La plus attachante des chanteuses belges est de retour avec un nouvel album entièrement en français et intitulé très sobrement, Alice. Elle s’est prêtée pour nous au jeu de l’interview self-love.
Vous êtes de retour avec un nouvel album qui, pour la première fois, est entièrement en français, pourquoi ce choix?
« Ce choix s’est imposé de lui-même. Au départ, je pensais faire un mélange d’anglais et de français, et puis j’ai commencé une petite tournée où j’ai testé une chanson en français qui s’appelait Miroir, miroir et j’ai reçu des retours de gens qui disaient que cette chanson leur parlait, qu’ils ressentaient des choses similaires… J’ai trouvé ça
touchant et encourageant. J’ai continué à écrire, et au fur et à mesure, j’ai retiré l’anglais pour ne garder plus que des chansons en français. »
Un de vos titres s’appelle 15 ans, c’est un âge qui vous a marquée?
« Cette chanson est née au Canada. J’ai participé à un genre de camp d’écriture où on m’a tiré des cartes. Dans les cartes, il y avait le mot angoisse et une assiette. Ça m’a débloquée. Cette chanson est un témoignage de mes 15 ans qui ont été difficiles et tumultueux. J’ai eu envie de mettre des mots sur les troubles alimentaires dont j’ai souffert. Il y a une phrase très importante qui dit: j’espère que ça ira mieux dans 10 ans’. C’est un cercle vicieux, et quand on le vit dans l’instant présent, on a l’impression que ça ne s’arrêtera jamais. Heureusement, je m’en suis sortie, mais je pense qu’il y a plus de gens qu’on ne le pense qui traversent des moments comme ça. »
Avez-vous confiance en vous?
« Non, mais je fais semblant, et en fait, ça marche. (rires) J’ai toujours le trac avant de monter sur scène. Souvent, je me demande pourquoi je m’impose ça? Je préférerais être dans mon fauteuil et que personne ne me regarde, mais en même temps, quand je suis sur scène, je suis très heureuse. Pour moi, avoir confiance en soi, c’est accepter qu’on n’est pas parfait. Quand je vois des gens qui défendent le fait d’être normal, avec des imperfections, ça me touche. »
Est-ce que vous avez des complexes?
« J’aime bien mon côté maladroit, je ne suis pas mannequin, je vis à la campagne… Je crois que je représente quelque chose d’un peu brut, un peu simple. J’essaye d’accepter mes complexes grâce à l’écriture et à la scène. Ça, c’est quand même très puissant. Quand on reçoit des compliments et des applaudissements, forcément, ça booste un peu la confiance. »
Et à l’inverse, c’est difficile de faire face aux critiques?
« C’est toujours difficile de lire des choses négatives et de ne pas en tenir compte. Il y a de la critique objective et de la critique gratuite méchante. C’est
difficile de passer au-dessus. C’est un exercice de dissociation. Parfois, Jean-Marc, Dominique ou Isabelle vont critiquer mes cheveux, mon look ou ce que je dis. Quand on fait un métier public, forcément, ça ne va pas plaire à tout le monde. Et puis, il faut aussi se dire que dans un métier d’artiste, on ne montre qu’une partie de soi. Il y a Alice la chanteuse et Alice à la maison. »
Ce sont 2 personnes différentes?
« Oui et non. J’essaie d’une certaine manière que cette frontière soit la plus fine possible. Avec cet album, j’ai eu envie d’être la plus authentique, la plus sincère possible. C’est pour ça aussi que je l’ai appelé Alice. J’ai envie de représenter quelque chose de simple, qui me ressemble. »
La chanson Comme je t’ai aimé parle d’un ex qui s’est recasé?
« Absolument, c’est une très belle lecture du texte. Quand on écrit des chansons, ce qu’on vit, c’est notre matière première. Et c’est bien plus facile de parler de quelque chose qu’on ressent, d’un vrai sentiment ou d’une expérience. Cette chanson parle de la nouvelle vie de quelqu’un qui a vraiment compté. Ce n’est pas agréable comme sentiment, mais ça fait partie de l’expérience humaine. »
Qu’est-ce qui fait une bonne chanson?
« Pour moi, le plus beau compliment qu’on puisse faire à une de mes chansons, c’est qu’on me dise qu’on se retrouve dans le texte. Ça part de quelque chose de personnel, mais chacun l’entend comme il le veut. »
Cet album est une vraie mise à nu?
« Oui, tout à fait. Parfois, quand je suis amenée comme aujourd’hui à parler de mes chansons, je me dis que j’ai quand même confié beaucoup de choses. Par exemple, ma famille était très surprise que je parle de mes troubles alimentaires. Mais si je veux me montrer telle que je suis, je dois le faire à fond. Dans le clip de cette chanson, je déchire littéralement des vêtements, c’est vraiment une mise à nu. Il y a 5 ans, je n’aurais jamais fait un clip comme ça. J’ai souffert plus jeune de ne pas ressembler aux stéréotypes de beauté. Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de représentation, je trouve qu’on s’est vachement décomplexé, et j’en suis ravie. »
On vous a connue toute jeune dans The Voice Belgique. On sent dans cet album une forme de maturité. Quelque chose a-t-il changé dans votre vie ou est-ce le fait de s’accepter et d’avoir un peu plus d’expérience dans le métier?
« C’est un peu tout ça. C’est aussi beaucoup de rencontres. Avec l’âge, on attire des gens qui nous ressemblent. Ce qui m’a aussi vraiment décomplexée, c’est la manière d’appréhender ce métier. J’ai rejoint une maison de ceci, trop cela. Je pense à elle tous les jours dans ce sens-là. Quelle chance on a d’être en forme, on marche, on respire… Il faut en prendre conscience. »
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier d’artiste?
« J’aime les rapports concrets avec les gens. Mon moment préféré, c’est quand je vais rencontrer le public après un concert, je reste des heures. J’aime les échanges que j’ai avec des personnes qui me disent parfois qu’une chanson peut faire partie de leur vie et peut parfois même les aider d’une manière ou d’une autre. »
Il y a une chanson en particulier?
« La chanson Malade, écrite avec Vianney, a parlé à beaucoup de gens qui ont mené un combat contre la maladie et qui me disaient que cette chanson leur donnait la pêche. Mais je ne l’ai pas écrite dans ce sens-là. Moi, je pensais au fait de ne pas rentrer dans la case de la normalité. Les gens ont leur propre lecture, c’est magique. »
Sur cet album, vous avez un duo avec Catherine Ringer, comment ça s’est fait?
« J’avais envie d’une chanson qui avait pour thème mère-fille. J’aurais bien aimé le faire avec ma mère mais elle ne chante pas du tout. Je me suis demandé qui pourrait être ma mère fictive et j’ai pensé à Catherine Ringer. On a enregistré la chanson ensemble, c’était un des plus chouettes moments de l’album. J’admire cette femme pour 1000 raisons, mais surtout car je trouve qu’elle mène sa vie à sa façon. C’est quelqu’un qui ne se conforme jamais aux règles. Elle m’inspire beaucoup. »
Quand vous avez un jour « sans », qu’est-ce qui vous remet d’aplomb?
« Je range, je fais du tri, j’aime bien commencer ma journée comme ça. Sinon, aller marcher, ou même juste prendre l’air 10 minutes. »
Son album Alice sera disponible dès le 14 novembre.
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