elle me traite déjà de snob quand je dis que Lyon, la ville d’où je suis originaire, c’est petit comparé à Paris où je vis aujourd’hui. »

Vous dites être une fille « dans la moyenne. » Mais, est-ce une tare?

« Pas du tout! Justement, j’ai écrit cette chanson, Dans la moyenne, parce que j’en avais marre d’entendre tous ces discours qui te poussent à être la meilleure version de toi-même. Évidemment qu’il faut se booster, mais c’est ok aussi de ne pas aimer se lever tôt, de ne pas faire de sport, de se sentir au fond du trou, de ne pas exceller dans tout. J’adore chanter, j’ai un grain de voix particulier, mais je ne pourrai jamais atteindre les notes de Beyoncé. »

Sur Amour cyclone, votre nouveau single, vous décrivez une relation amoureuse passionnelle qui détruit tout sur son passage. C’est du vécu?

« Oui. Avant de rencontrer Lucas, mon copain actuel, j’ai été avec quelqu’un que j’aimais tellement qu’il n’y avait plus de place pour le reste: les amis, la famille,… Dès qu’on me disait un truc négatif sur lui, je me fermais directement. Mais, attention, je ne le pointe pas du doigt. Ça venait aussi de moi, cette envie de n’être qu’avec lui tout le temps. Je ne sais pas si c’était une relation malsaine mais, en tout cas, quand on s’est séparés, j’ai constaté que je m’étais un peu coupée du reste du monde. J’ai l’impression que, quand une relation est trop intense, ça finit rarement bien. »

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Quelle est votre définition de l’amour sain?

« C’est Lucas. Franchement, j’ai beaucoup de chance, j’ai touché le jackpot. On était amis avant de se mettre ensemble, donc on se connaît hyper bien. C’est un peu bateau de dire ça, mais c’est mon amoureux et mon meilleur ami à la fois. Pour moi, l’amour sain, c’est quand tu peux être toi-même à 100 %. Je n’ai jamais honte de montrer mes émotions à Lucas. Avec tes amis, tu gardes toujours un petit jardin secret parce que tu ne veux pas assombrir l’image qu’ils ont de toi. »

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C’est quoi une Fille lacrymale, chanson qui donne son nom à votre album?

« Une fille qui pleure beaucoup, pas seulement parce qu’elle est triste. Une fille très émotive. J’ai mis du temps à accepter mon hypersensibilité. Quand on est petits, on nous demande tout le temps d’arrêter de pleurer. À l’école, si tu pleures dans la cour de récré, t’es foutue, c’est la honte. Je me souviens que, gamine, j’attendais d’être seule dans ma chambre pour enfin ouvrir les vannes et pleurer un bon coup. Aujourd’hui, je n’ai plus honte de mes émotions, j’en rigole même. Quand je suis au ciné avec des potes, on se moque toujours gentiment de moi qui suis la seule de la rangée à pleurer. »

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De quelle façon votre sensibilité vous aide-t-elle au quotidien?

« Elle m’aide à être la plus authentique possible. Je ne sais pas pleurer sur commande. J’aime que mes larmes trahissent mes émotions. Car, la sincérité, c’est ce que je recherche par-dessus tout. »

Parle-moi est une chanson sur ces émotions qu’on garde pour soi et qui nous dévorent de l’intérieur. Vous êtes un livre ouvert?

« Pas du tout. J’ai grandi au sein d’une famille assez pudique. On ne se disait pas ‘Je t’aime.’ Aujourd’hui encore, je peux être en boucle sur un sujet pas important, faire une montagne de trucs futiles et garder pour moi ce qui m’angoisse réellement. J’ai 27 ans et je bosse encore là-dessus. Mon copain essaie de m’aider car il capte direct quand je suis stressée. »

Vous renvoyez l’image d’une fille solaire. Optimiste, vous l’êtes?

« Il m’arrive de râler comme tout le monde, mais j’ai une règle: j’ai 5 minutes pour bouder, dire à voix haute tout ce qui m’énerve –  du truc le plus intense à la moindre petite bêtise – et après, je m’oblige à repartir. Les gens disent de moi que je suis positive, optimiste alors que, parfois, moi, j’ai l’impression de ne pas l’être. Je crois que c’est dû au fait que je vis tout très intensément et que donc, quand je suis triste, j’ai l’impression que ça prend des proportions immenses, alors qu’en vrai, ça ne dure jamais très longtemps. »

(c) elviephotography

Vous chantez en duo avec Louane sur Ok très bien. C’est une copine?

