Hier soir, on a eu la chance d’assister au concert du grand Alain Souchon à Forest National. Un spectacle au moins aussi doux qu’une madeleine de Proust.
“Allo, maman Bobo”. À peine les premiers accords résonnent-ils dans la mythique salle de Forest National que nos poils se hérissent pour ne plus jamais rejoindre se calmer. Il est 20h30 et le public est impatient de vivre ce moment: dans la salle, il y a beaucoup d’âmes fifties, beaucoup, et puis des plus jeunes, comme moi, venus apprécier ce petit plaisir régressif, qui nous rappelle les vacances d’antan avec papa et maman. Ce soir, Alain Souchon propose un délicieux cocktail de chansons flambant neuves — comme le si joli « Presque », composé par ses deux fils, qu’il interprétera ce soir en compagnie de Pierre Souchon) — et de ses plus beaux succès, comme « La Baiser » — repris par une foule amoureuse, puisque “le vent de Belgique emportait de la musique”. Alain semble aussi content d’être là que nous, il gigote dans tous les sens, frétille, danse, s’agite, se remue, se trémousse et remplace les écrans géants par ses jambes vertigineuses et ses bras qui n’en finissent pas de gesticuler tel un élégant pantin désarticulé. 75 ans et l’énergie d’un gamin de 11 ans!
Alain, le poète
Puis, à côté d’Alain le chanteur, l’interprète, le musicien et le danseur, il y a aussi Alain le poète, qui, entre ses morceaux, se lance dans des longs monologues drôles, pertinents, intelligents, sur les années 50, ses balades en forêt et ces « tout petits hélicoptères qu’on appelait des libellules. « Tout a disparu » lance-t-il de la voix mélancolique de celui qui a l’expérience de la vie. Il revient aussi sur le stress qui ronge notre société, et sur les remèdes qu’on y trouve, comme… manger des gâteau. « On est foutu, on mange trop ! » chante-t-il. Parce que derrière une prétendue légèreté, Alain décrypte avec finesse notre monde, notamment avec son titre « Ici et là » qui parle du fossé entre Paris et la Banlieue, « Putain , ça penche », où il évoque la surconsommation.
Quand il est finalement temps pour Souchon de reprendre la route, le public bruxellois ne l’entend pas de cette oreille. Généreux, l’artiste nous offre une ribambelle de rappels, dont une merveilleuse version acoustique de « La vie ne vaut rien », avant de tirer sa révérence en nous déposant un autre « Baiser ». Si la vie est un film de rien, le passage de hier soir était vraiment bien.
Après un concert à Forest National en janvier et au WEX à Marche-en-Famenne en mai, ALAIN SOUCHON sera de retour en Belgique le 24 novembre 2020 pour un concert supplémentaire à Forest National !