Nous avons rencontré Ophélia Kolb lors de la 64e édition du Festival de Télévision de Monte-Carlo. La co-star de Julien Doré dans “Panda” s’est soumise pour nous à l’exercice de l’interview self-love.
Avez-vous confiance en vous?
« Pas du tout (rires). C’est tellement dur d’avoir confiance en soi. Je crois que les seules fois où je me suis sentie réellement sûre de moi, c’était lors des veilles d’examens, quand j’étais plus jeune et que je savais que j’avais vraiment bien préparé mon sujet. Récemment, j’ai vu une vidéo dans laquelle une jeune femme expliquait que, pour se donner de la force à chaque fois qu’elle manquait de confiance en elle, elle imaginait son entourage le plus proche autour d’elle en train de l’encourager. Plus facile à dire qu’à faire, mais peut-être que je devrais essayer de mettre cet exercice en pratique. »
Quel impact votre métier d’actrice a-t-il eu sur votre confiance en vous?
« Les métiers artistiques ont un impact très fort sur la confiance en soi. Car notre outil de travail, c’est nous-mêmes. Alors, un mot de travers, une critique négative et vous pouvez être à terre pendant des semaines. C’est facile de nous faire du mal, de nous détruire. Et, à l’inverse, la reconnaissance, l’amour des gens qui apprécient notre travail et qui prennent le temps de venir nous le dire, ça galvanise. Même si ça ne dure jamais que le temps d’un instant, c’est un sentiment très éphémère. »
Comment définiriez-vous votre rapport à l’image?
« Dans le cadre de mon métier, je suis souvent amenée à faire des séances photo pour les médias. Avant publication, je dois valider les photos qui ont été prises… et je me fais souvent gronder car, si ça ne tenait qu’à moi, je n’en validerais quasiment aucune (rires). J’ai un rapport à l’image compliqué, mais j’apprends à lâcher prise, à me dire que j’ai la tête que j’ai et que je dégage tout de même quelque chose qui me permet d’être choisie pour raconter des histoires sur scène ou à l’écran. Il faut se servir de son image, plutôt que d’essayer de lutter contre ce à quoi on ressemble. Nous sommes souvent plus durs avec nous-mêmes que le sont les autres. »
Arrivez-vous à vous regarder à l’écran?
« C’est très difficile de se regarder. On a tendance à ne voir que ce qu’on n’aime pas. À se comparer aux autres ou à la version de nous-mêmes d’il y a 10 ans. C’est très rare que je regarde mes propres films ou séries. Si je le fais, c’est uniquement parce que mes camarades de jeu, le réalisateur ou la réalisatrice, m’ont invitée à le faire. Et quand ça arrive, je me concentre uniquement sur la performance des autres. »
Avez-vous des complexes?
« Ah oui, plein! Mais lesquels vais-je oser vous avouer? (rires) Ce qui m’embête le plus, je dirais que c’est mon incapacité à dire ‘non’ et à poser des limites. Je suis Madame ‘Oui.’ »
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Y a-t-il eu un rôle, au cours de votre carrière, qui a boosté votre confiance en vous?
« Le rôle d’Ysabeau d’Arc dans La Petite Histoire de France. Ça fait 11 ans que je joue dans cette série dont on va tourner une nouvelle saison à la rentrée. Le temps passé à interpréter ce personnage me permet de me sentir légitime, à ma place. Les auteurs écrivent pour moi. C’est du sur-mesure. Je me sens chez moi dans cette bergerie. Après, bien sûr, même si c’est un rôle que je connais par cœur, il y a des jours plus difficiles. Parce que je n’arrive pas à trouver le bon ton, le bon rythme qui permettra au sketch d’être réellement rigolo. »
Le partenaire de jeu auquel, ou à laquelle, vous donnez la réplique peut-il vous déstabiliser?