« Oui. Au début, j’étais fan d’elle. Je me souviens de l’avoir attendue après l’un de ses concerts à Lyon pour prendre un selfie. Je voulais faire genre que c’était ma copine et j’avais publié la photo sur Twitter en écrivant en légende: ‘Un sucre cette nana.’ En plus, je m’étais retouchée le nez parce que je me trouvais trop moche à côté d’elle. Résultat: je ressemble à Michael Jackson sur cette photo (rires). Je lui ai rappelé cette anecdote quand on s’est recroisées à des événements plus tard. Ça a tout de suite matché entre nous. Elle a joué ce rôle de mentor pour moi. Elle est dans le milieu depuis 10 ans et j’adore cette proximité qu’elle a avec son public. Elle m’a donné plein de conseils, elle m’a poussée à être fière de moi, à ne pas douter. En discutant, on a réalisé qu’on avait toutes les 2 vécu une histoire d’amitié qui s’était mal terminée. J’ai écrit un texte sur le sujet, elle l’a retravaillé avec moi. Et, quand je bossais sur l’album et que j’ai réécouté ce son, je me suis rendue compte que c’était une conversation et qu’il fallait qu’elle pose sa voix dessus. »

Ce thème de la rupture amicale revient à 2 reprises sur votre album. C’est plus rare de parler de se séparer d’un·e copain·ine que d’un·e amoureux·se, non?!

« Je n’ai pas vécu de rupture amoureuse dévastatrice, mais j’ai perdu une copine. En amitié, on ne parle pas de séparation, on s’éloigne, on se retrouve, mais on remarque qu’on fait semblant, qu’on communique mal, qu’il y a beaucoup de non-dits, que tout le monde souffre en fait. On n’est plus d’accord, mais on ne se dit pas comme on le fait en amour: ‘Ok, on arrête d’être amies.’ Ça n’en est pas moins douloureux. Quand une personne occupait une place importante dans ta vie et qu’elle disparaît, elle laisse un vide immense. »

Vous chantez aussi le deuil, Seule. C’était le titre le plus compliqué à écrire?

« J’ai perdu une personne très chère à mon coeur. Le premier couplet est autobiographique et puis, je généralise. Car, si j’adore aller dans le perso sur certains morceaux, là, je n’en étais pas capable. Et puis, en ne rentrant pas dans les détails de mon propre deuil, je permets aux gens qui écouteront cette chanson de se projeter. »

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Comment gérez-vous la solitude?

« En tournée, j’ai découvert ce syndrome de la chambre d’hôtel dont tous les artistes parlent. Toute la journée, on te parle, tout tourne autour de toi, tu reçois cet énorme shoot d’amour du public, puis, le calme plat. C’est un vrai truc. Tu remets tout en question, tu te dis que c’est pas normal de vivre ça. Je suis trop heureuse de faire des concerts, mais j’avoue que j’ai parfois un peu le FOMO quand je vois mes potes faire des trucs sans moi. Paradoxalement, j’adore être seule chez moi, dans le silence. De l’extérieur, je peux avoir l’air un peu glauque, mais le bruit m’angoisse. Mon copain, le matin, il écoute les infos sur son téléphone comme un daron et je déteste ça (rires). Après, je serais pas capable d’aller au resto, au ciné ou de voyager seule. »

Vous évoquez ces résolutions que vous ne tenez jamais. Quelles sont celles que vous vous êtes fixées pour 2025?

« Pour la première fois, je ne m’en suis fixée aucune. Franchement, chaque année, quand le mois de décembre arrive et que je vois que je n’ai tenu aucune de mes bonnes résolutions, ça me déprime, je suis déçue de moi-même, je me dis que je ne suis qu’une merde. Donc, en 2025, je m’évite ça… ou alors je me fixe des petits objectifs très faciles à atteindre. »

Fille lacrymale, de Styleto, est disponible partout. L’artiste sera en concert aux Solidarités (Namur) le 24/8 et en concert à l’OM (Liège) le 7/11. Infos: lessolidarites.be et omconcerts.be

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