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J’adore ““La Boum”” et ““Mon Père ce Héros””, mais une question m’obsède

Kathleen Wuyard

À chacun·e sa madeleine, et pour ma part, il suffit que retentissent les premières notes de la bande-son de “La Boum” (ou d’entendre la voix sucrée de Marie Gillain sur celle de “Mon Père ce Héros”) pour me replonger en enfance. Sauf qu’adulte, si j’aime toujours autant ces deux classiques –oui– du cinéma français des 80s, une question m’obsède à chaque visionnage.


Je sais, je sais. Faire une lecture d’un objet culturel par le prisme d’une autre époque = le pire. Sauf qu’ici il ne s’agit pas de juger mais bien de poser une question sincère: c’était quoi le délire avec les rapports père-fille à l’époque? Petit rappel pour celles et ceux qui n’auraient pas (encore?) eu la chance de voir “La Boum” ou “Mon Père ce Héros”, ces deux comédies acidulées sur fond de synthés sautillants se focalisent, d’un côté sur Victoire Berreton, interprétée par une Sophie Marceau sublime malgré ou plutôt grâce à la coupe au bol, et Véronique Arnel alias Marie Gillain, iconique avec son chouchou et ses tenues de plage superbement ringardes.

Elles sont adolescentes, un peu paumées, amoureuses, “attachiantes” diraient même les adeptes des mots valises, et puis il y a leurs pères, donc. Celui de Vic, François Beretton, interprété avec toute la gouaille franchouillarde de Claude Brasseur, qui incarne ici un dentiste parisien à la notion fluide de la fidélité mais néanmoins très attaché à sa famille et à sa fille, qu’il ne comprend pas toujours. Celui de Véronique, André, Gérard Depardieu dans ses derniers instants de gloire, séparé de la mère de sa fille dont il n’a pas la garde mais qu’il emmène passer les fêtes avec lui sur l’île Maurice. Jusque là, rien d’anachronique mais plutôt une illustration relativement réussie (et intemporelle) de la relation père-fille dans toute sa complexité à l’adolescence.

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Leurs pères ces héros?


Plot twist? Tant dans “La Boum” que dans “Mon Père ce Héros”, nos protagonistes adolescentes décident de prétendre sortir avec leurs pères respectifs. En le faisant passer pour son compagnon pour se “rendre intéressante” auprès de son crush dans le cas de Véronique, Victoire Beretton allant plus loin et n’hésitant pas à embrasser le sien sur la bouche pour rendre son ex jaloux à la Main Jaune. Et si la première fois que je les ai vus, enfant, j’étais plus préoccupée par ce qui m’apparaissait alors être le glamour inouï des héroïnes et leurs relations avec leurs amoureux respectifs, des années plus tard, ce choix scénaristique m’obsède.

Parce que non, en grandissant, non seulement personne ne m’a jamais mis un casque dans lequel jouait “Reality” sur les oreilles lors d’une boum (drame) mais surtout, à aucun moment je n’ai prétendu sortir avec mon père pour attirer l’attention d’un garçon. Déjà, parce que je doute sincèrement des éventuels effets productifs de cette tactique, ensuite parce que coucou papa si tu me lis, mais la simple pensée d’imiter Victoire Beretton et de coller un smack à mon père en boîte fait monter dans ma bouche un torrent de bile. Non pas qu’il souffre d’halitose, le pauvre, mais juste: ew.

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Je ne lui en ai jamais parlé, mais je pourrais jurer par ailleurs que ma mère, pourtant contemporaine de Sophie Marceau, n’a elle-même jamais non plus embrassé son père pour attirer le mien dans ses filets. Difficile de déterminer donc si c’est générationnel ou s’il s’agit simplement un dernier relent malvenu de la libération sexuelle débridée en France, dont les remous se sont fait ressentir longtemps encore après mai 68. Un écho du passé familial des scénaristes de “La Boum” et “Mon Père ce Héros”, peut-être? Qui sait.

Ce qui ne répond pas à ma question, donc, ni à la vôtre si vous aussi vous vous la posiez. Vous m’en voyez navrée.

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