« Parfois, oui. Je suis très fan de Charlotte Gainsbourg depuis que je suis toute petite. Il y a quelques années, Mikhaël Hers, qui est un réalisateur que je connais très bien puisque j’avais déjà travaillé avec lui (sur Amanda, ndlr), m’a proposé un petit rôle dans Les Passagers de la nuit… avec Charlotte Gainsbourg. J’étais extrêmement intimidée. J’ai vu tous ses films, je connais ses chansons par cœur, j’ai été à tous ses concerts. J’ai grandi avec elle. C’était assez inattendu parce que j’avais pourtant déjà tourné avec d’autres très grands comédiens, mais je me suis un peu comportée comme une fan. Le réalisateur n’arrêtait pas de me demander d’arrêter de sourire autant. J’ai été beaucoup coupée au montage parce que j’étais complètement éblouie par sa prestance. »
Quel est le conseil qu’on vous a donné au cours de votre carrière qui a eu le plus d’impact sur votre estime de vous-même?
“ C’était sur le film Ceux qui restent. C’était mon premier long-métrage et seulement mon deuxième tournage. Moi qui venais du théâtre, j’avais tendance à surjouer, à projeter. Anne Le Ny, la réalisatrice, n’arrêtait pas de me demander d’en faire moins. À tel point qu’à un moment donné, elle m’a dit: ‘Bon, arrête de jouer et contente-toi de réciter ton texte.’ Ça m’a libérée d’un truc. Puis, j’étais toute petite, toute jeune et pouvoir donner la réplique à Vincent Lindon et Emmanuelle Devos, ça avait un côté très enveloppant. »
Interpréter des personnages aux antipodes de celle que je suis me permet de me cacher »
En termes de confiance en soi, est-ce plus libérateur de jouer un personnage qui nous ressemble ou un rôle aux antipodes de ce que nous sommes?
« Je préfère jouer quelqu’un qui ne me ressemble pas. Ça me permet de me cacher un peu, d’oser plus. Quand je joue quelqu’un qui me ressemble, ce qui est rarement arrivé, c’est plus difficile de réciter des mots qui auraient pu être les miens. »
Y a-t-il eu un moment, au cours de votre parcours, qui a vraiment ébranlé votre amour-propre?
« Plein! Sans arrêt! Des castings ratés, des moments de doute, des découragements, des remises en question… Ça fait partie de mon quotidien. Si l’on ne me propose rien – ou, en tout cas, si je ne reçois pas de scénario qui me plaît – pendant plusieurs semaines, c’est la panique. Je me dis immédiatement qu’il faut que je me réoriente, que je reprenne des études. »
Pour faire quoi?
« Dans une autre vie, j’aurais adoré étudier les fonds marins. Mais malheureusement, je ne peux pas plonger car j’ai des soucis d’oreille. Enfant, j’étais fan du commandant Cousteau. J’ai eu la chance de le croiser et de prendre une photo de lui. C’est d’ailleurs un cliché collector car j’étais toute petite et on ne voit que ses cloisons nasales (rires). Je rêvais de monter avec lui à bord du Calypso. »
Est-ce qu’à l’inverse, il y a eu des projets qui vous ont fait réaliser que vous ne voudriez, pour rien au monde, arrêter de jouer la comédie?
« C’est un métier tellement insécure. Je ne peux pas me dire que je serai actrice toute ma vie. Parfois, tu te dis que t’as réussi, puis non, on ne te propose plus rien. Il y a des actrices que tu en as marre de voir tout le temps à l’écran et puis que tu arrêtes de voir du jour au lendemain. Donc, je ne me repose jamais sur mes acquis. Je me concentre sur l’instant présent. Je suis heureuse d’avoir du travail, et si un jour je dois arrêter de jouer la comédie, je sais que je le serai aussi. Ce n’est pas grave, je rebondirai: il y a tant de choses que j’aime dans la vie. »
En devenant maman, je me suis créé une armure qui me protège afin que je sois capable de prendre soin de ma fille »
Vous êtes maman d’une petite fille. De quelle façon la maternité vous-a-t-elle changée?
« J’ai réalisé qu’il fallait que j’aille bien, que je montre l’exemple. Soudainement, c’est comme si je n’étais plus autorisée à tomber malade, à mourir un jour, parce que j’étais devenue responsable d’un petit être. Je me suis construite une armure invisible, un bouclier, pour me protéger afin que je puisse prendre soin d’elle. »
Qu’est-ce qui vous aide à retrouver confiance lors d’un jour ‘sans’?
“ Le sport. N’importe lequel. Se défouler, se décharger quelque part. »
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